#FreeFariba : De l’azur de Neichapour

Chaque 16 du mois, Eurojournalist(e) apporte son soutien à Fariba Adelkhah par un article lui étant consacré et/ou parlant de l'Iran.

Collage en « azur de Neichapour » réalisé par Fariba Adelkha pour Norouz 1440. Fariba nous souhaite un bon printemps – Norouz comme on dit en Iran. Foto: Fariba Adelkhah & Roland Marchal Support Committee (hypotheses.org)

(Jean-Marc Claus) – C’est avec un chant interprété par Solmaz Badri et un collage réalisé par elle-même, que Fariba Adelkhah nous a souhaité le 20 mars dernier, un bon « Norouz », qui correspondait alors à notre printemps. Norouz de l’année 1440, selon le calendrier iranien dont le départ est l’Hégire, comme pour le calendrier arabe, à ceci près que les Iraniens s’appuient sur le soleil et non sur le cycle lunaire comme les Arabes, comptent les années bissextiles. Ainsi ont-ils actuellement deux ans de retard sur le calendrier arabe.

Le collage réalisé en « azur de Neichapour » (sic), est plus précisément fait de turquoises. Pierre dont la ville de Neichapour, située sur la Route de la Soie, faisait commerce, car le sous-sol des environs en possède de nombreux gisements. D’où son utilisation pour la décoration des édifices, tels les mausolées ou palais dont elle recouvre les dômes, symbolisant ainsi le ciel sur la terre. Appelée initialement « pirouzeh », ce qui signifie « victoire », elle devint « firouzeh » après l’invasion arabe qui se déroula entre 637 et 751 après JC.

L’emploi de cette pierre, au nom particulièrement symbolique, laisse entendre quelque chose de la détermination de Fariba Adelkhah. Nous pouvons y voir aussi son attachement à l’Iran, où elle est détenue depuis le 5 juin 2019, condamnée à l’issue d’un procès purement politique, à cinq ans de prison ferme pour « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale » et un an pour « propagande contre le régime ».

Neichapour, ancienne capitale de la province du Razavi Khorasan, au nord-est de l’Iran, a été fondée au 3e siècle. Elle occupait une position stratégique sur la Route de la Soie. Les Mongols la détruisirent en 1221, après que le gendre de Gengis Khan y fut tué. Durant dix jours, les troupes du khan décapitèrent la population et empilèrent les crânes en pyramides.

Mais la cité martyre s’est néanmoins relevée pour fournir au monde de nombreux érudits. C’est maintenant une ville universitaire formant à l’agronomie et à l’ingénierie. Ainsi, ce choix de la part de Fariba Adelkhah est-il aussi parlant. De nombreux universitaires étrangers sont, comme elle, détenus en Iran. Mais paradoxalement, ce pays est aussi riche d’intellectuels tel Mohammad-Reza Shafiei Kadkani, professeur d’université, écrivain, poète et éditeur, né à Neichapour en 1939, dont le nom de plume est M Serenshk.

La connaissance qu’à Fariba Adelkha de son pays d’origine, et l’intérêt qu’elle lui porte, malgré ce que lui fait subir le régime, laisse penser que son choix de la turquoise de Neichapour, n’est pas un pur hasard. Ce présent qu’elle nous adresse, à l’occasion du printemps, fait et donne sens. Sortie temporairement de la Prison d’Evin et assignée à résidence depuis début octobre 2020, elle réalise des collages qui parlent de liberté.

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