Grève des trains en Allemagne

Depuis hier soir, mardi 10 août, le syndicat des conducteurs de trains GDL est en grève. Cette grève appliquée d’abord au fret, s’étend ce matin aussi sur les trains à passagers.

Comme ici à la gare centrale de Cologne, les gares allemandes resteront désertes ces prochains jours. Foto: Morasmo / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – En plein milieu de la période des vacances, en plein milieu d’une timide reprise des activités, le syndicat des conducteurs de trains GDL lance une grève qui, dans un premier temps, durera jusqu’à vendredi. Toutefois, si le GDL n’obtient pas ce qu’il réclame, on risque fort de vivre un « remake » de l’année 2015. A l’époque, entre septembre 2014 et mai 2015, le GDL avait organisé une série de 9 grèves consécutives qui avaient partiellement paralysé l’Allemagne. Mais cette nouvelle grève 2021 dépasse les bornes de la raison. Si la grève est un instrument très important et valable, le droit à la grève comprend aussi une dimension sociétale et cette dimension sociétale, en pleine pandémie, n’est pas respectée. Cette grève qui touche dès ce matin aussi les trains à passagers, ne risque pas de connaître la solidarité des Allemands.

La nouvelle grève a deux raisons. D’une part, le GDL réclame une « prime Covid » pas encore chiffrée, mais « substantielle » et une augmentation des salaires de 3,2% sur les 28 mois à venir. A un moment où la Deutsche Bahn a enregistré des pertes de plusieurs milliards d’euros à cause de la pandémie, le GDL refuse catégoriquement une « année zéro », donc, une année sans augmentation salariale. En plus, les récentes inondations ont endommagé environ 600 km de rails dans les régions concernées qui doivent maintenant être reconstruits, ce qui coûtera également très cher. Bref, à un moment de grande crise, réclamer une « prime Covid » et une telle augmentation, est carrément indécent vis-à-vis d’autres branches qui, dans un élan de solidarité, laissent le temps aux entreprises de souffler et de se relancer.

La deuxième raison pour cette nouvelle grève est l’éternelle concurrence entre les deux grands syndicats chez la Deutsche Bahn. La législation allemande veut que dans les grandes entreprises, une seule convention collective peut être signée et ce, avec le syndicat qui représente le plus grand nombre d’adhérents. A la Deutsche Bahn, il s’agit du syndicat EVG qui lui, compte bien plus d’adhérents que le GDL. L’EVG vient de signer une nouvelle convention collective avec la Deutsche Bahn qui prévoit pour 2021, aucune augmentation salariale et pour 2022, une augmentation de 1,5%. En échange, la Deutsche Bahn ne procèdera à aucun licenciement pendant la validité de cette nouvelle convention collective.

Dans sa chasse aux nouveaux adhérents, le GDL se positionne donc comme le syndicat qui essaye d’obtenir le maximum et surtout, plus que l’EVG, dans l’espoir que des adhérents puissent venir grossir les rangs du GDL pour que celui-ci, moins important que l’EVG, deviennent un jour le seul syndicat pouvant négocier et signer des conventions collective à la Deutsche Bahn.

Mais cette « guéguerre » syndicale est menée sur le dos des usagers de la Deutsche Bahn. A un moment où les trains sont à nouveau fréquentés par des personnes qui veulent passer quelques jours de vacances, après cette période extrêmement pesante des confinements et d’autres restrictions, cette grève constitue une baffe pour tout le pays.

Que les soignants touchent une « prime Covid », cela semble logique en vue de l’engagement exceptionnel des métiers des soins depuis un an et demi de pandémie. Mais en quoi est-ce que les conducteurs mériteraient une « prime Covid » ? Pendant les confinements, la circulation des trains en Allemagne avait été réduite, donc, les conducteurs de trains n’avaient pas plus, mais moins de travail ou, dans certains cas, ils ont travaillé selon les plannings habituels. Donc, en quelque sorte, cette « prime Covid » est demandée sans aucune raison.

Ceux qui avaient prévu cette semaine de se déplacer en train en Allemagne, peuvent se renseigner du le site de la Deutsche Bahn qui elle, recommande de reporter les voyages en train jusqu’à la fin de la grève. Toutefois, elle s’efforcera à assurer un maximum de trains, mais pour l’instant, il est impossible de déterminer quels trains rouleront et lesquels ne pourront pas circuler.

Si le GDL est connu pour sa politique de grève très déterminée, force est de constater que cette fois, ce syndicat pénalise toute une population déjà fortement éprouvée par les derniers 18 mois. Visiblement, le GDL vient d’oublier que les syndicats devraient être des partenaires sociaux. Là, le GDL joue sa politique sur le dos de toute la population et dans le contexte actuel, cette grève est totalement irresponsable. Espérons que le GDL n’ait pas l’intention de refaire le coup de 2015 avec des mois et des mois de grèves. Ce n’est pas le moment.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste