#FreeFariba : De l’échec au hijab, au hijab des échecs…

Petit clin d’œil ironique de l’Histoire...

La joueuse d’échecs de renommée internationale Sara-Sadat Khadem Al-Sharieh, n’a pas un regard malicieux pour rien... Foto: Irfcpersian / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0

(Jean-Marc Claus) – Le 8 mars 1979, un mois après la révolution sociale qui devint rapidement islamique, et s’empara du pouvoir en à peine 36 jours, eut lieu en Iran le seul et unique moment où les femmes descendirent dans la rue tête nue. Désobéissant à l’injonction de l’ayatollah Khomeini énoncé la veille, elles refusèrent de sortir voilées, de ne pas se maquiller et surtout d’être possessions de leurs maris, c’est-à-dire leurs esclaves.

Le mouvement fut suivi dans de nombreuses villes iraniennes, et accompagné de grèves. Proclamant « Liberté et égalité sont nos droits imprescriptibles », elles furent très vite prises à partie par les religieux. Pourtant, le 9 mars, Khomeini revint sur sa décision d’imposer le hijab, mais cela ne dura guère.

La photographe Hengameh Golestan qui a couvert l’événement, parle du dernier jour où les femmes ont marché tête nue dans les rues de la capitale, et aussi de leur première déception à propos des nouveaux dirigeants du pays. Le besoin de justice sociale et de liberté, qui fut le moteur de la révolte contre le pouvoir du shah et le système capitaliste qu’il cautionnait, fut anéanti par les forces obscurantistes que le capitalisme sait parfaitement instrumentaliser.

Si l’on revient au livre de Fariba Adelkah publié en 2005, et dénonçant certaines idées reçues à propos de l’Iran, au chapitre intitulé « La condition féminine est déplorable », elle écrit :

« Le voile a cessé d’être un monopole clérical masculin. Les femmes l’interprètent désormais à leur façon. Il n’est plus un instrument d’expression de la religiosité, mais de la société, avec en particulier ses artistes, ses modistes et ses actrices. Ce sont elles qui servent de véritables modèles aux femmes et qui se sont substituées, à la tradition, et à l’interprétation par un clerc de quelques versets coraniques. ».

Ce qu’incarnent aujourd’hui, entre autres, des femmes telles que Leila Araghian, dont nous avons déjà évoqué le travail d’architecte , et Sara-Sadat Khadem Al-Sharieh dont le portrait illustre cet article. Née en 1997, cette dernière est devenue en 2009 championne du monde féminine d’échecs des moins de 12 ans. Accédant au statut de maître international féminin en 2011, puis de grand maître international féminin en 2013, elle connut une ascension jusqu’en 2017.

Cette année-là, le Championnat du Monde Féminin se tenait à Téhéran, et il y eut la devenue célèbre « controverse du hijab », provoquée par la championne étasunienne Nazi Paikidze, d’origine géorgienne. S’opposant aux codes vestimentaires imposés par les organisateurs, elle avait affirmé refuser de porter le hijab, afin de ne pas soutenir l’oppression dont sont victimes les femmes, quitte à ce que cela impacte une compétition importante pour sa carrière.

L’occasion était toute trouvée pour les politiques et les médias qui voulaient stigmatiser l’Iran plus que de raison. Un mouvement de boycott avait d’ailleurs commencé à se développer. Sara-Sadat Khadem Al-Sharieh avait alors répondu que cette méthode n’était pas approuvée par les joueuses iraniennes, car participer à des tournois internationaux et en accueillir, leur procurait des opportunités pour lesquelles d’autres ont du se battre âprement.

Il semblerait bien que Sara-Sadat Khadem Al-Sharieh et les joueuses d’échecs iraniennes, aient donné raison à Fariba Adelkhah, sans peut être même avoir lu une seule ligne de son livre…

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