#FreeFariba : Climatisation à l’iranienne

Alors que le climat se réchauffe, des systèmes de climatisation ancestraux gagneraient à être mieux connus, comme par exemple les bâdgirs dont Fariba Adelkhah ne doit malheureusement pas bénéficier dans la prison d’Evin à Téhéran, où elle a été réincarcérée le 12 janvier dernier.

Un « bâdgir » du Complexe Ganjali Khan à Kerman. Foto: Bernard Gagnon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Traduisible littéralement en attrape-vent, le bâdgir ou badguir est un élément important de l’architecture persane, notamment dans le centre de l’Iran et les régions désertiques. Yazd, située à 1.216m d’altitude sur le plateau central iranien, est dénommée « la ville des capteurs de vents », tant leurs nombre est grand. Ce qui s’explique par un climat très sec et des températures s’élevant fréquemment à 40°C et plus en été.

Ce système de climatisation est souvent cité en exemple, en matière de développement durable et d’empreinte carbone nulle, une fois construit. Ces cheminées ajourées au niveau de leur partie supérieure, partant pour certaines du sous-sol, assurent très efficacement le refroidissement des pièces qu’elles traversent.

Les modèles les plus simples fonctionnent sur le principe des différences de pression. Lorsque le vent, même faible, passe au niveau du sommet du bâdgir, il s’y créé une différence de pression qui aspire l’air chaud des pièces se trouvant en dessous. Des modèles plus élaborés y couplent des réservoirs d’eau à leur base, l’aspiration de l’air chaud provoquant alors un vortex rafraîchissant.

Contrairement aux éoliennes, en l’absence de vent, l’attrape-vent fonctionne tout de même ! Ainsi, l’air contenu dans le sommet de la tour étant alors chauffé par le soleil, l’effet de convection se réalise et la circulation des flux permet le rafraîchissement du bâtiment. Évidemment, il n’est pas question d’obtenir des différences de températures énormes, comme on peut le faire avec un climatiseur électrique, mais c’est suffisant pour mieux vivre et personne ne tombe malade à cause de la clim’ !

Construits en adobe, mêlant la paille à l’argile grâce à l’eau, les structures des bâdgirs ont ainsi, de par leur forte inertie thermique, la propriété de ne conduire que très faiblement la chaleur. Plus clairement, si le soleil cogne sur le sommet de la tour, la chaleur ne se transmet pas par les matériaux jusqu’à sa base, contrairement à une structure métallique.

Ces systèmes ancestraux avaient, excepté pour la ville de Yazd, jusqu’à ces dernières années, été quelque peu remisés au rang des curiosités architecturales. Or, la tendance actuelle, face à l’impact des climatiseurs électriques sur la santé et l’environnement, est de revenir à ce moyen efficace de climatisation, mais pas qu’en Iran.

Adapté aux matériaux de constructions utilisés en Occident, on peut voir de tels systèmes à Hanovre où le bâtiment administratif de la Deutsche Messe AG est équipé d’une tour inspirée des bâdgirs. Il en va de même avec le bâtiment de l’Inland Revenue à Nottingham. Ce qui nous ramène aussi à Madrid, au principe des AirTrees de l’écoboulevard de Vallecas.

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