Festival Strasbourg-Méditerranée

De la possibilité d’une Utopie et de son utilité.

Aucun changement dans l'Histoire de l'Humanité n'est partie d'autre chose que d'une utopie... Foto: Organisateurs du Festival

(Par Marc Chaudeur) – Alsaciens roses et Alsaciens bronzés doivent se parler, s’entendre, apprendre à tisser des liens solidaires et harmonieux (et faire des petits ensemble) : voilà, en très bref, le but de Strasbourg-Méditerranée.

Fondé en 1999, il y a 18 ans, le Festival en est à sa dixième édition. Chacune de ces éditions a mis en œuvre une thématique précise, à laquelle les très nombreuses et très riches tables rondes et manifestations poétiques, théâtrales et musicales essaient de donner corps : successivement Ecriture et Oralité, L’hospitalité, Nouvelles Identités, Tomber la frontière, Héritages, Exils, Métissages (que nous avions aidé à traiter, en 2013), et Rêver la ville.

Cette année, du 25 novembre, au 9 décembre, Myriam Chopin, la Présidente, et Salah Oudahar, le Directeur artistique, ont réussi à mobiliser et à lier plus de 50 manifestations très diverses incluant 40 structures et 37 lieux de diffusion(*). Tout cela sous le motto : Utopies. Un thème qui, de fait, synthétise les précédentes thématiques.

Il s’agit de l’Utopie qui permettrait de faire vivre ensemble réellement vieux-Alsaciens et Alsaciens récents de toutes origines; de faire coexister et peut-être s’interpénétrer les cultures diverses, de connaître celles des autres, mais aussi, de savoir transmettre la sienne propre.

Nous proposons et animerons une Conférence-Débat sur le thème : « Une Utopie mobilisatrice commune pour les Alsaciens », le 9 décembre. Citation d’une partie de la présentation : « A présent que l’Alsace a perdu son assise institutionnelle et pour une grande part ses traditions linguistiques, la nécessité de construire une ‘utopie alsacienne’, à laquelle participeraient anciens et nouveaux Alsaciens, est plus nécessaire que jamais pour que la société régionale puisse renforcer les facteurs de cohésion et de dynamisme. Un projet commun pour l’avenir de l’Alsace passe par la réflexion et le débat entre habitants de l’Alsace de tous horizons culturels. »

Mais avant de parvenir à formuler une telle utopie, il faut bien remarquer que l’intention même témoigne d’un échec : celui de la coexistence pacifiée de cultures différentes et, sur certains point importants, opposés. Echec du multikulti à la francfortoise, notamment, dans lequel la lutte d’influences a pris le pas d’un certain gauchisme éthéré.

Il nous faut aussi problématiser la notion même d’utopie (ce qui sera fait lors du débat, c’est promis) : une utopie nouvelle est-elle possible ? Est-elle seulement souhaitable ? Méfiance : les anciennes utopies (celles de More, de Campanella, de Bacon) sont des modèles de rêvasserie stratosphérique et ultra-autoritaires… Quelle a été leur utilité politique et sociale ? Bernique.

Bien entendu, lorsqu’aujourd’hui on parle « d’utopie », on entend surtout la puissance mobilisatrice qu’elle donne aux hommes – ce qu’Ernst Bloch, au début du XX° siècle, appelait « l’Esprit de l’Utopie » : celui qui animait Anabaptistes ou communistes des temps héroïques, par exemple. Cependant, une distinction désormais classique provenant du sociologue Max Weber parle « d’éthique de conviction » (j’y crois, donc je fais n’importe quoi pour y arriver) et « éthique de responsabilité » (j’y crois, donc je construis, sur le terrain, en utilisant les données objectives). Ne faut-il pas préférer la seconde, pour son utilité plus manifeste?

Enfin, est-il possible d’édifier et de formuler cette nouvelle utopie? Réponse le 9 décembre !

Au Centre Culturel Alsacien, 7 Boulevard de la Victoire à Strasbourg, 14h. Avec Pierre Greib, dirigeant de la CIMADE ; Joseph Spiegel, Maire de Kingersheim et acteur passionnant de la démocratie locale ; Jean-Marie Woehrling, Président de Culture et Bilinguisme, et Marc Chaudeur.

(*) Le programme de Strasméd est disponible sur: www.strasmed.com

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