Hausse du prix du gaz : menaces et chantage russes

Est-ce que les grandes centrales à gaz dans l'est de l'Ukraine (comme ici à Charkov) tourneront encore longtemps ? Foto: Victor Vizu / Wikimedia Commons

(KL) – Il ne faut pas croire que la situation en Ukraine se soit détendue après l’annexion de la Crimée par Vladimir Poutine. Au contraire. Par deux fortes augmentations du prix du gaz en l’espace de quelques jours (d’abord, une hausse de 44%, suivi par une deuxième augmentation de 100 dollars pour 1000 mètres3, portant le prix à 485,50 dollars), la Russie a mis le couteau sur la gorge de l’Ukraine. Et pour que l’Ukraine n’ait pas le temps de s’adapter à la nouvelle situation, le patron de Gazprom Alexej Miller a déclaré que ces deux augmentations intervenaient dès le mois d’avril, donc, toute de suite. Au manager de Gazprom d’émettre aussi une menace vis-à-vis de l’Ukraine : il vaudrait mieux pour l’Ukraine si le pays n’empêchait pas le gaz russe de transiter par l’Ukraine vers l’Ouest.

Bien sûr, dans cette situation qui demandrait une forte solidarité européenne, ce sont les chefs des plus grandes entreprises européennes, donc les chefs du capitalisme sauvage, qui ont découvert leur sympathie pour Vladimir Poutine. Pourquoi se soucier de la paix, des droits de l’homme et du droit international si on peut faire de bonnes affaires ?

Mais les patrons des grands groupes industriels devraient réfléchir deux fois – leur nouveau copain est en train de s’organiser la justification pour une nouvelle intervention militaire en Ukraine qui cette fois, visera l’intégralité du pays. Et nous, à l’ouest, on discute sérieusement si Poutine n’a pas raison d’agir de la sorte. Tout comme le monde face à la montée du nazisme, lorsque Hitler avait berné le monde en déclarant qu’il n’avait aucunement l’intention d’annexer la Tchecoslovaquie. Une déclaration violée six mois après sa signature. En 2014, le monde se comporte comme en 1938. On regarde un dictateur bélligérant agir à sa guise en lui trouvant de bonnes raisons pour ses aggressions militaires. Surtout, il ne faut pas déranger la bonne marche des affaires.

La Russie, par le biais de Gazprom, prépare la justification pour une nouvelle intervention en territoire ukrainien. D’une part, la Russie fait en sorte à ce que l’Ukraine fasse un pas de plus vers le dépôt du bilan, incapable de payer la note russe, sauf si l’UE se décide à payer Poutine, d’autre part, si jamais l’Ukraine empêchait le gaz de passer vers les pays de l’Ouest, la Russie aurait une raison pour envoyer ces troupes.

En Crimée, il s’agissait de «protéger» des ressortissants russes (qui n’étaient aucunement molestés) et demain, il s’agira de protéger le transit du gaz russe vers les clients occidentaux. Poutine est en train de se moquer du monde. Toutes les déclarations selon lesquelles il n’entend pas envahir l’Ukraine sont à prendre avec précaution – la nouvelle pression sur l’Ukraine parle une autre langue.

Plus tôt ou plus tard, il sera inévitable de se rendre indépendant des ressources énergétiques russes. Mais pour parer au plus urgent, il faut maintenant assurer l’approvisionnement énergétique de l’Ukraine par tous les moyens. Et, contrairement aux chefs des grandes entreprises, il faut suspendre toute coopération avec cette Russie de Vladimir Poutine qui est actuellement la plus grande menace pour la paix en Europe.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste