#FreeFariba : Remember PS 752

Chaque 16 du mois, Eurojournalist(e) apporte son soutien à Fariba Adelkhah par un article lui étant consacré et/ou parlant de l'Iran.

Il y a un an, le vol PS 752 d’Ukraine International Airlines, était abattu, par erreur... Foto: LLBG Spotter / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – La pandémie de Covid-19 tendrait à nous le faire oublier, mais l’an dernier à cette même époque, le Monde sortait d’une crise dite américano-iranienne qui s’était jouée de fin décembre 2019 à début janvier 2020, en Iran, en Syrie et au Liban. De 2013 à 2017, lors son l’offensive contre l’État Islamique, le gouvernement irakien avait pour alliés les USA et… l’Iran.

Le jeu des alliances et désalliances, dans des contextes parfois favorables aux mésalliances, pourrait laisser croire que la politique internationale est un jeu de stratégie demandant beaucoup de finesse et une grande capacité d’anticipation. Ce qui peut être le cas, dans les salons feutrés des représentations diplomatiques. Mais ceci s’avère souvent inexact au sommet d’états où, la civilisation mise en échec par l’égo démesuré de l’un ou l’autre monarque-président ou présidant-monarque, la brutalité l’emporte invariablement.

Résultats des courses : avec 6.800 militaires engagés en Irak et en Syrie, contre 523.000 côté iranien et 200.000 côté irakien, les USA s’en tirent avec un seul mort et 114 blessés, tandis que les deux autres belligérants affichent un total de 35 morts et environ 55 blessés. On peut penser que Rambo, combattant toujours du côté des USA, n’est vraiment plus ce qu’il a été. Autant la perte d’un militaire, d’un côté comme de l’autre, demeure toujours un motif légitime de tristesse et de révolte pour ses proches, autant la mort de civils est-elle encore plus injuste.

Ces civils subissant les dommages, dits pudiquement « collatéraux », d’un conflit auquel ils sont étrangers. Ces civils étaient entre autres dans le cas de cette crise, les 176 personnes se trouvant à bord du vol PS 752 d’Ukraine International Airlines, abattu par un tir de missile sol-air le 8 janvier 2020. Ce vol à destination du Canada, s’est terminé tragiquement à Chahriar (Iran) pour 3 Britanniques, 3 Allemand(e)s, 4 Afghan(ne)s, 10 Suédoi(se)s, 11 Ukrainien(ne)s, 63 Canadien(ne)s, 82 Iranien(ne)s. C’était parait-il, une regrettable erreur de tir…

Fariba Adelkhah fait elle aussi partie, des nombreuses victimes de « dommages collatéraux » de conflits dont les enjeux la dépassent. Plus versée dans la connaissance des rapports de force locaux-régionaux et internationaux que la plupart des passagers du vol PS 752, elle n’en demeure pas moins un pion sur un échiquier gigantesque. Un échiquier à la mesure de la planète car aujourd’hui tout étant lié, son sort est bien moins enviable que celui de Richard Cœur de Lion capturé à Vienne en 1192 par le Duc Léopold.

En ce temps-là, les USA n’existaient pas, et les tribus amérindiennes en occupant le territoire, avaient infiniment mieux à faire qu’à cultiver l’impérialisme. La politique internationale, quoique déjà complexe et prenant également en compte le Proche-Orient, n’était pas à la merci des caprices et sauts d’humeur du président fantasque d’une grande puissance pouvant projeter ses forces armées par-delà les océans.

L’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, et surtout l’éviction de Donald Trump de l’échiquier international, vont peut-être rendre l’air moins irrespirable et, sait-on jamais, contribuer à la libération de Fariba Adelkhah. N’oublions pas pour autant les autres victimes de dommages collatéraux…

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