František Zvardon : Mon Alsace

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(František Zvardon / KL / MC) – Le hasard a voulu qu’au moment du confinement que vous endurez actuellement, je me suis trouvé à l’autre bout du monde. Seul dans la forêt, avec mes appareils et objectifs, mes pensées vont souvent vers ma région, vers la beauté de cette terre alsacienne, vers les gens qui y vivent et qui m’ont accueilli les bras ouverts. J’ai parcouru le monde et je continue à le faire, mais mon « chez moi », c’est l’Alsace qui est et qui restera une des plus belles régions du monde.

Quand je fais des pauses au milieu de cette nature débordante, je pense aussi à l’Alsace, au paysages artistiquement façonnés du Kochersberg, aux tablées joyeuses avec des bouteilles du vin extraordinaire d’Alsace, à cette convivialité avec des gens qui portent ces merveilleux habits alsaciens, non pas pour du folklore pour les touristes, mais pour pérenniser ce patrimoine alsacien qui a su se maintenir à travers toutes les errances de l’Histoire.

L’Alsace me manque, et au bout de 33 ans que j’y vis, je ne me suis jamais lassé de la beauté de cette région. Souvent, aux heures du petit matin, je vais sur les crêtes alsaciennes et je contemple la grandeur de cette région, avec une vue sur les montagnes de la Forêt Noire en face, le Jura au sud, parfois les Alpes majestueuses. Les couleurs de l’Alsace sont époustouflantes, le matin, en journée et le soir et tous les jours, elles sont différentes et plongent ces paysages dans une nouvelle lumière. Souvent, je me sens comme Alice au Pays des Merveilles ; ce Pays des Merveilles n’est autre que l’Alsace, et je me dis que je fais partie des privilégiés qui ont la chance extraordinaire de pouvoir y vivre.

On trouve de tout en Alsace – dans les bras du vieux Rhin, la flore opulente fait penser à la Forêt tropicale où je me trouve actuellement, les châteaux majestueux et souvent recouverts de mousse verte me rappellent les lieux sacrés des Incas, les sapins dans la neige hivernale, dans une lumière claire et intense, réveillent des souvenirs de mes expéditions dans le Grand Nord. Cette clarté des cristaux de neige a certainement inspiré Lalique pour ses œuvres, et le soir, lorsque les nuages se livrent à un ballet incroyable sur les crêtes des Vosges, je ressens les mêmes choses que face à la mer, une sensation d’infini et je reconnais que face à cette splendeur, je ne suis que tout petit. Tout, mais vraiment tout, se trouve en Alsace et loin de mes terres, je me rends compte que ma région, c’est bien cette terre du Rhin Supérieur.

Pourquoi je vous écris ceci ? Je veux partager avec vous cette certitude qui est la mienne que ce ne sont pas nous qui choisissons les paysages où nous vivons, mais que ce sont les paysages qui nous choisissent, nous. Plongé dans l’opulence de la nature de la Forêt tropicale, avec ses animaux et plantes étranges et d’une beauté immense, je pense aussi à l’Alsace et à la chance que j’ai de pouvoir y retourner dans quelque temps.

L’heure est sombre, bien entendu, ma région est en souffrance et beaucoup de gens se mettent à douter, confinés chez eux. Soyez confiants, ce cauchemar sera un jour terminé et vous allez vous réveiller dans cette région qui alors, sera toujours aussi merveilleuse qu’auparavant !

L’Alsace m’a adopté et j’ai adopté l’Alsace dans mon cœur ; et je ferai mon possible pour rendre à cette région ce qu’elle m’a donné. Je continue à partager avec vous les beautés du monde, mais sachez que l’une des plus grandes merveilles se trouve et se trouvera juste devant votre porte. Je me réjouis déjà de vous retrouver bientôt, et d’ici là, sachez que je suis tous les jours en pensée près de vous. Ensemble, on surmontera aussi cette crise-là.

Très cordialement

Votre

František Zvardon