Folschwiller – le nouveau centre de l’hydrogène européen ?

En 2023, deux chercheurs du CNRS, en collaboration avec l’université de Lorraine, mettent au jour, dans le sous-sol lorrain de la petite ville de Folschwiller, ce qui pourrait bien être l’une des plus vastes réserves d’hydrogène naturel d’Europe. Un gisement aux promesses colossales pour la transition énergétique. Mais deux ans plus tard, silence radio. Aucun forage, aucun financement, aucune volonté politique.

Travaux à Folschwiller. Foto: Pascal Houssais / CC-BY 2.0

(Paul Merle, Romain Fournier, Lisa Canastra) – En 2008, à Folschwiller, en Moselle, le CNRS et l’Université de Lorraine lancent un programme d’exploration des sous-sols, initialement destiné à repérer du méthane piégé dans les veines de charbon. Mais c’est bien autre chose qu’ils finiront par trouver. Quinze ans plus tard, en 2023, une découverte majeure émerge : jusqu’à 46 millions de tonnes d’hydrogène blanc, une forme rare et naturellement présente, sont identifiées sous la commune. Une trouvaille signée par deux chercheurs et directeurs de recherche au CNRS, Jacques Pironon et Philippe de Donato.

Et si la Lorraine devenait le cœur hydrogène de l’Europe ?Un potentiel qui, dès le départ, suscite l’intérêt. En 2018, le CNRS et l’Université de Lorraine lancent le programme REGALOR pour « Ressources gazières de Lorraine » avec un double objectif : évaluer l’exploitabilité de l’hydrogène naturel dans les veines de charbon, et diffuser les résultats à la fois dans la communauté scientifique et auprès du grand public.

Dans la foulée, une seconde phase voit le jour : REGALOR II. Selon ses concepteurs, il offre à la France une avance technologique de deux ans sur le reste du monde en matière d’hydrogène naturel. Cette fois, les chercheurs veulent aller plus loin. Prouver que l’hydrogène blanc peut réellement servir d’énergie propre, extraite directement sous terre, sans passer par des infrastructures lourdes ni dégrader l’environnement.

La sonde innovante SysMoG, miniaturisée et peu invasive, permet d’analyser les gaz dissous dans l’eau via de petits forages, sans perturber l’environnement. Grâce à cela, ils ambitionnent de révolutionner l’exploration du sous-sol et de poser les fondations d’une nouvelle filière énergétique, plus verte, plus locale, plus durable. Avec, en ligne de mire, un objectif : participer à la décarbonation de l’Europe, en lien direct avec le voisin allemand.

Un projet qui rencontre de nombreuses difficultés – Même si le projet suscite de réels espoirs pour la transition énergétique, de nombreux obstacles freinent encore l’exploitation de l’hydrogène naturel. Il a fallu attendre près de deux ans pour que l’État délivre un permis d’exploration, indispensable pour mesurer la teneur en hydrogène dans le sous-sol. Un retard vivement critiqué par une partie de la communauté scientifique, qui déplore un manque de réactivité face à une découverte potentiellement majeure.

À cela s’ajoute une concurrence accrue : des groupes industriels comme Total, ainsi que des fonds d’investissement étrangers, notamment japonais, cherchent à prendre position sur ce site prometteur.

En raison des réticences de l’administration, les premières études de terrain ne pourront commencer qu’au début de l’été. Une entrée en matière tardive, alors même que le calendrier d’exploitation reste, pour l’heure, totalement incertain.

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