Grèce : Wolfgang Schäuble – le fossoyeur de l’Europe

En 1990, Wolfgang Schäuble signait les accords rattachant la RDA à l’Allemagne de l’Ouest - dans des conditions comparables à celles qui règnent aujourd’hui en Grèce.

On ne peut pas s'empêcher de penser que Wolfgang Schäuble veut se venger sur le peuple grec. Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(KL) – Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, est l’un des acteurs principaux dans le dossier de la Grèce. Il fut également l’un des acteurs principaux dans l’unification allemande en 1990 – et les deux dossiers sont parfaitement comparables. Ce qui n’est pas comparable, c’est le comportement de cet homme politique qui actuellement, met tout en œuvre pour enterrer l’idée d’une Europe solidaire et humaniste.

Etrangement, la RDA en 1990 et la Grèce en 2015, souffrent des mêmes symptômes. Dirigées pendant trop longtemps par des castes politiques irresponsables, corrompues et profiteuses, ayant gonflé les dépenses sans assurer les entrées d’argent, se permettant le luxe d’une administration aussi omniprésente qu’inefficace, trainant des dettes accumulées par des gouvernements du passé – la situation dans les deux pays est la même. Et dans les deux cas, l’homme chargé par le gouvernement allemand pour trouver des solutions, est le même – Wolfgang Schäuble.

La constitution allemande, le «Grundgesetz», stipulait dans un préambule (avant 1990) que le but suprême de la politique allemande était «l‘unification et la liberté de l‘Allemagne» – et cette unification n’avait pas de prix. Lorsque Wolfgang Schäuble signait l’acte d’adhésion de la RDA à la RFA en 1990, il savait parfaitement que la RDA ne remplissait aucun paramètre économique pour réaliser une union économique avec la RFA – mais là, il s’agissait de réaliser un objectif politique supérieur pour lequel l’Allemagne et Wolfgang Schäuble acceptaient volontiers le coût de plusieurs centaines de milliards (!) d’euros.

Les traités de Maastricht comportent également un préambule qui va dans le même sens. «En vue de la signification historique […] nous sommes déterminés de porter l‘intégration du continent européen à un nouveau niveau» – ce qui devrait constituer pour la politique européenne, une mission sacrée de sauver la Grèce comme l’Allemagne avait sauvé la RDA.

Mais Wolfgang Schäuble, homme aigri par son destin personnel certes pas facile, semble vouloir se venger sur le peuple grec d’avoir eu le culot d’avoir élu un gouvernement de gauche qui poursuit l’objectif d’en finir avec cette «Europe des marchés financiers» que Wolfgang Schäuble a mis en œuvre pendant des décennies.

L’Allemagne applique donc deux mesures diamétralement opposées – pour intégrer la RDA dans l’Allemagne de l’Ouest, on ne comptait pas, au contraire. C’est Wolfgang Schäuble qui avait introduit «l‘impôt de solidarité» pour financer les milliards et milliards d’euros qu’aura coûté l’unification allemande – tout en acceptant le coût faramineux de cette intégration allemande. En ce qui concerne la Grèce, Wolfgang Schäuble se comporte comme le fossoyeur dont l’unique mission consiste à organiser les funérailles.

Aujourd’hui, l’Europe pourra se conformer à l’objectif fixé dans le traité de Maastricht en «portant l‘intégration européenne à un nouveau niveau» – et que fait Wolfgang Schäuble ? Il s’acharne à vouloir gérer la catastrophe en Grèce, dans un pays où le peuple souffre autant que le peuple est-allemand à l’époque. Sa proposition d’établir des «règles pour les pays qui sortent de la zone Euro» constitue un cynisme extraordinaire et une sorte de «non-assistance à un peuple en danger». Pourtant, Schäuble devrait savoir mieux que quiconque que parfois, pour atteindre un but historique, il ne faut pas se comporter comme un expert-comptable. Si en 1990, il avait affiché le même comportement qu’aujourd’hui, il y aurait toujours deux états allemands en Europe – l’unification n’aurait pas pu avoir lieu. Car économiquement, en 1990, cette unification ne faisait aucun sens.

La joie personnelle de Wolfgang Schäuble consistait en 1990 dans le fait qu’il pouvait contribuer à la mise à mort d’un système appartenant au bloc socialiste qui était déjà en train de s’écrouler. Aujourd’hui, il met tout en œuvre pour combattre un gouvernement de gauche qui veut placer le peuple au-dessus des intérêts des «marchés», ce qui doit révolter Wolfgang Schäuble qui craint que l’œuvre de sa vie politique puisse s’écrouler. Mais ce que ce vieil homme ne comprend pas, c’est que le monde a changé et qu’il faut, par conséquent, adapter la politique aux réalités du 21e siècle.

L’Allemagne se doit, par solidarité avec cette Europe qui lui a permis de revenir dans la famille européenne après deux guerres meurtrières, de remplacer le tandem «Merkel – Schäuble» et de cesser de considérer le dossier de la Grèce comme un dossier purement économique. Aujourd’hui, il s’agit de poser les fondements d’une Europe «sur un nouveau niveau», d’une Europe solidaire et au service de ces citoyens et citoyennes. Ni Wolfgang Schäuble, ni Angela Merkel sont en mesure de le faire – il serait donc logique qu’ils soient remplacés pour éviter que la troisième crise continentale en l’espace de 100 ans soit déclenchée par l’Allemagne.

La seule sortie de la crise en Grèce, mais également dans d’autres pays du Sud de l’Europe, sera l’annulation d’une dette contractée il y a longtemps. Si, dans ce processus, les marchés financiers et les banques en prennent un coup, tant pis. Lorsqu’il s’agit de réaliser un objectif historique, il faut parfois en accepter le coût. Wolfgang Schäuble devrait le savoir pour l’avoir vécu. Mais il a déjà oublié. Ce n’est donc pas d’un «Grexit» que l’Europe a besoin, mais d’un «Schäubxit».

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