Haguenau : et Saint Joseph se mit à vibrer !
Le chanteur Luc Arbogast a donné plus qu’un « simple » concert à Haguenau, dans un lieu particulièrement symbolique.
(Jean-Marc Claus) – Saint Joseph à Haguenau a reçu en son église, le troubadour iconoclaste Luc Arbogast, pourrait-on dire malicieusement, en se la jouant « Et maintenant, quelques actualités artistiques ». Mais ce concert, qui eut lieu dans les murs de l’église du quartier nord de la quatrième ville d’Alsace, fut plus qu’un simple récital, car un artiste tellement atypique et d’une telle envergure, ne donne pas un concert : il est le concert.
Il est le concert, mais n’en reste pas à se regarder le nombril et écouter sa voix, si exceptionnelle soit-elle, car ce personnage de roman pourrait alors, à la Cyrano de Bergerac, s’écrier « C’est un peu court, jeune homme ! ». Luc Arbogast fait entrer dans le concert le public, et c’est ainsi que Saint Joseph, dans la soirée du vendredi 3 décembre de l’an de grâce 2021, se mit à vibrer !
Saint Joseph, extrémité septentrionale de la ville longtemps stigmatisée, troublante analogie avec les quartiers nord de Marseille, a depuis bénéficié d’un ambitieux programme de réhabilitation urbanistique et architecturale. Mais le potentiel de génie humain n’y a jamais fait défaut, n’en déplaise aux amateurs de clichés réducteurs et de prêt à penser.
C’est justement pour cela qu’un concert de Luc Arbogast, donné en cette église construite en 1967 au cœur d’un alors tout nouveau quartier, prend une tonalité particulière. L’édifice moderne, aux vitraux mêlant verre et béton réalisés par le maître verrier Tristan Ruhlmann, autre créateur atypique, ne pouvait, en accueillant ce concert, qu’y apporter une plus-value symbolique de choix.
C’est ainsi qu’après un démarrage nécessitant un temps de chauffe, comparable à celui d’un moteur diesel selon les termes de l’artiste, le public entra dans le concert en chantant et dansant, conduit par un maître de cérémonie, dont l’extraordinaire voix entre tôt ou tard inévitablement en résonance avec les vibrations intérieures de tout être sensible, notamment humain mais pas que, car Luc Arbogast chante tous simplement la vie.
Donc, en termes encore plus clairs, vendredi 3 décembre 2021 à 20h30, la vie jaillit en ce lieu de culte qui, selon les mots de l’artiste, doit être aussi un lieu de joie. Concept trop souvent perdu de vue, par les tenants d’une religiosité dessicante et urticante, s’enfoncent dans un obscurantisme à des années lumière du vivant. Allant de la mélodie médiévale au chant de marin, le public enchanté chanta jusqu’à réaliser une prouesse polyphonique, qui fut peut-être le point d’orgue du concert.
Peut-être car, véritable auberge espagnole de la fraternité, chacun n’y consomma pas ce qu’il y avait apporté, mais en emporta une partie de ce qui fut réalisé et vécu ensemble. D’où le peut-être, car ce qui fait sens pour l’un, n’a pas forcément la même importance pour l’autre, mais il est par contre certain que personne ne fut exclut de ce moment de grâce.
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