Grèce, réfugiés, Europe – le rôle des médias

Les médias de masse influencent l’opinion politique – sagement dans l’intérêt de la politique et de l’économie. Ainsi, ils contribuent à l’émergence de la xénophobie en Europe.

De nombreux médias soutiennent aujourd'hui la "communication politique" destinée à manipuler l'opinion publique. Foto: Bundesarchiv, Bild B 145 - F079099-0023 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

(KL) – La majorité des allemands ne veut plus que l’Europe soutienne la Grèce. La crise en Grèce est actuellement traité comme un évènement sportif, mais à la différence du sport où il est difficile de mentir sur les résultats, en politique, l’intox massive crée des mouvements dits «populaires» dont on assiste actuellement, impuissant, à l’éruption dans la rue. Si les Allemands ont perdu le sens de la solidarité avec la Grèce, pays pillé et malmené par l’Allemagne nazie, les actes violents et xénophobes en Allemagne ont la même cause – la peur stimulée par de grands médias comme la BILD. Il faut que ça cesse.

A Freital en Saxe, des xénophobes manifestent de manière aggressive devant un centre d’accueil pour réfugiés – sur le fond de la «dédiabolisation» de positions xénophobes et racistes transportées par ces médias. A force de répéter des bêtises du genre «Le bateau est plein» ou «plus de milliards pour ces Grecs avides», l’opinion public change. En pensant réellement que les réfugiés arrivant en Allemagne ou la solidarité avec la Grèce puisse mettre en péril le propre bien-être et son petit confort.

Parfois, même en tant que journaliste, on a du mal à comprendre les mécanismes qui font que de grands médias contribuent ainsi à l’émergence d’une nouvelle haine, d’un nouveau nationalisme. Ce qui manque en Allemagne, ce sont de nouveaux médias, comme celle de nos confrères de «Mediapart» en France – qui aujourd’hui, constitue une plate-forme investigative qui constitue un vrai casse-tête pour une caste politique ayant l’habitude de contrôler l’opinion publique et ce, avec une partie participative permettant aux lecteurs (citoyens), de participer aux débats politiques et de société.

Bien sûr, et malgré «Charlie», les médias indépendants ne bénéficient d’aucun soutien public – contrairement aux médias qui publient fidèlement toutes les intox que les gouvernements souhaitent «communiquer». Il est évident que le pouvoir public ne peut soutenir de médias qui ont pour objectif d’exercer de la transparence sur des agissements qui ont lieu derrière des portes fermées – cela reviendrait à financer son plus grand ennemi. Car le seul ennemi de la corruption, ce sont (théoriquement) les médias. Qui eux, sousestiment l’importance de leur rôle. Car sans les actions répétés de ces médias, les gens n’iraient pas casser les vitres et menacer les habitants des centres d’accueil pour réfugiés, ils demanderaient aux gouvernements d’agir dans l’intérêt du peuple grec qui souffre, tout comme les Portugais, les Espagnols et d’autres. Pourquoi la BILD ne publie pas des informations sur l’utilisation des milliards injectés en Grèce, qui n’ont jamais servi à relancer le pays ou à améliorer les conditions de vie des Grecs, mais qui sont arrivées presque exclusivement sur les comptes des grands établissements financiers ? Si les gens savaient ce qui se passe réellement, ils n’afficheraient pas la même haine.

N’est-ce pas le rôle des médias d’informer les gens ? De regarder en dessous de la surface, de poser les bonnes questions ? Ne doivent-ils pas contribuer à une prise de conscience des citoyens quant aux réalités politiques ? Et pourquoi est-ce que les responsables politiques se limitent à parler d’une «liberté de presse» qui n’existe plus ? Lorsque «Mediapart» avait publié de grands dossiers sur les agissements de l’industriel de l’armement Serge Dassault, non seulement les tribunaux les a censuré en ordonnant la dépublication de ces dossiers sous peine d’amendes qui auraient signifié la fin de «Mediapart», mais de plus, la politique s’y est melée en tentant d’imposer, de maniére rétroactive, un taux de TVA largement supérieur à celui en vigeur pour d’autres médias – une autre tentative de faire taire une voix libre. Et «Charlie» dans tout cela ?

