Fessenheim – Bâle montre ce qu’il convient de faire

La mini-centrale nucléaire à Bâle sera démantelée - malgré le fait qu’elle ne produit de l’électricité que pour un chauffe-eau de cuisine…

Malgré les protestations de la population, politique et économie persistent dans l'erreur de poursuivre les programmes nucléaires. Foto: Haeferle / Wikimedia Commons / PD

(KL) – A Bâle-Ville, depuis 1959, se trouve une mini-centrale nucléaire. A vrai dire, il s’agit d’une mini-mini-centrale, construite à l’époque à l’Université de Bâle, pour des raisons scientifiques. La capacité maximale de cette mini-mini-centrale n’est que de 2 KW, ce qui suffit pour alimenter un chauffe-eau de cuisine ou un aspirateur de salon. Si cette mini-mini-centrale se trouve à l’arrêt depuis 2013, il faudra désormais la démanteler comme une grande – et on ne peut pas tout simplement la mettre à la poubelle. Le coût de l’opération s’élève à 10 millions d’euros – en France, on pourra désormais commencer à faire le calcul quant au coût du démantèlement du parc nucléaire qui attend le pays d’ici quelques années. Quelqu’un avait dit que le nucléaire serait la source d’énergie la moins onéreuse ?

La mini-mini-centrale bâloise avait fonctionné à l’uranium 235 utilisable pour construire des armes nucléaires. En 1959, les Etats-Unis avaient fourni cette matière qui maintenant, doit bien être stockée quelque part. Est-ce que les USA reprendront ces déchets nucléaires ? Faudra-t-il aménager un endroit de stockage en Suisse ? Et tout cela pour des quantités ridicules.

10 millions d’euros – on n’a pas trop envie de calculer le coût du démantèlement du parc nucléaire en France qui, comme en Allemagne, ne sera certainement pas assumé par EdF – qui se contente d’avoir réalisé des bénéfices énormes, sans jamais se soucier du coût du démantèlement de ces centrales. En Allemagne, les quatre grands groupes énergétiques ont, un peu tardivement, compris que le coût du démantèlement et du stockage des déchets nucléaires (qu’il faut stocker de manière sûre pour une période d’environ 25 000 ans…) serait pharaonique. Sympathiquement, ils ont proposé au gouvernement de céder, d’ici quelques années, les vieilles centrales au pays, pour un euro symbolique. Pour se défaire ainsi de l’obligation d’assumer ad eternam des frais que personne n’est en mesure d’estimer. Et qui rendent le nucléaire non seulement la technologie la moins sûre, mais aussi la plus chère que l’homme n’ait jamais inventé.

Le nucléaire ne sert qu’à une chose – remplir les poches des exploitants. Il faut cesser de raconter des mensonges aux populations. Aucune autre technologie énergétique ne génère des coûts plus importants, une fois la technologie devient obsolète ou inutilisable. La sortie du nucléaire n’est pas une lubie d’une poignée d’écolos allemands, mais une nécessité absolue à plusieurs niveaux – non seulement conviendrait-il de faire en sorte à ce que des catastrophes du genre Tchernobyl ou Fukushima ne puissent plus se produire, mais cette technologie hypothèque l’avenir des environs 125 000 générations qu’il faudra attendre avant que les déchets nucléaires ne cessent d’émettre des rayons mortels.

Le nucléaire aura été l’histoire d’une erreur humaine monumentale. Elle aura permis, le temps de trois générations, à quelques grandes entreprises de réaliser des bénéfices faramineux, en empoisonnant les terres et les mers pour une durée inimaginable par l’homme. Ou est-ce que vous aurez envie de déguster des champignons en provenance de la région de Tchernobyl ou de manger des crustacés pêchés devant les côtes japonaises ?

10 millions d’euros pour démanteler la mini-mini-centrale de Bâle – et si vous demandiez à Ségolène Royal qui estime que sa personne est indispensable pour opérer la transition énergétique en France, à combien s’élèvera le coût du démantèlement du parc nucléaire d’EdF ? Parmi tant d’autres sujets, le gouvernement sous la présidence de F. Hollande aura aussi loupé l’occasion de mettre un terme à la folie nucléaire. Mais ce n’est pas grave, ce ne seront que nos enfants et leurs descendants qui paieront l’ardoise…

3 Kommentare zu Fessenheim – Bâle montre ce qu’il convient de faire

  1. Petit complément : un réacteur nucléaire universitaire d’une puissance de 100kW a également fonctionné à Strasbourg (plus précisemment à Schiltigheim, qui jouxte Strasbourg) à partir de 1967. Son démantèlement a été réalisé de 2006 à 2008 et il a été déclassé en 2012, mais je n’ai aucune info sur le coût de cette opération.

  2. Merci pour cette information ! 2006 à 2008, deux ans pour démanteler un réacteur universitaire (comme celui, plus petit, à Bâle) – cela nous met déjà au parfum sur le projet du démantèlement de l’ensemble du parc nucléaire qui inévitablement, doit intervenir un jour. N’importe le coût – je prends les paris que ce coûts ne sera pas supporté par EdF…

  3. Yveline MOEGLEN // 9. Juni 2015 um 14:49 // Antworten

    Le nucléaire sert aussi à soigner … !!!
    Supprimer totalement le nucléaire serait une grave erreur …
    La transition énergétique ne peut pas s’opérer en quelques années … Les nouvelles énergies voient peu à peu le jour mais ne sont pas , elles non plus , totalement inoffensives …
    L’énergie n’est pas simplement un problème de consommation … mais elle est également un accord entre différents pays sous forme de contrats qui ne peuvent que peu à peu être modifiés… La réale politique est « une réalité »… !! Le bon sens est sa première qualité…

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