Fronde antivax au Portugal ?

Selon un récent sondage, plus d’un tiers des Portugais(es) ne croiraient pas en l’efficacité du vaccin anti-covid.

La stratégie vaccinale du Portugal passerait-elle par un goulot d’étranglement ? Foto: FlyingCrimsonPig / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Alors que le Portugal, pays particulièrement bien placé dans la publication de la Commission Européenne « State of Vaccine Confidence in the UE 2018 », prépare activement sa campagne de vaccination anti-covid, une étude pluri-directionnelle d’Eurosondage réalisée pour la chaîne de télévision « Porto Canal » et l’hebdomadaire « Sol », annonçait mi-décembre que plus d’un tiers des Portugais(es) ne croient pas à l’efficacité de ce vaccin. De quoi apporter de l’eau au moulin – à paroles – des antivax, si l’on veut regarder cela par le petit bout de la lorgnette.

Or cette étude pluri-directionnelle basée sur 1.020 entretiens téléphoniques, questionnait entre autres sujets, sur la nouvelle  candidature de Marcelo Rebelo de Sousa à la présidence de la République, et établissait son traditionnel baromètre de la confiance envers les députés. De ces derniers éléments, l’agence de presse « Lusa » rapporte que pour 72% des personnes interrogées,  Marcelo Rebelo de Sousa a raison de se représenter, et que la cote du Parti Socialiste, dont est issu le Premier Ministre António Costa, connaissait une croissance de 2,4 points l’amenant ainsi à 38,8%.

En clair, si on se fie au panel de personnes interrogées, les Portugais(es) font confiance à leur président issu du centre-droite (PSD) et à leur Premier Ministre de gauche (PS). Mieux encore : selon le baromètre d’Eurodondage, malgré la montée inquiétante de l’extrême-droite (Chega), la gauche au sens large, recueille 53,3% des avis favorables des sondé(e)s. Ce qui place la question de la défiance vis-à-vis de la vaccination anti-covid, dans un contexte totalement différent de la France ou de l’Allemagne, pour ne citer que ces deux pays européens. Défiance à laquelle le Gouvernement Costa entend répondre en luttant activement contre la désinformation.

Francisco Ramos, le responsable de la « task force » créée pour cette campagne vaccinale, annonçait la livraison de 9.750 doses de vaccin en décembre, destinées exclusivement aux personnels de santé. Choix fait par António Costa lui-même, car ce premier lot ne permettrait de vacciner qu’un trop faible nombre des 90.000 personnes âgées résidant en maison de retraite médicalisée. Mais les lots arrivant de janvier à mars, représentant un total de 1.219.725 doses, permettront de très rapidement protéger les personnes potentiellement fragiles. Les contrats signés pour le Portugal portent sur 22 millions de doses, pour une population de 10,3 millions d’habitants.

Cette vaccination fait débat à l’Assemblée de la République. Mais certains parlementaires de gauche mettent l’accent sur l’impérieuse nécessité de renforcer le Service National de Santé (SNS). Nécessité rappelée, à toutes fins utiles, aux députés socialistes solidaires du Premier Ministre. João Oliveira, président du groupe parlementaire du Parti Communiste Portugais (PCP), demandant à ce que cette campagne de vaccination soit effectuée avec la plus grande efficacité, souhaite que les personnes âgées ne vivant pas en institutions, soient vaccinées dès que possible. Ceci nécessite une réelle articulation entre les différentes autorités sanitaires, tant publiques que privées.

Inês Sousa Real, membre du parti Personnes-Animaux-Nature (PAN), voyant dans la perspective vaccinale un signe d’espoir, renvoie à ceux souhaitant se débarrasser de l’État Social, son caractère essentiel de garant dans les actuelles crises. Du côté des écologistes (Os Verdes), Marina Silva considère que le vaccin peut être un moyen de sortir du cauchemar, mais qu’il ne dispense pas de lutter contre la pandémie dans sa globalité, notamment en renforçant le Service National de Santé.

C’est pourquoi Pedro Filipe Soares, leader du Bloc de Gauche (BE), soutenant le programme de vaccination, précise qu’il doit être mené sous l’autorité du service public à laquelle le secteur privé doit se soumettre. Quant au renouvellement de l’état d’urgence, les avis sont partagés dans la partie gauche de l’arc politique, mais sur la question de la vaccination, tous se placent dans la même perspective que le Premier ministre socialiste et le Président de la République issu du centre-droite.

Il faut peut-être, dans la masse d’infox circulant sur les réseaux sociaux, chercher l’origine du manque de confiance dans le vaccin anti-covid exprimé par plus d’un tiers des personnes interrogées lors de l’étude susnommée. Au Portugal, comme partout en Europe, certaines sources sont plus fiables que d’autres. Mais ces dernières, telles qu’en France le « Journal du CNRS » ou les dossiers de l’INSERM, produisent une littérature souvent plus ardue et toujours plus complète, que certaines rodomontades antivax et complotistes dont trop de nos contemporains deviennent malheureusement de plus en plus friands. On ne peut alors exclure que le Portugal y échappe…

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