Felix Austria – avec un œil au beurre noir…

L’Autriche a résisté à la tentation populiste en élisant Alexander von der Bellen à la présidence autrichienne. Mais le danger de l’extrême-droite est loin d’être écarté.

Le nouveau président autrichien Alexander van der Bellen a une mission importante à accomplir. Foto: Manfred Werner/Tsui / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Ouf, dit l’Europe, l’Autriche a préféré l’ancien chef des Verts autrichiens Alexander van der Bellen au populiste Norbert Hofer à la présidence. Lors de ce troisième scrutin, le populiste Hofer n’avait pas séduit davantage ses compatriotes avec des positions xénophobes, agressives et nationalistes. Or, malgré le soulagement que l’Autriche ne confère pas sa présidence à un homme qui avait déclaré vouloir remettre la question du Tyrol de Sud italien sur l’agenda, le danger de l’extrême-droite reste réel en Autriche, comme dans d’autres pays. En 2019, l’Autriche élira un nouveau parlement et il sera difficile de tenir le FPÖ de Norbert Hofer à l’écart du pouvoir – avec 48,3% dimanche, Hofer pourra s’appuyer sur une base d’électeurs d’extrême-droite solide. A moins que…

… Alexander van der Bellen réussisse à faire du bon travail pendant ces deux ans avant les élections législatives. Deux ans pour faire baisser le néonationalisme autrichien, deux ans pour « vendre » à nouveau l’Europe aux Autrichiens, deux ans pour changer les mentalités vers plus d’ouverture, en particulier dans l’accueil des réfugiés, sujet qui avait polarisé l’opinion publique en Autriche. Et ce ne sera pas facile.

Le président autrichien a relativement peu d’occasions pour contribuer à la politique actuelle – ses pouvoirs se situent ailleurs. Par exemple, en cas de victoire, Norbert Hofer aurait pu dissoudre le parlement et appeler à des élections anticipées – mais si le président autrichien peut ainsi influencer largement la politique, il n’a que peu de plateformes pour briller dans la politique quotidienne. Et pourtant, une présidence forte, présente, avec des contours précis, c’est ce dont l’Autriche a besoin pour ne pas glisser vers l’extrême-droite en 2019 – il n’y a donc que peu de temps pour savourer cette victoire, il faut se mettre au travail.

51,7% des électeurs autrichiens ont donné leur voix à ce professeur de 72 ans, seule alternative à l’extrême-droite après que les candidats des deux partis au pouvoir, le SPÖ et le ÖVP, avaient été éliminés au premier tour de ces élections présidentielles. Ce qui prouve que la majorité des Autrichiens ne fait plus confiance en ses dirigeants, exactement comme en France ou, on le sait depuis hier soir aussi, en Italie. La crise politique en Autriche n’est que reportée jusqu’en 2019.

Aujourd’hui, la fête sera courte, la mission d’Alexander van der Bellen est importante. Tout comme celle des responsables politiques dans les pays qui éliront leurs dirigeants en 2017, surtout en France et en Allemagne. Seule un projet européen fort, social, juste et attractif pourra contrer les tendances extrémistes et nationalistes. Si la victoire d’Alexander van der Bellen est rassurante, la bataille contre la haine prônée par l’extrême-droite et pour un nouveau projet européen doit continuer. Plus que jamais.

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