#FreeFariba : Exit le nouveau Cyrus

Le départ de Donald Trump de la Maison Blanche contribue à détendre les relations internationales, mais sa mandature aura été lourde de conséquences, notamment au Proche-Orient.

Le mausolée de Cyrus le Grand à Pasargadae, dans la province de Fars au sud-Ouest de l’Iran. Foto: Darafsh / Wikimedia Commons / CC-BY 3.0

(Jean-Marc Claus) – Fariba Adelkhah en est aujourd’hui à son 622e jour de privation de liberté. Toujours assignée à résidence à Téhéran, après 486 jours passés à la prison d’Evin, elle a certainement poussé un soupir de soulagement lorsque Donald Trump a quitté la Maison Blanche le 18 janvier dernier.

Si ce départ tant attendu a un peu détendu l’atmosphère au niveau des relations internationales, l’Iran reste néanmoins un point chaud de la géopolitique du Proche-Orient. Mais il était temps que le président du plus puissant pays du monde, ne soit plus influencé par le dangereux discours eschatologique et millénariste tenu par certains milieux évangéliques aux USA.

Il est aussi raisonnable d’espérer que, son parcours personnel aidant, Joe Biden ne les laissera pas lui conter les mêmes fables. En tout cas, il leur sera difficile de voir en lui, contrairement à Donald Trump, un nouveau Cyrus et c’est tant mieux. Cyrus, roi des Perses, l’Empire Perse dont l’actuelle Iran était le cœur.

En janvier 2020 à l’aéroport de Bagdad, l’assassinat du général iranien Ghassem Souleimani commandité par la Maison Blanche, eut une onde de choc considérable allant du vaste monde au microcosme de certains milieux évangéliques étasuniens. Ces derniers, pour qui la Bible est entre autres, un manuel d’histoire-géographie leur permettant de décoder l’actualité et parfois même de prédire l’avenir, y ont vu un signe avéré de la fin des temps.

Le jour même de l’assassinat de Ghassem Souleimani, à la megachurch « El Rey Jesús » (Miami), Donald Trump a lancé le mouvement « Evangelicals for Trump 2020 » destiné à promouvoir sa réélection. Le pasteur Guillermo Maldonado avait alors formulé la prière suivante : « Nous te demandons, Seigneur, qu’il soit le Cyrus qui apportera les réformes et le changement dans ce pays, pour que toutes les nations disent que les États-Unis sont la plus grande nation sur Terre. ».

Cyrus le Grand (580-530 av. JC), fondateur de l’Empire Perse (559-146 av. JC), était pourtant bien loin des valeurs chrétiennes. Mais c’est justement pour cela qu’en septembre 2016, racontant son expérience mystique vécue dans la Trump Tower, le conférencier pentecôtiste Lance Wallnau désigne Donald Trump comme le « God’s Chaos Candidate » (Candidat du Chaos de Dieu). Se référant au premier verset du 45e chapitre du Livre d’Esaïe, il assurait que le Très Haut lui a désigné le futur 45e président des USA comme son instrument.

Un instrument destiné à détruire le politiquement correct et à libérer le Peuple Élu. La vie sentimentale chaotique et la grossièreté de Donald Trump, faisaient de lui le parfait nouveau Cyrus. Seul non-juif bénéficiant de l’onction divine, non croyant, mais agissant pour le bénéfice du Peuple de Dieu, comme le soulignait André Gagné, spécialiste canadien du fondamentalisme évangélique.

Or, jusqu’à preuve du contraire, le peuple qui au Proche-Orient aspire à la libération, est bien le peuple palestinien, mais dans ces milieux évangéliques à l’esprit étroit, on ne s’embarrasse pas plus de ce genre de considérations que du réel ! Cette séquence messiano-trumpiste ou trumpo-messianique, a eu de graves conséquences, tant au niveau intérieur pour les USA, qu’au plan de relations internationales et notamment au Proche-Orient.

La prise d’assaut du Capitole du 6 janvier, à laquelle ont participé des porteurs de banderoles « Jesus is my Savior – Trump is my President », n’est que la partie visible des dégâts intérieurs. La présence à la Maison Blanche de Paula White-Cain durant tout le mandat de Donald Trump, dont elle est la conseillère spirituelle depuis 2011, ne sera pas sans conséquences pour la société étasunienne, car cette adepte de la Théologie de la Prospérité a largement contribué à diffuser un Évangile Capitaliste de la plus belle facture.

Quant aux relations internationales et notamment au Proche-Orient, le retour de l’ambassade étasunienne à Tel-Aviv étant pour Joe Biden exclu, comme il l’affirmé fin janvier devant une commission sénatoriale, les tensions se poursuivront inévitablement. Ainsi le trumpisme a-t-il durant quatre ans bien miné le terrain pour les décennies à venir. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur l’avenir de Fariba Adelkhah.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste