Festival MUSICA : l’Homme s’estompe, l’enfant s’avance

Des masques, beaucoup d’ordinateurs, des enfants

Partition pour cymbales et autres instruments, monastère bouddhiste Foto: Wellcome Collection Gallery/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Voilà que s’achève l’été des vieilles femmes, comme on dit en alsacien (il n’y avait guère d’Indiens en Alsace, jadis) et que va commencer l’automne strasbourgeois, le deuxième grand cadeau de Noël de l’année pour nous après les Bibliothèques Idéales. La 38ème édition du Festival MUSICA de musique contemporaine sera évidemment marquée par la présence fantomatique de la COVID-19, et de grandes lignes un peu paradoxales : des masques partout, beaucoup de musique électronique et peu de musique acoustique, et puis une vingtaine d’ateliers pour les enfants ! Moins humain en un sens, plus humain en un autre.

Quelle chance, les enfants ! Pas moins de vingt ateliers, aux sujets bien savoureux – dites, je peux y participer ? – comme les récents ou contemporains Hollinger, Jolivet et Takemitsu, et les plus anciens Bach, Debussy et Ligeti… Vite, les gnenfants, c’est à partir du 19 septembre ! Des enfants encore, plus ou moins grands, lors du concert qui réunira deux chorales scolaires, le soir du 19 septembre aussi, celles d’Offenburg et de Wissembourg/Weissebursch, au nom des relations transfrontalières qui semblent peser de quelque plomb dans l’aile ces derniers temps – par indifférence et par bêtise, comme d’hab’.

Les moments les plus marquants semblent plus faciles à repérer et à prévoir que lors de certaines des moutures précédentes. Ryoji Ikeda, le grand compositeur japonais, ouvrira la séance et marquera sans aucun doute le Festival 2020 de son sceau. Ce sera 100 Cymbals, qu’interpréteront les Percussions de Strasbourg, heureusement incontournables mais non inamovibles. On pourra rencontrer Ikeda le grand maître au fil du Festival, et entendre au moins une autre de ses œuvres.

Autre compositeur passionnant qui marquera MUSICA 2020 de son empreinte : le Danois Simon Steen-Andersen. Ce compositeur a entre autres pour caractéristique un rapport à la fois réflexif et candide aux grandes œuvres de ses prédécesseurs, notamment Beethoven, et fait de ce regard l’une des sources majeures de sa production. Au prix d’une certaine superficialité, du moins pour certaines de ses pièces ? ” Un siècle d’épigones “, comme le disait déjà Nietzsche ? Mais le fait même qu’il l’ait dit dans un siècle qui n’était pas le nôtre nous pousse à affiner ce genre de jugements lui-même peut-être – superficiel…

Et puis tous ces ensembles orchestraux plus ou moins connus, plus ou moins originaux, durant une quinzaine de jours : quel intense plaisir ! Un plaisir renouvelé depuis 1982, le temps des balades en bateau sur le Rhin et de tant de belles rencontres… Cette année d’ailleurs, on aura le plaisir de voir et surtout d’entendre Georges Aperghis, et on a failli avoir celui d’entendre le grand Alvin Lucier, sorte d’icône des années 1970, nous parler de sa musique. Mais il ne viendra pas. Nous pourrons cependant écouter l’une de ses œuvres.

Il faut insister encore et encore sur ce que MUSICA représente de plaisir pour les sens et pour l’intelligence ; un plaisir souvent tout simple, tissé d’humour, de complicité, de communion, de surprise et de lumière, et de bien d’autres événements réjouissants pour les oreilles, pour l’encéphale, pour les ventricules et pour les oreillettes, là, à gauche du plexus. Deux semaines de plaisir intense, oui. Que ceux qui couvent encore des préjugés contre la musique « contemporaine » (je sais maintenant que de telles personnes existent) y mettent le feu (à leurs préjugés, pas aux partitions) et viennent assister au moins à un concert.

Ils auront peut-être aussi la chance, quelque année, d’entendre à MUSICA l’adaptation musicale que Détlef Kieffer a composée de mon livre Le Valet Noir, paru en 2015…

MUSICA se déroule en plusieurs endroits de la Ville de Strasbourg
Du 17 septembre au 3 octobre
Programme et tickets à retirer au http://www.festivalmusica.fr/
Bureau : 7, Place Saint-Etienne, près de la Cathédrale .

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