Haro sur les micro-entreprises !

Aux abois depuis les élections européennes, la macronie joue inlassablement son rôle d’anti-Robin-des-Bois. A savoir voler les pauvres, pour gaver les riches.

Mettre des micro-entrepreneurs à la rue, tel est le prôôôjet de la macronie ! Foto: Chabe01 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.1int

(Jean-Marc Claus) – Interrogé la semaine dernière par Camille Revel sur France Info, Jean-Guilhem Darrédisait après l’adoption du budget Bayrou 2025 à coup de 49.3 : « C’est vrai que c’est un coup dur pour les micro-entrepreneurs ». Le seuil d’exemption étant ramené à 25.000€ de chiffre d’affaires annuel, contre antérieurement 85.000€ pour la vente de marchandises et 37.500€ pour la prestation de services, davantage de petites entreprises allaient devoir, à compter du 1er mars, s’acquitter de la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée). Le lendemain, était annoncée par le ministre de l’économie, une suspension de cette mesure et le lancement d’une concertation.

Les micro-entrepreneurs, qui s’appelaient initialement auto-entrepreneurs et dont parle le délégué général du Syndicat des Indépendants et des TPE (Très Petites Entreprises), existent de manière formelle depuis 2008. Ils relèvent du régime fiscal dit de la micro-entreprise, issu d’une loi de 2003 relative à l’initiative économique. Donc, en plus clair : ce statut est quasiment né avec le XXIe siècle, époque où pour beaucoup trop de salariés, le monde du travail tend à se rapprocher de celui du XIXe siècle.

La suspension de la mesure et la concertation annoncées par Éric Lombard, a pour but selon ses propres termes « d’ajuster cette mesure si nécessaire ». Cadeau empoisonné que le ministre de l’économie fait à Véronique Louwagie, la ministre déléguée chargée du commerce. En plus clair : celui qui a fréquenté les cabinets ministériels de 1989 à 1993, refile la patate chaude à celle dont la carrière politique a débuté en 2010, avec des mandats d’élue régionale et départementale. Ce qui rappelle furieusement la très impopulaire loi travail, pensée par Macron et labellisée El Khomri.

Toujours est-il que, comme le disait si bien Georges Clemenceau, « Quand on veut enterrer une décision, on créé une commission ». L’astuce ne datant pas d’hier, elle marche toujours très bien, comme l’ont démontré les très macroniennes Conventions Citoyennes, l’une pour le climat de 2019 à 2020 et l’autre sur la fin de vie de 2022 à 2023, ainsi que le Grand Débat National qui en 2019, plomba sérieusement le Mouvement des Gilets Jaunes. La ficelle, somme toute bien grosse, est employé à tous les niveaux, avec un taux de réussite augmentant considérablement lorsque les décideurs ne sont plus à portée de baffes.

Non content de se défausser de ses responsabilités, le ministre Lombard en remit une couche, précisant que cette mesure de taxation « faisait l’objet d’une demande des artisans pour maintenir plus d’égalité entre les auto-entrepreneurs et les artisans », les recettes fiscales supplémentaires n’étant « pas l’objectif principal». En plus clair : c’est la faute des artisans et on n’a pas pour ambition principale de collecter plus d’impôts. Mais doit-on s’étonner de telles gesticulations gouvernementales autour d’un budget, dont un jour sont supprimés quinze millions d’euros alloués à la recherche sur les cancers pédiatriques, que l’on réintègre le lendemain suite à un tollé parfaitement justifié ?

La macronie, aux abois depuis les élections européennes, joue inlassablement son rôle d’anti-Robin-des-Bois. A savoir voler les pauvres, pour gaver les riches. Ce qui, eu égard au parcours de son roi, n’a absolument rien d’étonnant, et il s’accrochera à son trône quoi qu’il en coûte aux classes moyennes et aux défavorisés, pour le plus grand bonheur des possédants.

Cette attaque fiscale contre les micro-entrepreneurs, alors que sont choyées les grandes entreprises qui versent des dividendes à leurs actionnaires tout en licenciant des salariés, montre bien le peu de considération de la macronie envers les gagne-petit. Une entrepreneuse tenant boutique à Breitenbach (67), découragée à l’annonce de cette mesure puis un petit peu rassérénée par sa suspension, écrivait il y a peu sur sa page Facebook :

« Être en micro-entreprise, c’est déjà un défi au quotidien. Peu ou pas de couverture sociale, pas de chômage en cas de coup dur, des cotisations retraite minables et une gestion à 100% seule… On accepte tout ça parce qu’on aime notre métier, parce qu’on veut avancer, construire quelque chose. [...] Et franchement… c’est décourageant. Parce que ça donne le sentiment que, dès qu’on veut évoluer, on se retrouve pénalisé. J’adore ce que je fais, j’adore travailler avec vous, mais là, ces règles rendent les choses vraiment difficiles.» (06 février 2025) « Face à la forte mobilisation des entrepreneurs et des organisations comme la Fédération Nationale des Auto et micro Entrepreneurs (FNAE), le gouvernement a finalement décidé hier soir de suspendre cette mesure et d’ouvrir des discussions.[…] Mais attention : cette décision est seulement mise en pause, pas annulée. » (07 février 2025)

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