Finlande : Victoire des sociaux-démocrates

Le retour de la Social-démocratie ?

Juha Sipilä, le Premier ministre sortant. Exit aussi, sa politique anti-sociale... Foto: Ppntori /Wikimédia Commons/ CC-BY-SA 4.0Int

(Marc Chaudeur) – C’est la première fois depuis 2003 que le Parti social- démocrate remporte les élections législatives. Il pourra ainsi former le prochain gouvernement finlandais. Mais ses résultats ne lui permettent pas de gouverner seul : il l’a emporté de très peu devant les populistes eurosceptiques du Perussuomalaiset, les Vrais Finlandais… Comment comprendre ces résultats ?

Le parti social-démocrate (SDP), en effet, a compté 17,7 % des suffrages, contre 17,5 % pour les « Vrais Finlandais » (Perussuomalaiset), parti populiste d’extrême-droite. Le Parti du Centre (Kesk), conduit par le premier ministre Juhan Sipilä, n’arrive qu’en 4e position et a perdu un tiers de ses sièges à l’Eduskunta, le Parlement finlandais. Un résultat excellent pour le PS, comme on abrège le nom du parti d’extrême-droite (!). Mais un résultat mi figue, mi raisin pour les autres et pour la démocratie finlandaise…

Les précédentes législations avaient vu la victoire du Parti du centre ; mais celui-ci avait du se coaliser avec les partis de droite : le Parti de la coalition nationale (dans sa forme abrégée : Kok) et le PS d’extrême-droite.

Les résultats de dimanche sont un peu l’aboutissement d’une crise politique plus ou moins larvée : Sipilä a présenté sa démission début mars, parce qu’il n’avait pas réussi à mettre sur pied une privatisation du système de santé et des services sociaux… Sa démission avait été refusée par le président. Nous sommes persuadés qu’il s’agissait là d’une manœuvre sipiläienne causée par les sondages, qui montraient l’avance que prenait le Parti social-démocrate…

Les motivations sociales du vote social-démocrate, et d’ailleurs aussi du vote PS, semblent assez claires : la politique économique du Keks a perdu la popularité importante dont elle bénéficiait il y a 4 ans. Pour les électeurs finlandais, l’austérité a perdu de sa nécessité et de son urgence – en même temps que le chômage a baissé (environ 6 % aujourd’hui).

Les Finlandais ont besoin d’une avancée en sens inverse : d’une vraie avancée dans les acquis sociaux, et d’une conservation de ceux que le Keks n’a pas ratiboisés depuis 2015. Beaucoup de témoignages oraux indiquent qu’ils se préoccupent grandement de l’avenir de leurs enfants, et ils ne veulent pas voir les acquis sociaux réduits en lambeaux. Les coupes claires que Sipilä et son gouvernement ont opéré dans le domaine de l’Education ont certainement joué un rôle essentiel dans la baisse de popularité assez rapide du Keks.

Faut-il pour autant interpréter les résultats de dimanche comme une aspiration générale au retour de la Social-démocratie telle qu’elle a pu exister dans les années 1970 ? Sans doute pas : la minceur de la différence avec les voix du PS d’extrême-droite l’indiquent. Par ailleurs, le caractère identitaire de l’électorat est assez marqué. Dans le passé, la Social-démocratie a d’ailleurs joué un rôle moins important, en partie pour cette raison, qu’en Suède, en Norvège ou au Danemark.

En somme, l’aspiration à la protection sociale, mais aussi, à une représentation assez fortement communautaire de cette protection sont les véritables motivations et les caractères essentiels de ces résultats électoraux.

Espérons donc que le SDP saura jouer habilement pour s’installer réellement au pouvoir et acquérir à nouveau un pouvoir d’attraction suffisamment fort pour écarter le parti Perussuomalaiset, son dirigeant Jussi Hallah-aho et leurs velléités populistes et eurosceptiques ! Le bien-être des Finlandais est à ce prix.

 

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