Festival AUGENBLICK : déjà fini !

Une très belle année pour le Festival de Ciné en langue allemande

Quelque part en Allemagne, la forêt, cinégénique et romanesque Foto: marc chaudeur/Eurojournalist/CC-BY-SA

(Marc Chaudeur) – Les deux semaines d’AUGENBLICK sont déjà finies ! Et on se dit qu’on est encore un peu moins bête qu’au matin  du 5 novembre 2019. Ce n’était pas une mince affaire, certes, et ces deux semaines de films de langue allemande, fictions et docus, de rencontres-débats distribuées dans toute l’Alsace et en Moselle se sont avérées richissimes, passionnantes et passionnées.

15 années que cela dure, et pourvu qué céla doure encore très longtemps ! Records battus cette années, et appelés à se dépasser sans cesse : en 2019, 63 000 entrées, 40 films projetés 1145 fois dans 40 salles, trois Prix décernés ! Les heureux lauréats (du moins, on espère qu’ils le sont) : pour celui du Jury Professionnel, le film germano-turc Oray. Celui du Public : l’excellent et très drôle 25 Kms/heure, de Markus Goller, un road movie qui réussit la synthèse de Don Quichotte et d’Easy Rider aux frontières du Land Nordrhein-Westfalen. Et le prix du Jeune Public… également 25 Kms/heure. Amplement méritée, cette double récompense.

On regrette un peu que cette année, la sélection (excellemment et minutieusement concoctée, au demeurant) se soit quelque peu resserrée sur l’Allemagne : nous n’avons guère eu droit à des films autrichiens ou suisses ou bien même, comme c’était le cas voici 2 ans, au film d’un réalisateur danois – qui certes, concernait l’histoire de prisonniers de guerre allemands au pays de la petite Sirène et du smørrebrød. Cette année, la Carte du tendre et celle du Tendron étaient tracées entre Flensburg et Regensburg ou à peu près.

Un diablotin me susurre à l’oreille : cette année, moins de films sinistres et pesants qu’en 2018, plus de pétillance… Il y avait notamment les grands films de Christian Petzold (Transit et ce travail admirable à partir du grand roman d‘Anna Seghers) et la présence passionnante du réalisateur au MAMCS (voir nos articles ici). Et une très belle réussite du film « historique »: Les Invisibles, avec cette fusion partielle très adroite et originale entre la voix off des personnages « réels » et leur incarnation fictionnelle. Le hilarant Vorwärts immer, de Franziska Meletzki, Barbara, de Christian Petzold, Rabbit à la Berlin, Le Vent de la Liberté et encore quelques autres s’inscrivaient dans le volant Trente ans après la chute du mur. Trente années diversement appréhendées…

Non sans rapport avec les œuvres petzoldiennes : le magnifique L’Oeuvre sans auteur (déjà admiré cependant en juin),de Henkel von Donnersmarck. Cette production s’inspire de la bio du peintre Gerhard Richter. Un très beau film, avec cette anamnèse du passé tragique de Gerhard : rendue possible par le maître modernissime du peintre à Düsseldorf, qui évoque pour lui le Cogito de Descartes, elle permet à Gerhard de retrouver son moi authentique par delà une oeuvre déjà constituée, mais insincère. Gerhard retrouve ainsi, par son activité même de peintre, les événements tragiques constitutifs de sa genèse artistique et de son existence même.

Et 9 mois plus tard, l’épouse de Gerhard « tombe » enceinte.

La mouture 2019 d’AUGENBLICK s’est achevée vendredi sur la projection musicale d’un film muet de 1929 : Les Hommes le dimanche (Menschen am Sonntag) de Robert Siodmak et Edgar Ulmer. Un chiasme ensoleillé entre les pins du Nikolassee, à Berlin, avec un scénario élastique à souhait et une très belle divagation amoureuse à quatre – ou plutôt à cinq. La musique jouée devant l’écran était superbement composée et possiblement autonome. Pauline Haas, jeune et grande harpiste maintenant fort connue, Thomas Bloch aux ondes Martenot et au cristal Baschet et François. Hagenmuller aux percus.

Je sais, j’ai oublié d’évoquer une foule de choses qui se sont passées entre le 5 et le 22 novembre. La mémoire est injuste.

Rendez-vous l’an prochain pour AUGENBLICK !

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