#FreeFariba : Maryam, la Reine des Mathématiques

L’Iran ne manque pas de scientifiques, et le destin de Maryam Mirzakhani est aussi singulier que celui de Fariba Adelkhah.

Un regard qui en dit long... Foto: Maryeraud9 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Dans le 7ème arrondissement de la ville de Paris, une allée est dédiée à Maryam Mirzakhani, mathématicienne ayant vécu de 1977 à 2017. Une scientifique iranienne inconnue de beaucoup de monde, excepté dans le cercle plutôt fermé des mathématiciens, car elle est la seule femme à avoir jusqu’ici obtenu la « Médaille Fields ». Récompense dont elle fut la récipiendaire en 2014, à la suite de plusieurs autres décorations et distinctions dont la liste débute vingt ans plus tôt.

Née à Téhéran, après un master obtenu à l’Université Sharif, elle est partie aux USA pour y étudier dans plusieurs universités, puis enseigner les mathématiques. Une passion que lui a transmis son frère, alors qu’elle rêvait de devenir écrivain. Mais l’histoire de Friedrich Gauss la captiva, et de l’algèbre, elle passa progressivement à la géométrie, pour se concentrer sur les formes dite inhabituelles.

Obtenant son doctorat en 2004, elle passa de Harvard à Princeton pour ensuite arriver à Stanford en 2008. C’est là qu’un cancer du sein s’étant métastasé, eut raison de son naturel optimisme, qui lui faisait dire encore deux jours avant sa mort « Plus je passais de temps à faire des maths, plus j’étais heureuse ». Animée d’une grande sensibilité artistique, elle décrivait ses travaux de recherche comme de la peinture. Ce qui, d’une certaine manière, la rapproche de Fariba Adelkhah, pour qui la littérature et les arts plastiques tiennent une place importante dans la vie.

Lors de son décès, les journaux iraniens ont enfreint les règles du port du hijab, en publiant des photos d’elle tête nue, alors qu’en 2014, lors de la remise de sa Médaille Fields, les images avaient été retouchées pour lui couvrir les cheveux. Appelée « La Reine des Mathématique » en Iran, Christiane Rousseau, alors vice-présidente de l’Union Internationale des Mathématiques, avait comparé cette remise de récompense aux Prix Nobel de chimie et physique obtenus par Marie Curie en 1903 et 1911.

Elle n’a quitté le pays qu’après 1998, année où, après une compétition de mathématiques se déroulant à Ahwaz, le bus à bord duquel elle était, s’écrasa dans un ravin après un dérapage. Un accident tragique où les deux chauffeurs et sept mathématiciens primés perdirent la vie. Récompensée à plusieurs reprises par la suite pour ses travaux, elle n’acceptait les honneurs que dans l’espoir qu’ils puissent encourager d’autres personnes à suivre son chemin.

Un destin exceptionnel pour celle qui, à l’école, rêvait de devenir écrivain et était mauvaise en maths. Elle eut pour descendance une fille, Anahita, née en 2011 de son mariage avec le mathématicien tchèque Jan Vondrák. Mais nombreuses sont les chercheuses qui peuvent aujourd’hui s’identifier à elle. Maryam Mirzakhani avait quelque chose de Fariba Adelkha et comme disent les mathématiciens, la réciproque est vraie.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste