#FreeFariba : Trois femmes

Fariba Adelkhah est incarcérée depuis trois ans en Iran ; Parisa et Yekta ont réussi à fuir en Allemagne.

Fariba Adelkhah est, pour encore deux ans, du mauvais côté des barbelés... Foto: Caroline Borges / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Alors que le 5 juin, Fariba Adelkhah comptabilisait trois ans de réclusion, courant mai et début juin, deux haltérophiles iraniennes renommées, ont quitté le pays. Quels rapports y a-t-il entre elles ? Au moins deux : exceller dans leurs domaines respectifs et aspirer à la liberté. Opposer deux sportives à une intellectuelle, en se cantonnant dans la logique binaire chère aux ultras de tous crins, n’a alors plus guère de sens.

A plus forte raison quand les sportives en question, n’ont rien à voir avec certains footballeurs sous-cortiqués, se donnant en spectacle tant par les frasques de leurs vies privées qu’en se tortillant de pseudo-douleur sur les pelouses des stades. Mais qui plus est, à entendre Parisa Jahanfekrian (27 ans) et Yekta Jamali (17 ans), on ne peut que constater qu’elles en ont dans le citron. Par ailleurs, personne ne peut leur reprocher de ne pas avoir fait tout leur possible pour honorer leur pays.

Payée 3 fois 30$ en 3 ans, Parisa Jahanfekrian témoignait dans « Inside the games », qu’en plus de discriminations salariales hallucinantes, les athlètes féminines iraniennes subissent la pression de la loi islamique et l’ostracisation. Devant travailler comme préparatrice physique pour vivre, lorsqu’elle se rendait au camp d’entraînement national, elle ne pouvait compter que sur ses maigres économies.

Interdites de réseaux sociaux, d’interviews à des médias étrangers, les haltérophiles iraniennes font en plus l’objet de critiques dans certains médias nationaux. Pratiquant un sport jugé contraire à la maternité, car pouvant endommager seins et ovaires, elles ne doivent pas susciter des vocations ! Par ailleurs, toute plainte donne lieu à une convocation en commission disciplinaire. Ce qu’a vécu Parisa Jahanfekrian l’an dernier, cela lui coûtant alors une suspension.

Interdite jusqu’en 2018, l’haltérophilie féminine a été autorisée en vue de qualifier les femmes pour les Jeux Olympiques de 2024 à Paris. Or, les discriminations dont font l’objet les sportives de haut niveau qui ont émergé depuis, aboutissent à les faire fuir, alors qu’elles voulaient représenter leur pays. D’où les adieux formulés par Parisa Jahanfekrian sur son compte Instagram le 13 mai dernier.

Deux jours plus tôt en Grèce, Yekta Jamali quittait l’hôtel hébergeant l’équipe nationale iranienne, lors de sa participation aux Championnats du Monde Junior. Ce qui fit perdre à l’Iran, en une semaine, deux sportives de haut niveau, ces dernières ayant trouvé refuge en Allemagne. Les Jeux Olympiques de Tokyo de 2020 reportés à 2021 pour l’une, les Championnats du Monde Junior de 2022 pour l’autre, furent leurs dernières participations à des compétitions internationales sous les couleurs de l’Iran.

Fariba Adelkhah, scientifique de renom détenue injustement depuis 3 ans en Iran, Parisa athlète de haut niveau payée 3 x 30$ en 3 ans, Yekta championne en devenir ne voulant connaître ni l’une ni l’autre des situations des précédentes, les parcours de ces trois femmes âgées de 63, 27 et 17 ans en disent très long sur un certain obscurantisme à l’opposé de l’Age d’Or de l’Islam

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