¡Fuera Petroleras!

Dehors les compagnies pétrolières ! C’est avec ce slogan, qu’il y a dix ans, les Canariens engageaient la lutte contre la compagnie pétrolière « Repsol » et le gouvernement central.

Pas de marées noires aux Canaries. Foto: José Mesa / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Aux Îles Canaries, il est un nom de compagnie pétrolière qui hérisse le poil de plus d’un : « Repsol ». Fondée en 1987, suite à la fusion de plusieurs sociétés pétrolières, pétrochimiques et gazières espagnoles, elle ambitionne par son slogan d’inventer le futur (« Inventemos el futuro »). Un futur qui ne fut pas si simple dans l’archipel canarien, au large duquel Repsol espérait, il y a maintenant dix ans, trouver et exploiter des gisements d’hydrocarbures.

Une autorisation de forage accordée en 2001, avait été annulée trois ans plus tard par la Cour Suprême, pour défaut de garanties environnementales. En 2012, le Ministre de l’Industrie, de l’Énergie et du Tourisme José Manuel Soria López, membre du Partido Popular (PP) et faisant carrière dans l’archipel depuis 1995 en commençant par un mandat de maire, avait ressorti le dossier contenant le décret royal et les permis de forage.

Ce qui provoqua une levée de boucliers des insulaires, avec pour arrière-plan une rivalité entre José Manuel Soria López et Paulino Rivero Baute. Ce dernier, membre de la Coalición Canaria (CC), parti de régionaliste de centre-droite, dirigeait le gouvernement de l’archipel dans le cadre d’un pacte avec le Partido Socialista Canario – Partido Socialista Obrero Español (PSC-PSOE). Paulino Rivero Baute était alors président du Gouvernement des Canaries (2007-2015), et avait eu dans le cadre d’une coalition avec le Partido Popular (PP), José Manuel Soria López comme vice-président (2007-2010).

La plupart des exécutifs de l’archipel et de nombreuses associations, dont Greenpeace, sont rapidement montées au créneau. Il y eut des manifestations durant des mois, l’une des plus importantes rassemblant 70.000 personnes. Recours en justice rejetés, initiative de consultation citoyenne suspendue par la Cour Constitutionnelle, la tension était forte au point que Paulino Rivero Baute menace de rompre les relations avec l’État et en appelle à une médiation royale.

Le président de Repsol, Antonio Brufau, s’était rendu sur place avec un dispositif de sécurité digne d’un chef de gouvernement, pour faire miroiter aux populations la création de milliers d’emplois. Ce qui ne convainquit pas grand monde, mais les forages effectués par le navire « Rowan Reinaissance », commencèrent fin 2014, sous la protection de la Marine. C’est là que Greenpeace intervint avec l’Arctic Sunrise, et que son zodiac fut percuté par deux bateaux du patrouilleur militaire chargé de la protection du navire de forage, blessant alors un militant italien.

L’arrivée à Arrecife de l’Arctic Sunrise fut acclamée par la foule, et même si la Marine avait immédiatement héliporté vers l’hôpital le blessé, victime d’un fracture et de deux coupures, le gouvernement central perdit la bataille de la communication. La situation restant encore très tendue, mais les résultats des forages à 60 km au large de Lanzarote et Fuerteventura s’avérant décevants, la prospection s’arrêta début 2015.

Que retenir de cette histoire ? D’abord que les luttes payent, mais aussi que le contexte dans lequel elles se déroulent, a un caractère déterminant. Par ailleurs, il n’est pas certain que si les forages de Respol s’étaient avérés prometteurs, le peuple canarien en soit resté aux manifestations pacifiques, car le tourisme, par endroit exploité excessivement, reste le meilleur filon de l’archipel. Une ressource renouvelable, quand elle est bien gérée, comme par exemple à El Hierro, La Gomera, Lanzarote ou La Palma. Ce qui en termes de développement durable, dépasse de loin l’industrie pétrolière…

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