Happy Birthday, Allemagne Fédérale ! Trois vœux à mon pays.

Ce jour là, l'Allemagne s'est unie. Pour le meilleur et le pire. Il serait temps de passer au meilleur... Foto: Immanuel Giel / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La « réunification » allemande, qui en fait n’était pas une « réunification », mais une « unification » car l’Allemagne d’aujourd’hui n’a jamais existé auparavant dans les frontières actuelles, a été consommée le 3 octobre 1990 au Bundestag à Bonn, lorsque les élus allemands votaient en faveur de l’adhésion des Länder de la RDA à la République Fédérale d’Allemagne. Si en 1990, le chancelier Helmut Kohl avait promis des « paysages fleurissants » dans les Länder de l’ex-RDA, l’évolution a été toute différente. Aujourd’hui encore, l’unité allemande est loin d’être acquise et la politique allemande a grandement besoin d’être revue. Si aujourd’hui, le 3 octobre, les Allemands viendront en nombre en France en profitant de leur jour de congé, il serait bon si mon pays réfléchissait à un changement d’attitude – l’Allemagne porte une grande responsabilité dans le développement européen et pour l’instant, elle ne l’assume pas. Alors, voici trois vœux adressés à cette Allemagne 2016.

1. Happy Birthday, Allemagne. Tu ne peux pas arrêter de vouloir dominer l’Europe ?

L’Allemagne est, depuis la fin de la IIe Guerre Mondiale, un partenaire fiable de l’Europe. OK. Mais est-ce vraiment nécessaire de mener une sorte de guerre économique contre les pays du Sud de l’Europe ? De pressuriser la Grèce à effectuer des coupes inhumaines dans son système social pour que les banques puissent se remplir les poches ? Pendant que les « aides à la Grèce » ont permis d’injecter 9 milliards d’euros dans le budget du pays, les banques internationales ont encaissé 58 milliards d’euros en seuls intérêts. Voilà la politique d’austérité allemande. Qui, petite parenthèse, exclut également presque 20% des citoyens allemands de la société – ils vivent en dessous du seuil de la pauvreté. On ne peut pas revoir cette politique désastreuse, puisqu’on voit qu’elle conduit l’Europe dans une impasse ? Oui ? Non ?

2. Happy Birthday, Allemagne. Et si tu t’engageais pour un vrai projet européen ?

Ton poids en Europe, chère Allemagne, n’est plus à démontrer. Une économie qui tourne bien, une population de plus de 80 millions de personnes, une position au cœur de l’Europe qui te place au carrefour de tous les chemins des échanges nord-sud et ouest-est – oui, tu es forte, chère Allemagne. Mais cette force implique aussi une responsabilité. A un moment où l’Europe se porte mal, c’est toi qui porte la plus grande responsabilité dans le développement d’une nouvelle Europe, car il est évident que l’Europe ne pourra pas se réinventer sans l’Allemagne. Alors, chère Allemagne, si tu virais Madame Merkel et Monsieur Schäuble pour ouvrir la voie pour de nouvelles têtes issues de la « génération Erasme » ? Ce serait un vrai cadeau d’anniversaire…

3. Happy Birthday, Allemagne. Et si tu faisais quelque chose contre l’extrême-droite ?

Tu sais, chère Allemagne, tu n’es pas un pays comme les autres. Tu portes un poids énorme à cause de ton passé et même si les générations actuelles n’y sont pour rien, il est difficile d’oublier les dernières guerres et le fascisme. Et du coup, on se rend compte que dans les Länder de l’est du pays, mais aussi ailleurs, une nouvelle extrême-droite s’installe et celle-là, elle est dangereuse. On ne parle pas des 2000 à 3000 idiots qui manifestent avec la « Pegida », on parle des millions de personnes qui votent pour l’AfD et des politiques qui emploient une diction qui nous fait penser aux années 30 du siècle dernier. La chef de l’AfD veut réhabiliter des expressions comme « völkisch », une expression utilisée par les nazis et qui est donc loin d’être anodine. Et ces gens-là applaudissent lorsque des structures d’accueil de réfugiés brûlent, ils veulent donner ordre de tirer sur des réfugiés aux frontières, ce sont des gens dangereux. C’est clair, l’Allemagne, dans d’autres pays aussi, l’extrême-droite a le vent en poupe, mais on sait aussi que toi, Allemagne, quand tu fais les choses, tu ne les fais pas à moitié. Est-ce qu’il serait trop demandé, chère Allemagne, d’arrêter de voter pour ces gens-là qui rêvent d’une Allemagne nationaliste ? On a connu ça dans le passé et ce serait franchement bien si tu ne répétais pas l’Histoire…

Happy Birthday, Allemagne. Tout n’est pas mauvais…

Souffle tes 26 bougies, Allemagne, et – tout n’est pas mauvais. Il y a même des choses où tu es exemplaire, chère Allemagne – comme dans l’accueil des réfugiés. Bien plus d’un million de réfugiés ont trouvé un havre de sécurité chez toi et ceux qui disent que tu les as acceptés pour parer aux changements démographiques, se trompent. Tu as bénéficié de l’arrivé des réfugiés pour montrer un autre visage au monde que celui qu’on connaissait – un visage généreux, engagé, solidaire, tourné vers l’Autre. Souffle tes 26 bougies, chère Allemagne et continue sur cette voie de l’humanisme. Et si tu pouvais exaucer les trois vœux plus haut, qui sait, peut-être un jour, tu sera un pays comme un autre dans une Europe unie. Ce serait bien, non ?