Nécrologie : Hans-Dietrich Genscher est décédé

Hans-Dietrich Genscher était l'une des dernières grandes figures de la politique allemande. Foto: Richardfabi / Wikimedia Commons / PD

(KL) – «Je suis venu vous dire…», disait Hans-Dietrich Genscher d’une voix émue au microphone qu’on lui tendait sur le balcon de l’ambassade allemande à Prague, et le reste de sa phrase était inaudible sous les applaudissements des 5000 citoyens est-allemands qui s’étaient réfugiés dans le jardin de l’ambassade. Le reste de cette phrase était «… que votre départ en République Fédérale a été autorisé». C’était le début de l’unification allemande et le ministre des affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher en était l’un des architectes.

Son parti était le FDP, le parti libéral qui était libéral avant que ce terme ne soit transformé pour désigner une politique économique brutale, à une époque où au contraire, l’adjectif «libéral» avait un rapport avec les droits citoyens, les libertés individuelles et le respect d’autrui. En 1965, à 38 ans, il entre au Bundestag, en 1969, dans le cadre d’une coalition SPD-FDP sous le chancelier Willy Brandt, il devient ministre de l’intérieur, en 1974 il est promu vice-chancelier et ministre des affaires étrangères au gouvernement de Helmut Schmidt.

Mais il était aussi co-responsable de la fin de cette coalition SPD-FDP. En 1982, il démissionne de son poste de ministre et ouvre ainsi la voie à un changement politique majeur – le FDP change de partenaire, s’unit avec la CDU et le règne de Helmut Kohl allait durer 16 ans. Hans-Dietrich Genscher, lui, récupérait immédiatement son poste aux affaires étrangères dans cette nouvelle coalition CDU-FDP.

Après 22 ans comme ministre fédéral, 33 ans comme député, il quitte la politique en 1998, tout en restant un observateur et commentateur averti de la vie politique. Européen convaincu, Hans-Dietrich Genscher était aussi un représentant de cette «République de Bonn» d’après-guerre. Dans cette petite ville rhénane, le monde politique était à portée de main et Hans-Dietrich Genscher faisait partie de ces hommes politiques que l’on croisait le samedi en faisant les courses au «Spanischer Garten» à Bonn Bad Godesberg.

Hans-Dietrich Genscher, c’était l’époque des joutes politiques, avec des personnalités comme Willy Brandt, Helmut Kohl, Herbert Wehner ou Franz-Josef Strauss – qui se livrait des batailles verbales d’une qualité qui fait terriblement défaut de nos jours. Homme à convictions, Hans-Dietrich Genscher faisait donc partie de ces grands hommes d’état qui ont toujours été là. Maintenant, il est parti et déjà, il nous manque.

Il quitte le gouvernement fédéral en mai 1992, après y avoir siégé un total 22 ans et 6 mois, dont 18 années cumulées à la direction de la diplomatie allemande. Il continue de siéger au Bundestag et se fait réélire pour un dernier mandat parlementaire en 1994. En 1998 en effet, il se retire de la vie politique.