#FreeFariba : Basta les mollahs !

Les mouvements de rébellion secouant l’Iran depuis deux mois, ne mettent pas seulement en cause le port du hijab par les femmes, mais leur condition dans une société où elles sont considérées comme inférieures aux hommes.

Toilettes pour femmes – toilettes pour hommes : devinez qui sont les sous-hommes… Foto: Petr Asam Dohnalek / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0CZ

(Jean-Marc Claus) – Lorsqu’en mars 2021, nous parlions dans un article de l’actuelle championne d’échecs Sara-Sadat Khadem Al-Sharieh et du mouvement des femmes iraniennes refusant en 1979 le port du hijab, nous étions loin de penser que se rejouerait un mouvement de contestation relatif au voile islamique. Mouvement s’inscrivant dans la durée, contrairement à celui du 9 mars 1979.

Masha Amini, jeune femme âgée de 22 ans originaire du Kurdistan Iranien, arrêtée le 13 septembre dernier à Téhéran par la « police de la moralité » (Gasht-e Ershad) pour port d’une forme inappropriée de hijab, sombrait dans le coma suite à un traumatisme crânien et décédait trois jours plus tard. Les dénégations des forces de l’ordre quant à leurs responsabilités et le soutien que leur manifesta le pouvoir, provoquèrent dans tout le pays une vague de contestation mobilisant femmes et hommes contre la dictature.

Des milliers de femmes enlevèrent publiquement leur hijab, certaines allant jusqu’à se couper les cheveux. Débordé par un tel mouvement allant même jusqu’à molester publiquement des mollahs, le gouvernement a procédé à des arrestations en nombre et fin octobre, s’ouvraient les procès dont on connaît par celui Fariba Adelkhah, le caractère grotesque et l’absolu mépris des droits humains.

Le régime est aux abois, d’autant plus que le soutien qu’il apporte à Vladimir Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine, le rend encore plus infréquentable sur la scène internationale. Mais pire que cela, les mollahs voient leur conception du monde remise en question par des êtres qu’ils jugent inférieurs, auxquels s’associent de surcroît des hommes. Une véritable révolution à la fois copernicienne et darwiniste, que le système verrouillé depuis tant d’années n’est pas prêt d’accepter.

La répression des manifestations a tué plus de 300 personnes, une première condamnation à mort pour « participation aux émeutes » est tombée le 13 novembre, et ce n’est qu’un début car une semaine plus tôt, une écrasante majorité du Parlement (78%) a demandé la peine capitale pour toute manifestante arrêtée (ce qui vaut, bien entendu, aussi pour les manifestants), c’est-à-dire au bas mot 15.000 personnes, soit l’équivalent de la population de Pontivy (Morbihan).

Le port du hijab est considéré pour beaucoup de musulmans et de non-musulmans, comme une obligation découlant du Coran. Or, d’après des islamologues tels que Razika Adnani que les mollah et autres fondamentalistes se gardent bien d’écouter, cette pratique relève d’une idée reçue sans aucun fondement. Elle démontre que les trois versets coraniques faisant des recommandations relatives à la tenue vestimentaire des femmes, n’évoquent pas leur chevelure, et donc que le voile n’apparaît pas comme une nécessité dans le Coran.

Lorsque l’État se mêle de la religion, il la transforme en politique, ceci conduisant la foi à devenir hypocrisie, comme le souligne Razika Adnani : « Le voile n’est pas une liberté, même quand il n’est pas obligatoire. ». Elle affirme également : « Si les islamistes donnent autant d’importance au voile, c’est parce qu’il représente un indice important, car visible, de la réussite de leur mouvement. Leur stratégie consiste à habituer les femmes à le porter. Voilà pourquoi, ils veulent l’imposer également aux petites filles. ».

L’islam fondamentaliste, comme tous les excès des deux autres monothéismes, est basé sur le patriarcat le plus crasse, la religion servant de prétexte à imposer un ordre social et moral dans lequel les femmes sont déclassées et les hommes surclassés. Islamistes, juifs (ultra)orthodoxes et chrétiens fondamentalistes ou traditionalistes, s’y entendent pour de diverses manières plus ou moins brutales selon le niveau de civilisation qu’ils ont atteint, faire voyager les femmes en soute et les hommes en business class.

En Iran, ces huit dernières semaines démontrent qu’une partie du peuple, femmes et hommes confondus, rejette ce schéma de pensée archaïque et anachronique. L’islam politique défigure depuis 1979 un pays riche d’une culture millénaire, et les derniers développements de l’automne 2022 montrent le pire visage d’une religion qui a connu son âge d’or quand en Europe nous étions en plein Moyen-Âge.

Alors qu’en ce temps là nous nous livrions à l’Inquisition, au sud et à l’est de la Méditerranée la médecine arabo-musulmane faisait progresser la science. Aujourd’hui, l’Inquisition est menée par les mollahs en Iran et les prédicateurs salafistes en Occident.

Tous les 16 du mois, Eurojournalist(e) publie un article qui parle de Fariba Adelkhah et/ou de l’Iran et ce, jusqu’à la libération de cette scientifique franco-iranienne, incarcérée de manière arbitraire dans la tristement célèbre prison d’Evin.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste