FN et AKP – mêmes arguments…

Les partis autoritaires et leurs supporteurs tiennent tous le même discours, que ce soit en Turquie ou en France ou ailleurs. Etonnant.

Chaque pierre de ce mémorial devant le Reichstag à Berlin, représente un élu allemand tué par les nazis en 1933. Foto: Stéphane Magnenat / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Actuellement, ça chauffe dans les réseaux sociaux – le résultat du premier tour de l’élection présidentielle en France est en train de diviser le pays. Les supporteurs de l’extrême-droite jubilent, renforcés par l’attitude scandaleuse de l’extrême-gauche qui refuse de faire barrage aux néo-nationalistes et – surprise, ils utilisent les mêmes arguments que les supporteurs d’Erdogan après son référendum sur les changements de la constitution turque.

« Il faut respecter le vote démocratique du peuple », tel est l’argument des supporteurs de Marine Le Pen et, pour mémoire, c’est le même argument que celui prononcé par les supporteurs d’Erdogan, de ceux qui ont soutenu le vote pour le « Brexit » et – ceux qui avaient voté dans les années 30 pour Adolf Hitler en Allemagne. Et si une erreur historique, même portée par une grande partie de la population, resterait quand même une erreur historique ? Ou autrement demandé – est-ce qu’une erreur historique devient meilleure seulement parce qu’elle est soutenue par un certain pourcentage des électeurs et électrices ?

Bien sûr, la comparaison avec l’Allemagne nazie est facile, peut-être trop facile. Néanmoins, il convient de se souvenir que de nombreux régimes totalitaires et criminels sont arrivés au pouvoir par voie démocratique – les Trump, Erdogan, Berlusconi ou encore Hitler sont arrivés au pouvoir par le biais d’élections démocratiques. Ce qui prouve que les peuples, intoxiqués par des campagnes mensongères, peuvent se tromper.

Est-ce que le régime nazi était « bien » car arrivé au pouvoir démocratiquement ? Est-ce qu’un président Trump est « bien » parce qu’élu démocratiquement ? Est-ce que la transformation de la Turquie en un état totalitaire est « bien » parce qu’une courte majorité des gens a voté en faveur de ces changements ? Est-ce que l’attitude d’un Viktor Orban est « bien » parce que l’homme a été élu par la majorité des Hongrois ? Evidemment, non. Et pourtant, avec le même argument, les supporteurs du FN justifient leur choix totalement irrationnel entre ces deux tours.

Un moment donné, il faut arrêter. Et ce moment est arrivé. La France court le risque de tomber entre les mains d’une formation politique hautement dangereuse pour la France, pour l’Europe et pour la paix sur notre continent. L’argument que de nombreuses personnes se sont laissées berner par les slogans simplistes de cette populiste qui se voit déjà en « Jeanne d’Arc 2.0 », ne justifie en rien cette évolution. La France a un choix important à faire le 7 mai et là, il s’agira d’éviter une erreur historique. On s’en fiche que celui qui en profitera soit un personnage contesté, avec un passé politique tout sauf mirobolant, avec un entourage pour le moins douteux, avec un semblant de programme qui annonce une nouvelle scission de la France. Là, il s’agira d’empêcher une évolution qui a le potentiel de conduire la France et l’Europe vers une nouvelle catastrophe et ceux qui accepteraient cette catastrophe pour mieux se positionner pour les prochaines échéances électorales, se rendent coupables. Le fait que l’extrême-gauche ne puisse pas se décider de faire barrage à une formation qui prône un « fascisme des temps modernes », la disqualifie pour toute responsabilité politique.

Le message de contestation de l’establishment politique en France est clairement passé – aucun candidat issu d’un parti dit populaire n’a pu accéder au deuxième tour, le désaveu de la caste politique est total. Maintenant ce message de contestation passé, il convient de revenir à la vraie politique. Il s’agit maintenant d’empêcher que le plus beau pays du monde ne tombe entre les mains de ceux qui veulent transformer ce magnifique pays en un fief de la haine, de la violence, d’un « fascisme des temps modernes ». Merci de nous épargner cette catastrophe le 7 mai, chers amis français, l’Europe entière vous regarde et croise les doigts à ce que vous n’imitiez pas le 7 mai prochain, les électeurs turcs qui ont donné les pleins pouvoirs à leur propre bourreau. Pas plus tard qu’hier, Erdogan a fait arrêter encore une fois un millier d’opposants. C’est ça que vous voulez vivre à partir du 8 mai ?

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