#FreeFariba : 1.229 jours

Le 17 septembre dernier, au lendemain de notre publication mensuelle solidaire avec Fariba Adelkhah, son comité de soutien avait lancé une campagne de presse pour son 1.200ème jour de détention. Aujourd’hui, fidèles à notre engagement, nous publions notre 37ème article.

Son combat est le nôtre... Foto: faribarolandsupportcommittee

(Jean-Marc Claus) – Nous avons été alertés à propos de la situation de Fariba Adelkhah et de son conjoint, plus de six mois après leur arrestation à Téhéran. Roland Marchal est libre depuis le 20 mars 2020, soit après 289 jours de détention. Toujours victime de la diplomatie dite des otages, Fariba Adelkhah a été condamnée le 16 mai 2020, à 5 ans de prison ferme pour « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale » et 1 an pour « propagande contre le système », peines confondues en une seule de 5 années. Or, elle ne faisait rien d’autre que de poursuivre ses recherches d’anthropologie sociale et politique.

Refusant la liberté conditionnelle en échange de l’arrêt de ses travaux, l’universitaire franco-iranienne a fait 49 jours de grève de la faim de décembre 2019 à février 2020. Assignée à résidence, sous bracelet électronique, en octobre 2020, elle a quitté la tristement célèbre prison d’Evin pour occuper un logement privé, respectant scrupuleusement les règles qui lui étaient imposées. Après 466 jours de relative sérénité, elle a été réincarcérée sur la base de motifs tout aussi fallacieux que ceux ayant motivé sa condamnation.

A partir du 16 juin 2020, jour du verdict initial, nous nous sommes engagés à publier chaque 16 du mois un article relatif à sa situation et/ou à l’Iran, pays dont nous nous refusons à stigmatiser la population, au motif qu’un gouvernement islamiste y est au pouvoir depuis 1979, pays à l’histoire et à la culture plurimillénaires, donc bien antérieures à l’Islam. Chaque mot employé pour parler de Fariba Adelkhah a un poids, et ne parler d’elle que lors de l’apparition d’événements nouveaux strictement relatifs à sa situation, relève de la plus grande maltraitance médiatique.

Lors de l’affaire dites des otages français au Liban, de 1985 à 1988, à partir du 29 mars 1986, le journal de 20h d’Antenne 2, débutait systématiquement par l’annonce de leurs noms et le nombre de leurs jours de détention. Michel Seurat, sociologue au CNRS enlevé en mai 1985 à Beyrouth, est décédé en captivité en mars 1986 à l’âge de 38 ans, probablement des suites d’une maladie aggravée par sa séquestration. Qui s’en souvient ? Marcel Fontaine, Marcel Carton, Philippe Rochot, Georges Hansen, Aurel Cornea, Jean-Louis Normandin, Roger Auques, Jean-Paul Kaufmann, autant de noms et prénoms qui furent prononcés et écrits des milliers de fois dans les médias d’alors.

Quid aujourd’hui de Fariba Adelkhah ? Quel est le traitement médiatique réservé à sa captivité ? Ce n’est pas parce qu’elle a été jugée et condamnée par un tribunal, qu’elle ne peut être considérée comme une otage, véritable pion dans un jeu d’échec géopolitique qui la dépasse. Et quand bien même elle serait libérée à l’issue de  1.827 jours d’incarcération, rien ne dit que son passeport lui sera remis, et il n’est pas sûr que les autorités ne lui trouvent pas alors un nouveau motif d’inculpation.

Elle a courageusement refusé de renoncer, en échange de l’arrêt de ses recherches, à la liberté conditionnelle. De nombreux scientifiques sont encore détenus à la Prison d’Evin, surnommée la « Petite Sorbonne ». Ainsi, Fariba Adelkhah n’est-elle pas une insoumise de salons et ne criera t-elle pas « La liberté scientifique, c’est moi ! ». Cependant, il serait grand temps qu’au delà de quelques initiatives somme toute bien minoritaires, les médias et les politiques se mobilisent enfin pour la soutenir et obtenir sa libération !

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