Faut-il interdire le NPD ?

Cette semaine, la Cour Constitutionnelle tranchera sur l’interdiction du parti ultra-droite NPD que certains considèrent comme un parti néonazi. Mais est-ce qu’une interdiction peut éradiquer le phénomène du néonazisme ?

Est-ce que la Cour Constitutionnelle allemande interdira le NPD cette semaine ? Foto: Wikimedia Commons / PD

(KL) – Mardi, la Cour Constitutionnelle à Karlsruhe aura une décision difficile à prendre. Elle devra se prononcer sur l’interdiction du NPD, ce petit parti que de nombreux observateurs qualifient de « néonazi ». Si le bon sens voudrait qu’on interdise ce genre de groupuscule qui opère encore à droite des populistes de l’AfD, une interdiction pourrait facilement avoir l’effet contraire de celui souhaité.

Quand on pense à une possible interdiction du NPD, on pense logiquement à toutes les victimes de la violence de l’extrême-droite xénophobe, les plus de 1000 attaques sur des structures d’accueil de réfugiés l’année dernière, à ce climat décomplexé qui ressemble de plus en plus à une chasse aux sorcières. Mais malheureusement, une interdiction d’un parti insignifiant comme le NPD, ne pourra pas éradiquer les idées néonazies qui se répandent à nouveau en Allemagne, mais au contraire, la stigmatisation d’un tel parti, ne ferait que renforcer ce parti qui trouverait rapidement une autre forme d’organisation.

Le problème, ce n’est pas le NPD qui est représenté dans des assemblée communales dans 14 des 15 Länder allemands, totalisant 360 élus au niveau communal où ses élus passent leur temps à critiquer « ceux d’en haut » en défendant, sans succès, des idées xénophobes. Entre 2006 et 2016, le NPD disposait de 5 élus dans la diète régionale du Mecklenburg-Vorpommern (6,0% lors des élections en 2011) – en 2016, le NPD perdait la moitié de ses électeurs à l’AfD et devait quitter le Landtag. Le problème sont les idées du NPD qui elles, sont autant portées par l’AfD que la « Pegida » et d’autres groupes et groupuscules qui se verraient confortés dans leur attitude vis-à-vis de l’état en cas d’interdiction du NPD.

Ce ne sont pas les structures de l’extrême-droite et des néonazis qu’il convient de combattre, mais leurs idées, leur incitation à la haine, leur action dans l’est de l’Allemagne, où cette extrême-droite recrute des jeunes en mal de vivre dans des régions économiquement sinistrées. Une interdiction du NPD n’aurait que deux conséquences – elle augmenterait encore plus l’électorat de l’AfD qui devient de plus en plus le creuset de tous ceux qui sont proches de ces idées xénophobes et « anti-tout ». D’autre part, une partie des adhérents du NPD rejoindrait sans doute les différents groupuscules inofficieux qui rôdent dans l’est de l’Allemagne et qui sont responsables de nombreuses attaques violentes sur des personnes et des structures.

Il serait plus facile de combattre les idées du NPD en l’obligeant de se montrer au grand jour. « Victimiser » cette extrême-droite ne profiterait qu’à l’AfD – il serait grand temps que les autres partis se positionnent clairement contre toutes ces idées de haine, au lieu d’aller à la pêche aux votes dans le vivier de l’AfD. En essayant de se rapprocher des positions de l’AfD, les partis traditionnels ne gagneront rien – ils ne renforceront que cet AfD qui lui, risque de créer la mauvaise surprise dans cette année électorale 2017.

Le verdict de la Cour Constitutionnelle est attendue mardi.

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