#FreeFariba : Une mosaïque de visages

Chaque 16 du mois, Eurojournalist(e) apporte son soutien à Fariba Adelkhah par un article lui étant consacré et/ou parlant de l'Iran.

Visible sur le site du comité de soutien, la vidéo fait défiler les photos d’une partie de celle et ceux qui se mobilisent pour Fariba Adelkhah. Foto: ScS du site du comité de soutien

(Jean-Marc Claus) – Deux ans après son arrestation, les motifs réels de l’incarcération et de la condamnation de Fariba Adelkhah, restent toujours aussi obscurs. Motifs obscurs allant de pair avec un certain obscurantisme, dont elle n’accepterait pas que, dans un élan de stupide manichéisme, nous taxions l’ensemble de la société iranienne, réduisant alors l’histoire et la culture millénaires d’un pays, à un régime en place depuis à peine quelques dizaines d’années.

L’Iran de Fariba Adelkhah est multiple, comme nous nous attachons à en rendre compte à travers ces articles mensuels. Il suffit de lire ses écrits, ou de l’écouter pour s’en rendre compte : l’uniformité est aux antipodes de ses valeurs et s’avère incompatible avec sa grille d’analyse. N’ayant jamais eu d’engagement politique, elle fait partie des prisonniers scientifiques détenus à Téhéran. La prison d’Évin est d’ailleurs qualifiée de « Petite Sorbonne », par le chercheur Jean-François Bayart .

Visiblement, en l’actuelle République Islamique d’Iran, la recherche est vue comme une menace, à moins que, comme l’écrit Sandrine Perrot, membre du comité de soutien de Fariba, « elle ne soit une prisonnière poétique pour les traductions en persan de poèmes mystiques français qu’elle publiait sur un site littéraire iranien ». Preuves supplémentaires, si besoin en était encore, de l’ouverture d’esprit de cette anthropologue aux multiples talents.

Dès la mi-mai, Béatrice Hibou, collègue de Fariba Adelkhah, avait sollicité par courriel les contacts du comité de soutien auquel elle participe activement. L’un des projets, en vue de ce « triste anniversaire », était une manifestation virtuelle sous forme de vidéo diffusée le 5 juin. Si la nouvelle banderole, dévoilée le même jour sur la façade de la mairie de Paris Centre, fait forte impression, la volée de visages défilant sur le film parle d’une autre manière.

Tous ces regards, profondément humains, sont autant de pierres dont Fariba Adelkhah saura faire une mosaïque, comme lorsqu’elle nous a souhaité en mars dernier un joyeux « Norouz ». Visages de tous âges, de tous genres, de toutes classes sociales, en individuel ou en groupe, en intérieur ou en extérieur, au travail ou à la maison, de graves à enjoués, autant d’individualités avec pour seul point commun : un panneau portant le mot-dièse #FreeFariba.

Un mot-dièse pour Fariba Adelkhah, ce n’est pas une première, car #FreeFariba est apparu très tôt sur la toile. Par contre, associé à cette mosaïque de visages, lors de ce « triste anniversaire », il signifie, comme sur une partition musicale, un élèvement de la note d’un demi-ton. Ce qui n’est pas peu dire, car en regard des individus lambda haussant le ton, le silence des chancelleries devient tonitruant. Mais il est vrai que l’essentiel du travail diplomatique, se fait en toute discrétion et sans éclats de voix…

Cependant, la mobilisation au grand jour de tout un chacun, demeure un puissant levier, car laisser sombrer Fariba Adelkhah dans l’oubli, l’aurait très probablement condamné à mourir en prison. Son transfert en résidence surveillée, en octobre dernier, est une mesure de clémence plutôt inhabituelle dans l’actuelle Iran. Alors, même si elle a aux yeux du gouvernement iranien, plus de potentielle valeur vivante que morte, notamment en termes d’échange ou de moyen de pression, la préservation de son intégrité physique et morale relève aussi de l’engagement de chacun d’entre nous.

Deux ans d’emprisonnement, de nombreuses manifestations entre temps, ce mois-ci une mosaïque de visages et un seul mot d’ordre : #FreeFariba !

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