Grève des infirmières au Portugal
Au Portugal, les infirmières sont appelées à se mettre en grève durant cinq jours.

(Jean-Marc Claus) – Alors que fin octobre, les médecins du service public espagnol étaient en grève pour la première fois depuis un quart de siècle, le Syndicat Démocratique des Infirmières du Portugal (SinDePor) appelait également à cesser le travail. Pour obliger le gouvernement à réengager des négociations, son président Carlos Remalho s’était illustré en février 2019 en faisant une grève de la faim éclair devant le Palais National de Belém où réside le Président de la République. Il invite cet automne les personnels infirmiers à faire grève du 9 au 13 novembre. Évidemment, comme dans d’autres pays européens, à l’obligation d’organiser un service minimum, s’ajoute pour la puissance publique la possibilité de réquisition du personnel afin de l’assurer concrètement.
En 2018-2019, les revendications des soignants pour de meilleurs salaires et l’amélioration de leurs conditions de travail étaient, outre par le SinDePor, également portées par le Syndicat des Infirmières Portugaises (SEP) et l’Association Syndicale des Infirmières Portugaises (ASEP). La mobilisation de fin 2018 à début 2019 avait, sous l’impulsion de l’ASPE et de SindePor, provoqué le report de 46% des interventions chirurgicales programmées dans 10 hôpitaux publics, et collecté sur une plateforme en ligne 740.000 € pour financer les grèves. Un mouvement social pourtant, selon certains commentateurs, peu suivi par les 42.000 infirmières que compte le Service National de Santé (SNS).
Cette fois-ci, Carlos Remalho met en avant l’épuisement des infirmières au décours de la première vague de la pandémie de Covid-19, et pense que leur engagement durant cette période difficile leur vaut le soutien de la population. Ce mouvement de grève touchera tout le pays à l’exception de l’Archipel de Madère où, selon le leader syndical, le Gouvernement Autonome Régional a toujours fait preuve d’ouverture et démontré sa capacité à négocier. Le syndicat réclame aujourd’hui le dégel des progressions de carrières, l’attribution d’une prime de risque et la retraite à 57 ans après 35 ans de service.
S’il est vrai que le Service National de la Santé (SNS) a investi en prévision de la seconde vague de Covid-19, la grande majorité des infirmières embauchées le sont sur la base de contrats de quatre mois renouvelables, ce qui ne leur offre aucune garantie quant à leur avenir. A la mi-juillet, Fátima Monteiro, la coordinatrice de la direction régionale de Porto pour le SEP, soulignait qu’il a toujours de l’argent pour soutenir les banques, mais pas pour les travailleurs et les infirmières. La cure d’austérité imposée au Portugal de 2008 à 2015 a très largement impacté les carrières des infirmières du service public.
Par ailleurs, selon l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), le Portugal est l’un des pays européens ayant le plus faible nombre d’infirmières pour mille habitants. A savoir 6,9, contre 10,8 pour la France, 13,2 pour l’Allemagne et 18,0 pour la Norvège, le chiffre le plus bas étant détenu par la Grèce avec 3,4 infirmières pour mille habitants. L’Espagne, avec 5,9, se trouve cinq rangs derrière le Portugal. Par contre, pour ce qui est des dépenses de santé par habitant, l’Espagne passe devant le Portugal (2.560$ vs 2.069$), la France est derrière l’Allemagne (4.501$ vs 5.648$) et la Norvège se fait dépasser par la Suisse (6.647$ vs 7.732$) qui a juste un peu moins d’infirmières qu’elle (17,6 vs 18,0).
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