Foire Européenne à Strasbourg : Emmanuel Macron, l’enchanteur

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(Par Alain Howiller) – Les Alsaciens ne changeront jamais : ils sont sensibles au discours, admiratifs devant ce (et ceux) que leur envoie la capitale et réceptifs à la calinothérapie ! Quand, en plus, l’envoyé de la capitale n’hésite pas à évoquer ses «racines» strasbourgeoises, les Alsaciens, qui veulent tellement que tout le monde les aime, sont comblés !… C’est dire qu’en inaugurant la 83ème Foire Européenne de Strasbourg (durée du 4 au 14 Septembre), Emmanuel Macron, jeune(37 ans !) ministre-star du gouvernement de Manuel Valls, a joué sur du velours surtout lorsqu’il a rappelé, au fil de cinq heures de séjour strasbourgeois, que, jeune élève de «l’Ecole Nationale d’Administration (ENA)», il a passé plusieurs mois dans la capitale alsacienne.

Ceux qui s’étaient déplacés pour assister à l’inauguration ont été séduits par un discours lisse, sans petite phrase, rappelant que lui aussi aime l’entreprise et qu’il fera tout (enfin ce qui lui sera possible), pour participer à la relance de l’économie française. Personne n’a osé relever le caractère équivoque du propos du Ministre rappelant : «J’ai fait le choix d’être avec les progressistes contre les conservateurs !»

Le grand retour du «parlement économique» de la zone euro ! – Pas sûr que les termes utilisés recouvrent les mêmes réalités ! Toujours est-il que les invités à la cérémonie d’inauguration, les patrons comme les politiques, ont été ravis par le discours consensuel d’un ministre qui se déclare social-démocrate et à qui il arrive de rappeler que, tout en se situant à gauche, il n’a plus sa carte du PS depuis quatre ans ! Les patrons, donc, ont été séduits : ils avaient pourtant été «briefés» la veille, par Pierre Gattaz, Président du «Medef» venu haranguer ses troupes devant à l’université d’été de la «branche alsacienne» du mouvement patronal.(1)

Quant aux «politiques» -Roland Ries, maire de Strasbourg en tête- ils ont été particulièrement séduits par la partie de son discours dans laquelle Emmanuel Macron plaidait pour la création et la réunion, à Strasbourg, sous une forme à définir, d’une sorte de «section du Parlement Européen» où siègeraient les élus des pays membres de la zone euro. Du reste, le groupe d’élus de gauche et de droite qui, en Juillet dernier en avait déjà fait la demande dans une lettre au Président de la République, a renouvelé auprès de François Hollande sa demande de voir s’installer à Strasbourg ce qui n’est encore qu’un futur et éventuel «parlement» de la zone euro.

Quand deux présidents de région se rencontrent ! – Dans l’enceinte de la Foire, tous les invités -ou presque- étaient ravis tandis qu’un petit groupe protestataire, allant de la CGT, du Parti Communiste au NPA en passant par le Front de gauche, essayait, en vain, de rameuter les foules pour protester contre la «politique du PS-Medef» : avaient-ils pris connaissance de ce sondage soulignant que près de 70% des sympathisants du PS étaient favorables au Ministre de l’Economie ? La manifestation que le parti autonomiste «Unser Land» voulait organiser contre la réforme territoriale n’a pas rencontrée davantage de succès tandis que Philippe Richert, Président de la Région Alsace et Jean-Pierre Masseret, Président de la Région Lorraine, futurs adversaires aux élections régionales des 6 et 13 Décembre, attendaient -consensuels à leur tour !- le passage du ministre au stand de la région Alsace !

