Front syndical – la CFDT l’emporte sur la CGT !

Alain Howiller analyse la situation actuelle des syndicats en France.

Au siège de la CFDT à Paris-La Villette, on n'est pas mécontent des résultats de l'élection professionnelle. Foto: Gérald Garitan / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Alain Howiller) – Secrétaire général du syndicat dit « contestataire » de la « Confédération Générale du Travail – CGT », Philippe Martinez avait beaucoup misé sur un succès aux récentes élections professionnelles organisées du 22 Mars au 6 Avril dans les « Très Petites Entreprises – TPE », celles qui emploient moins de 11 salariés ! Il s’agissait de désigner, à travers un scrutin mis en place en 2010, les élus (délégués syndicaux, délégués du personnel, membres des conseils économiques et sociaux qui tiennent lieu de Comités d’Entreprises, candidats aux fonctions de juges prud’homaux) qui représentent les… 5 millions de salariés employés dans ces structures ! L’enjeu de la consultation était loin d’être négligeable, même si, traditionnellement, le taux de participation aux votes était faible : 7,3% en 2017, …5,4% en 2021 !

Le secrétaire général de la CGT comptait, néanmoins, sur une victoire pour retrouver la place de premier syndicat que lui avait ravie la « Confédération Française Démocratique du Travail – CFDT », l’organisation dite « réformiste » dirigée par Laurent Berger.

La CGT l’emporte et pourtant ! – Le duel se traduira par la victoire de Philippe Martinez : son syndicat l’emportait sur la CFDT en recueillant 26,3% des suffrages devant son « concurrent » à la deuxième place, crédité de 16,4% des voix. Contesté dans son syndicat, dont la représentativité ne cessait de s’éroder au fil des ans, malgré sa combativité (et des retrouvailles avec le Parti Communiste, son mentor d’hier !), le leader syndical avait besoin de cette victoire pour conforter son image dans un monde du travail où, je le rappelle, le taux de syndicalisation est l’un des plus faibles de l’Union Européenne : 8,4% seulement dans le secteur privé contre 20% en 1960. En Allemagne, le taux est de 20%, alors qu’il est de 23% en moyenne dans l’Union Européenne.

Il n’est pas inutile, dans ce contexte, de souligner que selon un sondage réalisé pour le « think tank – Institut de l’Entreprise », 36% des sondés avaient estimé que les syndicats n’avaient pas été à la hauteur de la situation générée par la Covid-19. Un regard critique qu’ils n’étaient pas loin de partager avec les hommes politiques : les sondés estimaient, en effet, que 25% de ces derniers n’étaient pas davantage à la hauteur !

Une victoire à la… « Pyrrhus »… – Mais en consultant les statistiques que le Ministère du Travail vient de publier, on ne peut que constater que la « victoire » de Philippe Martinez est, en fait, une « victoire à la Pyrrhus ». Certes, le secrétaire de la CGT avait cru devoir saluer les résultats obtenus dans les TPE : « Nous sommes satisfaits que la CGT reste la première organisation syndicale et qu’elle progresse de plus de 1%, avec une progression y compris chez les cadres. Pour autant, on ne peut pas se satisfaire d’un tel taux de participation », avait-il commenté avant que le Ministère ne publie le résultat synthétique des élections professionnelles des quatre dernières années.

En ayant recueilli 26,77% des suffrages, la CFDT conforte sa première place dans le secteur privé, devant la CGT (22,96% des suffrages) et FO (15,24%). Le syndicat « Confédération Française des Travailleurs Chrétiens – CFTC », qui a fêté ses 100 ans d’existence (eurojournalist.eu du 22.11.2019), se retrouve en cinquième position avec 9,50% des suffrages.

Grand Est : quand la CFDT succède à la CGT ! – « La CFDT conforte son avance dans la dernière mesure d’audience des organisations syndicales face à la CGT qui recule sensiblement », note benoîtement le syndicat qui conclut : « ce résultat est le fruit de l’engagement à leurs côtés de dizaines de milliers de militantes et de militants CFDT. Il nous confère une grande responsabilité… La CFDT conforte sa place de numéro un… » Sur le plan de la région Grand Est, la CFDT peut faire valoir un autre succès : Marie-Claude Briet-Clémont, première vice-présidente -au titre de la CFDT- du « Conseil Economique, Social et Environnemental Régional (CESER) du Grand Est » vient d’être élue à la présidence du conseil qui réunit les socio-professionnels. Elle succède à un président qui appartenait à la… CGT !

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