Chez nous, dans la région du Rhin Supérieur, les responsables ont démandé déjà en 2004, dans le cadre de la Conférence du Rhin Supérieur, «l’émergence de nouveaux médias bilingues, de préférence sur Internet, facile d’accès»…, tout en déclarant que de telles initiatives devraient bénéficier «des soutiens privés et publics». Le document qui donne cette orientation qu’actuellement, seul «Eurojournalist(e)» met en oeuvre, porte les signatures de regretté Adrien Zeller, du Ministre-Président de la Rhénanie-Palatinat de l’époque Kurt Beck et de l’ensemble des acteurs politiques du Rhin Supérieur. Depuis, lors de nombreuses manifestations, comme les «Forums Trinationaux de la Région Métropolitaine du Rhin Supérieur» ou les «Rencontres élus-citoyens» organisées par l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, la société civile a multiplié les demandes à ce que des médias comme le premier quotidien franco-allemand en ligne soit soutenu. Il n’est est toujours rien. Depuis sept ans, l’équipe d’Eurojournalist(e), avec des moyens extrêmement limités, travaille tous les jours à faire vivre ce média (certes pas toujours facile…).

Aujourd’hui, nous sommes déterminés à développer «Eurojournalist(e)» de manière plus structurée, en coopération avec nos partenaires. A la rentrée, nous comptons ouvrir deux rédactions, une à Strasbourg, l’autre à Freiburg, pour étoffer au fur et à mesure notre offre rédactionnelle. Nous allons également approfondir notre coopération avec «Mediapart» (vous pourrez suivre nos articles principaux également dans le cadre de notre «Edition Eurojournalist(e)» sur «Mediapart» où souvent, nos billets paraissent en avant-première et où ils sont, à croire les statistiques, très appréciés par le lectorat national en France. Dans la même perspective et en coopération avec un autre partenaire de toujours, la chaîne TV du Parlement Européen «EuroparlTV», nous allons étendre notre »couverture de l’actualité européenne. Conscients que notre ligne éditoriale ne plaît pas toujours à tout le monde, nous estimons que nous avons quand même un rôle à jouer et que le «journalisme d’opinion» que nous défendons, a parfaitement sa place dans le paysage médiatique. Donc, à la rentrée, nous espérons beaucoup pouvoir vous surprendre… D’ici là, ne croyez pas tout ce que les grands médias vous disent. Car souvent, ils ne disent pas toute la vérité…

2 Kommentare zu Grèce, réfugiés, Europe – le rôle des médias

  1. Veronika Rauch-Klingmann // 29. Juni 2015 um 11:26 // Antworten

    Es wäre gut, wenn so mancher Artikel (wie dieser) auch auf Deutsch veröffentlicht würde.
    MfG
    V. Rauch-Klingmann

  2. Ich nehm das mal als Kompliment… :-) Wir übersetzen unsere Artikel ganz bewusst nicht, denn eines der Ziele dieser ersten deutsch-französischen Online-Zeitung ist es, einen Beitrag zur Zweisprachigkeit zu leisten. Wir erhalten viele Rückmeldungen, dass sich LeserInnen auch an den Artikeln in der jeweils anderen Sprache versuchen und das wollen wir auch. Daher versuchen wir auch, Themen häufig aus beiden Blickwinkeln zu behandeln. Wenn es dabei gelegentlich zu Frustrationen kommt, dann tut uns das wirklich leid. Aber auf jeden Fall vielen Dank für Ihre Rückmeldung – wir werden weiterhin tapfer daran arbeiten, uns weiter zu verbessern uns umfangreicher zu berichten! Beste Grüße KL

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