#FreeFariba : Des collages pour la liberté

Chaque 16 du mois, Eurojournalist(e) apporte son soutien à Fariba Adelkhah - par un article lui étant consacré et/ou qui parle de l'Iran.

"Les cris", un collage de Fariba Adelkhah. Foto: Comité de Soutien de Fariba Adelkhah / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Le 5 décembre, Fariba Adelkhah en était à 18 mois de détention. Un an et demi, au cours duquel elle aura vécu sa mise en détention (5 juin 2019) à la Prison d’Evin, la grève de la faim (24 décembre 2019 au 12 février 2020), l’ouverture et le report de son procès (3 mars 2020), la libération de son compagnon Roland Marchal (20 mars 2020) en échange d’un ingénieur iranien détenu en France, la suite de son procès (19 avril 2020), le verdict la condamnant à six années de prison ferme (16 mai 2020), son transfert du quartier des femmes de la prison d’Evin à la section 209 dépendant du Ministère du Renseignement (16 septembre 2020), le transfert de sa compagne de détention et de grève de la faim Kylie Moore-Gilbert vers une destination inconnue (24 octobre 2020), sa sortie temporaire avec bracelet électronique et assignation à résidence (3 octobre 2020), la libération de Kylie Moore-Gilbert après 804 jours de détention (25 novembre 2020) en échange de trois iraniens détenus en Thaïlande.

Tant d’événements qui pourraient décourager les meilleures volontés, mais Fariba ne baisse pas les bras, comme elle en témoigne au décours de son 18e mois d’emprisonnement : « Sans doute y a-t-il une vie après Evin, mais à Evin, il y en a une aussi dans laquelle il faut continuer d’espérer, de chanter, de résister. Au bout d’un an et demi, c’est de cette vie, de la façon dont on y survit, dont j’ai envie de parler avec vous qui soutenez ma cause : sauver la recherche. En vous disant Merci ! ».

Ainsi traduit-elle des poèmes français en farsi, et réalise-t-elle des collages qu’elle a été autorisée à faire parvenir à ses proches depuis la prison d’Evin. Une fois sortie et assignée à résidence, son comité de soutien a souhaité en obtenir la collection complète. Soit 86 pièces qu’elle était un peu réticente à partager, car elle refuse de se considérer comme une artiste. Elle l’a finalement fait et, classées en cinq rubriques thématiques, leur publication étant assurée progressivement par son comité de soutien.

En vue des fêtes de fin d’année, la chercheuse canadienne Bonnie Campbell a demandé au comité de soutien de Fariba de lui donner une phrase à insérer dans les vœux de son centre de recherche et de son université. Une initiative originale qu’il est possible et fortement conseillé de reproduire, tant au niveau des institutions que de la vie privée. En voici la formule qu’il suffit de copier et de coller :

Que cette nouvelle année soit celle de
la libération de Fariba Adelkhah, anthropologue,
directrice de recherche au CERI à Sciences Po Paris,
prisonnière scientifique en Iran depuis le 5 juin 2019,
et au-delà, celle du combat pour la liberté scientifique.

Mais cette fin d’année n’est pas porteuse que de bonnes nouvelles. L’imminence de l’exécution du chercheur irano-suédois Ahmadreza Djalali détenu depuis 2016 et accusé d’espionnage, montre bien que le pouvoir actuellement en place en Iran ne recule devant rien. Ce dont il a fait la démonstration le 12 décembre, en exécutant le journaliste dissident Rouholah Zam, réfugié en France depuis 2011 et piégé en Irak, où il s’était rendu suite à l’annonce de promesses de financement pour sa web-tv… Ce sort risque d’arriver aussi à Habib Chaab, lui aussi dissident, réfugié en Suède, capturé mi-novembre par les services secrets iraniens à Istanbul et transféré en Iran via la province limitrophe de Van. Si l’Iran souhaite être partenaires des pays européens, il sera obligé de revoir sa politique en ce qui concerne les prisonniers politiques, scientifiques et journalistiques.

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