#FreeFariba #FreeRoland…

Il devient maintenant urgent de faire libérer Fariba Adelkhah et Roland Marchal.

Fariba et Roland comptaient faire une randonnée dans le désert iranien. Foto: Jeanne Menj / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Par Jean-Marc Claus) – Nous avions, le 4 février 2020, évoqué la situation dramatique des chercheurs Fariba Adelkhah et Roland Marchal sur Eurojournalist. Neuf mois après leur arrestation à l’aéroport de Téhéran, suivi d’un emprisonnement immédiat à la prison d’Evin, lieu de détention de nombreux scientifiques, iraniens et étrangers, leur procès s’est ouvert le 03 Mars 2020, devant le 15e Chambre du Tribunal Révolutionnaire de Téhéran.

Seule Fariba Adelkhah a comparu, et la suite du procès a été renvoyée à une date non encore déterminée. Ils sont poursuivis, elle pour « propagande contre le système » et lui pour « collusion en vue d’atteinte à la sûreté nationale et propagande contre le système ». Nous savions que Fariba Adelkhah avait entamé une grève de la faim le 24 décembre 2019 pour protester contre l’interdiction qui lui était faite de voir Roland Marchal, mais aussi pour demander la libération de tous les détenus scientifiques. Mise sous perfusion un mois plus tard, elle avait été ensuite hospitalisée le 24 février 2020, très affaiblie par 49 jours de grève de la faim. Fonction rénale détériorée, risque d’atteinte par le Covid-19 ayant déjà provoqué 77 décès en Iran, son état de santé est des plus préoccupants, selon les propos de son avocat Me Saïd Dehghan, rapportés par RFI et Le Point. Il faut aussi savoir que, la prison d’Evin se trouve dans la province plus touchée par le virus. Or, en matière de lieux confinés propices à l’explosion d’une épidémie, l’univers carcéral figure en haut de la liste.

L’état de santé de Roland Marchal n’est pas bien meilleur. Atteint physiquement et psychiquement, le doute plane sur les raisons de sa non-comparution au procès ouvert le 3 Mars 2020. D’après le comité de soutien des deux scientifiques, auquel Le Point fait écho, trois hypothèses seraient envisageables. Il aurait refusé de comparaître pour une mascarade de justice, ou il n’aurait pas été convoqué, ou encore, il ne serait plus présentable devant les juges, compte tenu de la dégradation de son état de santé. La chercheuse Béatrice Hibou, membre du comité de soutien, déplorait l’opacité de la procédure et précisait que Fariba Adelkhah, dont la double nationalité franco-iranienne n’est pas reconnue par Téhéran, a subi des interrogatoires extrêmement difficiles, ce dernier adjectif étant bien sûr un doux euphémisme.

Certains politiques ont pris position, et la diplomatie est à l’œuvre. Jean-Yves Le Drian, ministre français des affaires Étrangères, n’a pas manqué de qualifier d’insupportable les conditions de détention des deux scientifiques. Ce à quoi la République Islamique répond en dénonçant une ingérence dans ses affaires intérieures. Depuis le retrait des USA de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de sanctions étasuniennes envers Téhéran, sur l’initiative de Donald Trump, les arrestations d’étrangers se sont multipliées dans le pays. L’Iran ne reconnaissant pas la double nationalité, les binationaux sont encore plus malmenés que les autres. C’est pourquoi, le comité de soutien des deux chercheurs est aujourd’hui particulièrement inquiet quant au sort de Fariba Adelkhah. Comme nous l’avions écrit précédemment, lavée de l’accusation d’espionnage initialement portée sur elle, le spectre de la peine de mort s’est heureusement éloigné. Mais la mort peut aussi frapper en prison, sans pour autant qu’un verdict l’ait décrété.

Des négociations seraient toujours en cours quant à un éventuel échange de prisonniers. Mais y a-t-il de part et d’autre la même volonté de trouver des solutions ? Le temps joue contre les deux détenus, d’autant plus que, selon les propos du député iranien Amin Abadi, rapportés par Marianne, le Covid-19 fait dans le pays, bien plus de victimes que n’en annonce officiellement le régime. Amin Abadi parle très clairement d’une réalité des chiffres des cimetières, impossible à dissimuler, qui dépasse de loin les annonces officielles. C’est donc maintenant qu’il faut libérer Fariba Adelkhah, Roland Marchal et tous les autres universitaires étrangers et binationaux emprisonnés en Iran. Or, la crise sanitaire que nous traversons, se risque t-elle pas de freiner les processus diplomatiques, en temps normal déjà très lents ? Sauf, bien sûr, quand il s’agit de déclarer une guerre pour s’accaparer les ressources naturelles d’une région du monde ou abattre un potentat par trop impliqué dans le financement d’une campagne électorale dans un autre pays…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste