Fusion des régions : Bienvenue chez les Allochards !

Les habitants de la nouvelle région ALsace - LOrraine - CHampagne - ARdenne s’appelleront, logiquement, les «Allochards». Et la région sera «l’Allochardie».

Au bout d'une génération, Alsaciens, Lorrains et Champenois se transformeront en "Allochards". Pas beau à voir. Foto: Daantjuh92 / Wikimedia Commons / GNU 1.2

(KL) – La nouvelle région à l’Est de la France comptera 5,5 millions d’habitants et s’étendra des portes de Paris jusqu’aux rives du Rhin. Les habitants de l’Allochardie orientale (autrefois appelée «Alsace») déplorent que l’état français ait ainsi «tué» leur identité régionale. Le patrimoine «alsacien» est perdu à tout jamais, l’avenir de l’Allochardie orientale s’annonce morose.

Projetons-nous en l’an 2035 pour pouvoir évaluer les dégâts qu’aura occasionné la fusion des régions décidé en 2014 par le gouvernement socialiste. Le constat est grave – l’identité alsacienne qui s’était forgée pendant plus de deux millénaires, n’existe plus. Seuls quelques vieux dans des villages situés dans des vallées vosgiens reculés comprennent encore le dialecte «alsacien» et n’ont pas encore intégré le parler allochard. Même la symbolique fait mal. Dans les armes de l’Allochardie, la cigogne a été remplacée par le cerf bleu des Ardennes (un cerf bleu, non mais !) – le patrimoine «alsacien» est tombé dans les oubliettes.

En Allochardie occidentale, l’ancienne Champagne, on s’en est bien sorti depuis 2014. Le secteur économique qui rapporte le plus, ce sont les péages qui contrôlent l’accès à la capitale. Outre le fameux vin mousseux qui s’exporte si bien dans le monde entier, on y cultive du houblon pour les brasseries qui ont été délocalisées depuis l’Allochardie orientale vers l’Allochardie du Nord, l’ancienne Lorraine, où elles ont remplacé l’industrie lourde. Tout le monde est gagnant, sauf l’Allochardie orientale.

La gastronomie «alsacienne» n’existe plus. Le traditionnel «Flammekueche» a disparu des menus des restaurants, à Strasbourg, on ne mange plus que du sanglier provenant des forets des Ardennes, souvent accompagné de «Waterzooi», cette soupe belge, car chez les Allochards, on vit sur un mode franco-belge-luxembourgeois, après qu’un mur avait été construit en 2023 le long du Rhin pour marquer à nouveau la frontière avec l’Allemagne. La «Ligne Maginot 2.0» signifiait aussi la fin du travail transfrontalier en Allemagne, mais puisque la pratique de la langue allemande avait été interdite en 2021, le travail transfrontalier aurait de toute manière disparu.

En Allochardie orientale, on avait contesté la décision d’implanter le service du Contrôle Technique pour les voitures à Givors, à plus de 300 kilomètre de Strasbourg, mais dans le cadre du plan de développement régional (soutenu par Interreg VII), il fallait bien faire quelque chose pour cette petite ville tout au nord de l’Allochardie. Mais les Allochards ne sont pas du genre à se plaindre – après tout, les habitants de Reims doivent aussi se rendre à Strasbourg pour y acheter leur timbres fiscaux.

La langue ? Ah, la langue ! Chez les Allochards, on parle un patois que plus personne ne comprend, même pas les Allochards eux-mêmes. C’est dramatique. Ce patois, un mélange de Français et du Letzebüergsch s’est répandu depuis le nord de la Lorraine et les habitants de l’Allochardie orientale n’avaient pas la force culturelle pour se défendre contre ce dialecte que l’on ne comprend pas ailleurs que le long de la frontière avec le Luxembourg.

Economiquement, l’Allochardie orientale est à l’agonie. Le chômage y est trois fois supérieur à celui de l’Allochardie du Nord, donc dans la région autrefois appelée Lorraine. La ville de Thionville est devenue le centre économique de l’Allochardie, une évolution que peu d’observateurs n’avaient prévu, mais l’implantation de la robotique d’un groupe chinois à Thionville avait tout changé. Strasbourg se meurt, Thionville fleurit. Avec 290 000 habitants, Thionville est devenu la première ville d’Allochardie et on va muter le siège du Parlement allochard de Strasbourg à Thionville. Après le déménagement des institutions européennes en 2023, on assiste au déclin définitif de la ville de Strasbourg.

Mais qui pouvait soupçonner que la culture et l’identité alsacienne n’allaient pas faire le poids face à l’impérialisme culturel allochard ? Une si vieille culture, lâchement assassinée par un gouvernement socialiste ! Quelle ironie de l’histoire – en 2030, le PS aura disparu depuis plusieurs années et le PRA (Parti du Rassemblement des Allochards) gouverne l’Allochardie d’une main de fer. Il n’existe plus aucune opposition politique en Allochardie orientale et la Plaine Rhénane est en proie d’une désertification spectaculaire. Sur les rives du Rhin, c’est la désolation la plus totale.

Pourtant, en 2014, les députés conservateurs d’un parti qui n’existe plus non plus (UMP), avaient mis en garde la population – «Ne tuez pas l’Alsace», avaient-ils demandé aux députés dans l’Assemblée Nationale, en vain. La mise à mort de cette culture européenne exceptionnelle n’aura donc duré qu’une génération.

Si l’Allochardie du Nord, en 2035, sera la grande gagnante de cette fusion, si l’Allochardie occidentale s’en est bien tirée, l’Allochardie orientale aura tout perdu. Son visage, sa gastronomie, sa position transfrontalière, les institutions européennes, sa langue, son identité, son âme.

Voilà ce qui arrivera inévitablement d’ici 2035. Et le pire dans tout cela – le Marché de Noel a été déplacé à Metz. A Metz ! Après plus de 450 éditions, le célèbre «Christkindelmärik» avait été délocalisé à Metz, suite à un vote au Parlement Allochard où les élus de l’Allochardie orientale sont, bien entendu, minoritaires. Oui, ceux qu’on nommait à l’époque «les Alsaciens» avaient raison de se battre contre cette fusion en 2014, fusion que l’on surnomme aujourd’hui en Allochardie orientale la «fusion meurtrière».

Mais maintenant, il est trop tard. L’Alsace n’existe plus. Bienvenue chez les Allochards !

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