France – Allemagne : quand l’économie pousse à l’optimisme

Alain Howiller constate que la reprise de l’économie, autant en France qu’en Allemagne, est plutôt prometteuse…

On dirait que l'économie en France et en Allemagne ait à nouveau décollé... Foto: Alan Wilson / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Alain Howiller) – Si elle reste l’une des rares responsables de gouvernement a n’avoir de cesse de mettre en garde, inlassablement, contre le risque d’une éventuelle reprise de la Covid-19 à cause des foules peu précautionneuses qui s’agglutinent dans les stades de l’EURO 2021, Angela Merkel a jeté un regard satisfait sur la reprise économique d’après-pandémie : « La reprise s’est faite plus rapidement (zügiger !) chez nous que dans d’autres pays de l’Union Européenne », a-t-elle estimé récemment, dans un discours en vidéo lors du « Tag der Deutschen Industrie » (« journée de l’industrie allemande », organisée chaque année par la « Fédération de l’Industrie allemande (BDI) »).

Elle devait souligner, à cette occasion, la capacité de résistance de l’industrie qui a traversé la crise avec le soutien d’un gouvernement conscient du fait que l’Allemagne doit « rester un industrieland » (un pays d’industrie). En France, c’est François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, qui a constaté sobrement : « L’incertitude diminue, l’économie accélère ! » et du coup, la banque remonte ce mois-ci, les prévisions de croissance à +5,75% pour cette année, alors qu’elles restaient à +5,5% au mois de Mars, le gouvernement en restant, néanmoins et par précaution, à ses prévisions de +5%.

On manque de main d’œuvre et d’approvisionnements ! – L’optimisme gagne et tant les instances nationales qu’internationales revoient leurs prévisions à la hausse. Il y a néanmoins un bémol, la situation du marché du travail qui reste incertaine, même si dans un certain nombre de secteurs d’activité, la reprise a fait apparaître un manque de main d’œuvre. Qui aurait cru, il y a peu encore, que le manque de main d’œuvre freinerait la reprise au même titre que le… manque d’approvisionnement. L’insuffisance des livraisons de matériel et de matériaux (le lithium par exemple) électroniques pèsent sur les entreprises : le principal fournisseur chinois peine à livrer, alors que la Chine se retrouve en plein boom économique ! Une situation de surchauffe qui menace également les Etats-Unis.

La dernière note de conjoncture de la Banque de France relève, à propos de la situation de l’économie dans la région du « Grand Est » : « une augmentation de la production avec des effectifs en hausse. Nouvelle flambée des prix d’achat et persistance des difficultés d’approvisionnement. A court terme, stabilité de l’activité avec des embauches. » Sur le plan national, l’analyse de conjoncture, s’appuyant sur l’interview d’un panel représentatif de chefs d’entreprise, après avoir noté que « l’activité progresse dans la plupart des secteurs de l’industrie et des services marchands », relève que « près de la moitié des entreprises de l’industrie et du bâtiment indiquent des difficultés d’approvisionnement et celles-ci tendent à s’intensifier… Nombre d’entre elles évoquent aussi des difficultés de recrutement. Pour autant, à ce stade, cela n’empêche pas leurs propres perspectives d’activité de s’améliorer. »

L’économie allemande est sortie du… « Winterschlaf » ! – Même son de cloche en Allemagne où la note de conjoncture de « L’Institut allemand pour la recherche économique (DIW-Berlin) » traduit la situation. Après avoir souligné que l’économie sort de sa « période d’hibernation » (« Winterschlaf »), l’institut note : « Selon les prévisions actuelles, l’économie allemande devrait connaître un bel été. Même si on ne peut pas considérer qu’elle a gravi la montagne. Un retournement est toujours possible, en particulier à l’automne. La campagne électorale à venir, ne doit pas susciter de faux espoirs. Il ne serait pas bon qu’on en vienne à laisser entrevoir un retour rapide à la règle de l’équilibre budgétaire. »

Le DIW fait ici allusion au retour à la règle d’un budget sans déficit qui affiche de ce fait, une « schwarze Null » (un « zéro noir » qui s’opposerait au « zéro rouge » du déséquilibre). Ce point figure dans plusieurs programmes électoraux, notamment dans celui de la CDU et Wolfgang Schäuble, président du Bundestag, qui vient de rappeler qu’il fallait en revenir à l’orthodoxie budgétaire -inscrite dans la constitution- qui interdit de financer en utilisant le déficit. Dans son commentaire sur la situation économique, le DIW met également en garde contre « ceux qui viennent agiter des menaces de forts taux d’inflation qui iraient au-delà des prévisions actuelles. » (ndlr : +2,7% en 2021, mais +1,8% dès 2022). Claus Michelsen, le président du DIW, ajoute : « C’est avec retard, mais avec d’autant plus de vigueur, que notre économie se réveille de son sommeil hivernal ! » Et le gouvernement de réviser le taux de croissance prévu pour cette année de +3% à +3,5%. Du coup, à Peter Altmaier, le ministre de l’Economie, d’estimer : « Nous aurons retrouvé notre ancienne force au plus tard en 2022. »

Forte hausse d’activité en France. – L’optimisme, non exempt peut-être (?!) de préoccupations électorales (législatives en Allemagne, présidentielles en France), s’impose, de part et d’autre du Rhin et, à propos du Grand Est, la Banque de France relève qu’on assiste à un accroissement de l’activité industrielle et des moyens humains. Bonne tenue des carnets de commandes. Maintien des cadences de production en Juin, avec des recrutements. « Rappelons que l’industrie représente un peu plus de 18% de l’emploi total dans la région. Les services marchands, quant à eux, représentant 18,4% des effectifs par rapport à l’emploi total dans le Grand Est, bénéficient, selon la note de conjoncture d’une forte hausse de l’activité, malgré d’importantes disparités. Les trésoreries sont globalement confortables. (Et on s’attend)… à une sensible progression… de la demande à court terme. »

Il reste un avant-dernier élément à relever dans ces approches optimistes : « Oxford Economics », le réputé institut d’analyse créé avec l’appui de l’Université d’Oxford, a pronostiqué « une explosion de la consommation (dans le monde)… à partir du mois de Juin et tout au long de l’été ! » Le dernier élément (perturbateur celui-là) suppose -nous l’espérons tous- que les vaccins aient mis à terre le monstre de la Covid-19 et qu’il n’y aura pas, de ce fait, de quatrième vague de pandémie !

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