FIFA : Le «Big Business» pourrit le football

Secoué par une série de scandales, la FIFA a «provisoirement» suspendu Franz Beckenbauer de toute activité dans le monde du football pour 90 jours.

Franz Beckenbauer, la "Lichtgestalt" du football allemand, a été suspendu par la FIFA. Foto: © Kai Littmann

(KL) – L’Allemagne est choquée. Franz Beckenbauer, la «Lichtgestalt» du football allemand, sorte d’instance morale du sport allemand, a été suspendu par la FIFA. La commission d’étique (si, si, cela existe à la FIFA, non pas l’éthique, mais la commission) a tranché. Mais cela ressemble au sacrifice d’un pion – le problème principal de la FIFA est l’omnipuissant Joseph Blatter. Mais le Suisse, malgré ses 78 ans, semble intouchable et il entend rempiler pour un nouveau mandat. Tant que c’est lui qui dirige la FIFA, on peut être certain que rien ne changera au niveau de la puissante fédération du football.

Et Franz Beckenbauer dans tout cela ? ´Pourquoi cette suspension ? Il paraît que la commission d’éthique ait voulu lui poser des questions. A partir de là, les versions divergent. Beckenbauer, lui, explique que ces questions lui avaient été soumises en «anglais juridique» et qu’il avait demandé s’il pouvait obtenir les questions en Allemand. Selon lui, sa demande serait restée sans réponse. La FIFA, elle, déclare n’avoir jamais reçu une telle demande de la part de Franz Beckenbauer.

De plus, Beckenbauer se dit surpris par la démarche, puisqu’il ne fait même pas partie du comité exécutif de la FIFA, l’instance qui vote l’attribution des grands tournois. Il a raison, mais en 2010, lorsque la scandaleuse attribution des Coupes du Monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar avait été votée, Beckenbauer faisait parfaitement partie du comité exécutif, ce qui rend ses déclarations pour le moins étrange.

Il paraît de plus en plus clairement que l’attribution des Coupes du Monde à la Russie et au Qatar se soit passée sur fond de corruption. Outre Sepp Blatter, le personnage clé de cette affaire est l’ancien chef de la fédération du Qatar, Mohamed Bin Hammam. Ce dernier, viré par la FIFA pour corruption, avait invité Beckenbauer et des partenaires d’affaires cinq mois après le vote pour une petite virée au Qatar. Difficile de croire qu’on n’y ait pas parlé affaires…

La FIFA doit en savoir beaucoup plus pour prononcer une telle sanction à l’encontre d’une telle personnalité du football international. Et la sanction est lourde : «Elle comprend l’interdiction de toute activité en rapport avec le football, y compris la visite de matchs de football, que ce soit sur invitation ou à titre privé», a expliqué le vice-président de la commission, l’Australien Alan Sullivan. Franz Beckenbauer interdit de stade comme un hooligan ayant lancé des fumigènes ?! Le dossier contre Beckenbauer doit peser lourd… «Nous devons partir du principe qu’il y ait eu infraction contre le règlement éthique», dit la FIFA. En tout cas, hier, Franz Beckenbauer a fini par déclarer qu’il allait répondre aux questions d’ici le 27 juin. En langue allemande.

Et Sepp Blatter dans tout cela ? Sa nouvelle candidature à la présidence de la FIFA n’a qu’une seule raison – éviter un changement de génération et de gouvernance à la tête de la FIFA. Une nouvelle présidence qui se pencherait sur tous les dossiers fumants des dernières années, pourrait conduire Sepp Blatter tout droit devant les tribunaux. Ce que bon nombre des membres du comité exécutif voudrait empêcher à tout prix – car ils sont tout autant concernés par ces scandales de corruption.

Le seul moyen pour rétablir la crédibilité de la FIFA serait le remplacement de toute l’équipe dirigeante de la FIFA et une enquête confiée à un organisme externe. Mais ça, Sepp Blatter saura le déjouer tant qu’il sera en vie. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume du football…

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