#FreeFariba : Réincarcération…

Le 12 janvier, après 466 jours d’assignation à résidence, Fariba Adelkhah a été réincarcérée. Elle en est aujourd’hui à 956 jours de privation de liberté.

Le combat de Fariba Adelkhah pour sa liberté scientifique est aussi le nôtre. Foto: Comité de soutien

(Jean-Marc Claus) – Arrêtée à Téhéran, puis incarcérée à la prison d’Evin le 5 juin 2019, condamnée le 16 mai 2020 à cinq ans d’emprisonnement sur la base d’accusations fallacieuses, la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah avait bénéficié, le 3 octobre 2020, d’un aménagement de peine. Mais le 12 janvier dernier, obligée de quitter son domicile à Téhéran où elle était assignée à résidence, elle a été réincarcérée.

Une nouvelle diffusée le soir même dans les grands médias nationaux, sur le même format qu’un entrefilet de la presse quotidienne régionale. Il est vrai que la bataille pré-électorale et la pandémie de Covid-19 faisant rage en France, cette information pouvait ne pas être considérée comme devant figurer à la une des journaux. Pourtant, en Iran, la pandémie fait aussi rage, et le pouvoir a également besoin de se maintenir en place !

Le retour de Fariba Adelkhah en prison, est une mauvaise nouvelle à au moins deux titres. Comme le gouvernement iranien n’est pas en mesure de garantir la sécurité sanitaire des détenu(e)s, en plus de la privation du peu de liberté qui lui était accordé par son assignation à résidence, la chercheuse est maintenant à nouveau dans un contexte à risque infectieux majeur. Parallèlement à ceci, par de tels agissements, le pouvoir envoie à l’international, des signes n’allant pas dans le sens de l’apaisement.

Mais est-ce que l’Iran a l’ambition de normaliser ses relations avec le reste du monde, ou s’installe-t-il durablement dans la défiance vis-à-vis notamment de l’Occident ? Répondre par l’affirmative, en choisissant la seconde option, semble une évidence. Mais il ne faudrait pas pour autant oublier la pression exercée par les USA sur ce pays, tout comme sur Cuba dans un autre registre.

Si l’auto-proclamé plus grand pays des libertés a besoin de désigner des ennemis extérieurs pour entretenir une certaine cohésion intérieure, à combien plus forte raison, un pays six fois plus petit et quatre fois moins peuplé, n’userait pas des mêmes méthodes ? Méthodes que nous désapprouvons, quelle que soit l’entité qui les emploie, mais élément que nous soulignons ici, par refus de nous enliser dans un manichéisme absurde.

Il est urgent de se mobiliser pour la libération de Fariba Adelkhah, et de le faire régulièrement, contrairement aux médias qui parlent d’elle uniquement lorsqu’il y a « de nouvelles pièces apportées au dossier ». Mais il est tout aussi urgent de ne pas sombrer dans la facilité de la pensée binaire, en stigmatisant l’Iran et sa population. Ce pays, riche d’un passé et d’une culture millénaires, est bien plus que ceux qui le dirigent depuis 1979.

Autant ce pouvoir est-il critiquable à bien des égards, autant Fariba Adelkhah, en chercheuse appliquant rigoureusement la méthode scientifique, n’apprécierait pas que l’on s’engage pour elle et pire encore en son nom, dans une croisade d’un autre âge contre un pays qu’elle aime.

Mais nous nous joignons néanmoins au comité de soutien de Fariba Adelkhah pour appeler les autorités françaises, les élus de la République, et au-delà, les gouvernements et les élus européens à se mobiliser pour obtenir la libération immédiate et inconditionnelle de leurs ressortissant(e)s arbitrairement détenu(e)s par l’Iran.

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