#FreeFariba : Iran, pays plurilingue

Contrairement à une idée reçue, si le farsi est la langue majoritaire du pays, il ne l’est pas très largement.

D’Est en Ouest et du Nord au Sud de l’Iran, d’autres langues coexistent avec le farsi. Foto: Centre Carto CIA / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Jean-Marc Claus) – La République Islamique d’Iran compte près de 85,5 millions d’habitants, soit environ 2 millions de plus que la République Fédérale d’Allemagne, sur une superficie près de 5 fois supérieure. Berceau de l’Ancien (550-300 avant JC) et du Nouvel Empire Perse (224-651 après JC), cette région du monde a actuellement pour langue officielle le farsi, mais le pays étant composé d’une mosaïque pluriethnique, d’autres parlers y ont cours.

Beaucoup d’Occidentaux considèrent encore l’Iran comme un « pays arabe ». Or, si l’écriture du farsi est fondée sur l’arabo-persan, il fait partie du groupe des idiomes indo-européens et l’arabe n’est la langue maternelle que d’une minorité d’Iraniens. Mais l’amalgame islam – arabe, laisse à tort penser qu’un pays composé de 80% de chiites et 10% de sunnites, serait d’office arabophone. Idem pour les langues, car si le farsi est la langue maternelle d’environ 50% des Iraniens, le kurde est la langue de 10% et d’autres idiomes coexistent, dont l’arabe pour 2% de la population.

La diversité ethnique est, selon le chercheur Gilles Riaux, une caractéristique de l’Iran. La Constitution de la République Islamique d’Iran a reconnu d’entrée cette diversité, par l’octroi de droits culturels aux minorités linguistiques. Il s’agissait alors de rompre avec le nationaliste pahlaviste, construit autour de la notion de persianité. Mais cette avancée n’a jamais vraiment été mise en œuvre par des mesures concrètes, d’où l’émergence progressive d’un besoin de reconnaissance, susceptible de poser des problèmes sur l’échiquier politique, comme l’analysait en 2013 le chercheur français.

Fariba Adelkhah, chercheuse franco-iranienne, toujours en résidence surveillée à Téhéran, apprécierait très certainement que les Occidentaux portent un autre regard sur l’Iran que celui imposé par des clichés, pour certains désuets et pour d’autres dégradants. Ce pays et ses populations détiennent une richesse culturelle, sur laquelle la Révolution Islamique de 1979 n’a pas fait tomber une chape de plomb. Même si des concepts tels que la liberté et les droits des femmes sont bien différents en Iran, de ce qu’on y entend en Occident, les mollahs ne sont pas les talibans et la République Islamique d’Iran n’est pas l’Émirat Islamique d’Afghanistan.

Au nombre des langues parlées en Iran, figure le kurde, de la famille des langues indo-européennes, comme le farsi. Il est concentré dans le Nord-Ouest du pays, à l’opposé du farsi qui lui, est concentré dans le Sud-Ouest. L’azéri, appartenant à la branche oghuz occidentale des langues turques, est parlé par des populations localisées au Nord-Ouest de l’Iran, dans une région nommée Azerbaïdjan Iranien.

Pour ce qui est des langues minoritaires, le circassien est parlé dans le Nord-Ouest caucasien, l’assyrien peut être entendu dans la région d’Ourmia au Nord-Ouest du pays, le géorgien est parlé par émigrés issus de la Géorgie, qui n’a pas de frontière commune avec l’Iran. L’hébreu fait également partie des langues minoritaires du pays, mais l’amitié très ancienne entre les peuples juif et perse, dépasse le conflit opposant les deux nations depuis une quarantaine d’années.

Ainsi, en 2016-2017, Farzaneh « Zipi » Cohen, chanteuse iranienne d’Israël, et Bahram Leonardo Tajabadi, chanteur d’opéra iranien vivant à Paris, ont voulu célébrer l’amitié millénaire entre les peuples juifs et iraniens, devant rester plus forte que le conflit entre Israël et l’Iran, en chantant ensemble « Ashinayeh », c’est-à-dire « le nid » en farsi, qui est le nom d’une chanson perse.

Nous développerons le sujet de cette amitié dans un prochain article, car pour Fariba Adelkhah, l’amitié entre les peuples a une importance capitale.

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