#FreeFariba : Fin de la Gasht-e Ershad ?

Le fin de la Police de la Moralité, si tant est qu’elle devienne effective, n’aura pas grand sens si le régime reste en place.

Ce régime est meurtrier. Foto: Mat Hrkact / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Au début du mois, l’annonce faite par le procureur général iranien, Mohammad Jafar Montazeri, de l’abolition de la police des mœurs par les autorités dites compétentes, avait été relayée par nombre de médias occidentaux où les rédacteurs s’en réjouissaient. Soit, mais le régime des mollahs n’est pas encore à terre et comme le soulignait très justement un personnage d’un dessin humoristico-tragique mettant en scène deux iraniens enturbannés devisant aimablement dans la rue à ce propos : « Comment va-t-elle s’appeler maintenant ? ».

De son vrai nom Gasht-e Ershad, soit Police de la Moralité, cet organisme a succédé à d’autres polices religieuses du même acabit. Fondée en 2005 par Mahmoud Ahmadinejab, sa principale mission fut de veiller à la stricte observance des codes de conduite et vestimentaires, avec une attention toute particulière portée au hijab. C’est la mort de Mahsa Amini, arrêtée et battue par la Police de la Moralité pour « port de vêtements inappropriés », qui le 16 septembre dernier, a provoqué le mouvement de contestation que le gouvernement iranien ne parvient heureusement pas à réprimer.

Ainsi, ne faudrait-il pas s’imaginer que la cacahuète langée par le régime aux manifestant(e)s, va leur faire admettre et oublier la répression dont ils font l’objet. Mais il serait aussi trop optimiste et totalement surréaliste d’imaginer que, comme pour tout radicalisme religieux, l’islam radical va être ainsi liquidé en Iran. Ce qui fait tenir ces schémas de pensée, chez les musulmans radicaux, chez les juifs dits orthodoxes, chez les chrétiens traditionalistes ou fondamentalistes, pour ne citer que les trois monothéismes, c’est une conception du monde masculinocentrée. Or, pour que la mosquée, la synagogue et l’église, restent au milieu du village, il faut absolument une police des mœurs. Que cette dernière porte un uniforme ou qu’elle soit plus insidieusement infiltrée dans le discours et les pratiques des structures communautaires.

Si en Iran, la Gasht-e Ershad verbalise aussi des hommes pour port de shorts, ses cibles principales sont les femmes, et quand sa suppression s’avérera effective, l’organisme qui la remplacera, ne changera pas d’objectifs. Il en va de la survie d’un régime gouvernant un pays dans lequel la place des femmes est ambiguë. Contrairement à l’Afghanistan où avec le retour des talibans, il est très clair que les femmes sont des « untermenschen » aux yeux de ces barbares, en Iran les femmes ont une place, comme l’a souligné Fariba Adelkhah dans ses nombreux travaux, mais il vaut mieux pour leur sécurité, qu’elles restent dans les clous.

Pour que la Police de la Moralité, ou tout autre organisme de même facture, n’ait plus de raison d’exister il faut que la révolution touche non seulement toutes les couches de la population du pays, mais aussi que les schémas de pensée changent radicalement. Comme on l’observe aujourd’hui en France, il ne suffit pas d’avoir guillotiné le roi à la fin du XVIIIe siècle pour estimer en avoir fini avec l’esprit monarchique au début du XXIe siècle.

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