Au delà de ses aspects anecdotique, voilà donc une inauguration qui ne restera sans doute pas dans les annales, même si Emmanuel Macron y aura consacré -un record- trois bonnes heures de poignées de mains et d’échanges avec les exposants et visiteurs. Ceux qui – nombreux- espéraient recueillir, au détour des stands, quelque confidence sur les projets de restructuration du site du Wacken et sur l’avenir de la Foire elle-même, auront été déçus ! Pourtant, en parcourant les installations provisoires mises en place pour la Foire 2015 (voir eurojournalist.eu du 2 Septembre), les visiteurs ne pouvaient manquer de s’interroger sur ce point. Un large terrain occupé hier par des expositions de plein air et quelques halls a été dégagé entre, en gros, l’espace occupé par le Parlement Européen et les bâtiments dits «historiques» de la Foire serrés en marge de la place Adrien Zeller.

Une réserve foncière pour les institutions européennes. – C’est sur ce terrain qui comporte une réserve foncière pour d’éventuelles extensions des Institutions Européennes, que doivent se déployer les futurs bureaux, logements, commerces et équipements hôteliers de l’ambitieux projet de quartier international d’affaires. Ce projet, nouvel axe économique pour l’Eurometropole strasbourgeoise et pour Strasbourg-Ville, doit s’installer dans le paysage à partir de 2017 jusqu’en 2023 : le maître d’œuvre d’un projet qui a déjà privé la Foire d’une partie des terrains qu’elle occupait encore en 2014, doit être désigné dans les semaine qui viennent.

Tout comme devraient être précisées les prochaines étapes envisagées pour mettre en place le nouvel espace d’exposition, le «PEX» (pour «Palais des Expositions»). Car les contraintes budgétaires forceront à définir une mise en place par étapes, un premier hall du futur espace d’exposition pourrait n’être construit qu’en 2017, le reste du projet s’étalant dans le temps. C’est dire que le provisoire (villages de tentes, structures légères et stands de plein air regroupés entre le bâtiment historique encadrant la «cour d’honneur» jusqu’au hall Rhénus) que les visiteurs de la Foire 2015 auront vécu, continuera à s’imposer pendant quelques années encore, bref après la «Foire», la foire continuera !

A Strasbourg, un «grand de l’évènementiel» prend les commandes. – Perspectives qui n’ont pas effrayé le groupe «GL Events», la société lyonnaise -un des grands européens de l’animation et de l’organisation d’évènements- qui est entrée l’année dernière à hauteur de 47% dans le capital de «Strasbourg Evènements», la société d’économie mixte qui, du «Palais des Congrès et de la Musique (PMC)» jusqu’aux halls d’exposition, dirige l’essentiel des grands évènements à Strasbourg. «On fera avec», répètent les dirigeants de «GL Events» qui ont pris, pour 20 ans, les commandes du «vaisseau évènementiel» strasbourgeois.

La nouvelle structure a des avec des ambitions, servies par un réseau de relations, un carnet d’adresse et une expérience reconnus. Parmi les projets : relancer l’organisation de grands congrès, mettre sur pieds des salons professionnels et grands publics, mieux valoriser l’image de Strasbourg capitale européenne ! Objectif affiché : au moins faire passer le chiffre d’affaires de «Strasbourg Evènements» de 17 à 20 millions en 4 ans ! La disponibilité totale, à brève échéance (2016) du nouvel ensemble, complètement (et magnifiquement) restauré du «PMC» ? La transformation du site actuel du Wacken (quartier d’affaires, «PEX» sans oubliée la construction dans ce cadre du nouveau théâtre du «Maillon») contribuera-t-elle à la concrétisation de ces ambitions ? Et dans quelle mesure ?

Tout dépendra, évidemment, du rythme de réalisation des projets affichés ! On en saura sans doute plus le mois prochain : c’est ce qu‘affirment les proches des dossiers actuellement à l’étude.

(1) Fusion des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI alsaciennes : on devait apprendre à cette occasion que l’a décision concernant la fusion des CCI d’Alsace qui devait intervenir le 29 Septembre (voir eurojournalist.eu du 26 Août) a été reportée. En effet, les dispositions de la récente loi «Macron» sur lesquelles s’appuyaient les CCI ont été invalidées par le conseil constitutionnel : Emmanuel Macron a annoncé qu’il ferait adopter une nouvelle loi avant la fin de l’année. La décision des CCI interviendra après l’adoption de cette loi.