Hélène Risser, l’atypique du PAF

Journaliste talentueuse faisant partie des personnes les plus atypiques du Paysage Audiovisuel Français (PAF), Hélène Risser a accepté de répondre aux questions de Jean-Marc Claus.

Hélène Risser en interview - un regard toujours perçant, mais jamais malveillant. Foto: Collection Personnelle Hélène Risser / Public Sénat

(Jean-Marc Claus) – Aujourd’hui responsable du « Pôle Documentaires de Public Sénat », Hélène Risser est arrivée au journalisme après des études allant de l’économie à l’histoire de l’art, en passant par la finance. Un parcours quelque peu atypique, mais c’est peut-être là sa marque de fabrique. Issue d’un couple de   psychiatres, elle a vécu avec ses deux frères au sein des hôpitaux psychiatriques de Hoerdt et d’Erstein, expérience dont elle rend compte dans « Le monde normal », documentaire réalisé il y a un an. Confrontée dès son plus jeune âge à des univers et personnes hors normes, elle a développé par la force des choses, une capacité à dépasser les apparences.

D’où notamment un intérêt pour ce qui, chez les personnes publiques, relève d’un caractère hors-norme et atypique. Interrogeant les politiques sur leurs rapports aux autres, elle s’intéresse autant à la forme qu’au fond de leur discours. Faisant parfois intervenir un psychanalyste, pour apporter un éclairage particulier sur certains éléments de sémantique, elle ne donne pas pour autant dans la psychologie de comptoir. Attentive aux failles et aux contradictions, témoins de l’humanité de tout un chacun, elle n’hésite pas à pousser ses interlocuteurs dans certains de leurs retranchements, mais toujours avec bienveillance.

Adoptant une position de tiers, découlant possiblement de la culture professionnelle de ses parents, elle se refuse à participer à tout emballement médiatique en surréagissant à l’actualité, mais préfère se donner un peu de temps pour prendre du recul et « tirer des fils ». Ce qui va à l’encontre de « tirer les ficelles », pour au final faire l’opinion, plutôt que d’en rendre compte le plus objectivement possible. Pour elle, un documentaire, même et surtout s’il traite de sujets d’actualité, doit posséder une dimension intemporelle. De même que pour toute émission télévisée, comme par exemple « Hashtag » qu’elle anime chaque semaine, le fil rouge éditorial doit tenir en une seule question : « Quelle valeur ajoutée peut-on apporter au débat ? ».

Donc pas de copié-collé par facilité, et encore moins de suivisme par effet de buzz, mais des sujets et du contenu ! Passionnée par son métier, ce qui transparaît dans ses prestations télévisuelles, Hélène Risser traite de préférence les sujets qui l’intéressent, mais toujours en s’astreignant à se dégager de ses inévitables a-priori, pour comme elle le dit « changer de prisme ». Soucieuse de s’ouvrir à différents points de vue, elle n’hésite pas à les confronter, convaincue qu’elle se doit de parler à parler tout le monde.

Un sujet de documentaire peut nécessiter parfois, plus d’un an de travail, pour les équipes auxquelles elle a recours. Or, dans un monde où l’actualité est souvent traitée en mode zapping, plus spécialement par certains médias de grande audience, se livrer à un travail de fond a quelque chose de particulièrement décalé, et surtout de courageux. Mais cela peut s’avérer très enrichissant, et même agréablement surprenant, comme par exemple le documentaire intitulé « Like a virgin », qui après un an et demi de travail, est arrivé sur les écrans au moment où le sujet était devenu d’une brûlante actualité.

Avoir passé son enfance et son adolescence dans une région frontalière, l’a plongé très tôt dans un bouillon de cultures. Époque dont elle regrette ne pas avoir mis a profit certaines opportunités pour devenir bilingue. Mais à sa décharge, la concurrence avec les élèves dialectophones plaçait la barre tellement haut, qu’elle s’est limitée à la connaissance de la germanité, à défaut d’apprendre suffisamment l’allemand pour le parler couramment. Mais au delà de son histoire personnelle, et plus largement que l’Oberrhein, Hélène Risser s’intéresse aux enjeux européens qu’elle trouve passionnants.

Se référant à un documentaire sur Jean Monnet choisi pour la chaîne, elle le cite à propos de l’intérêt collectif devant être supérieur à la somme des intérêts individuels. Mais il faudrait pour cela dépasser les intérêts nationaux, ce qui, dans l’actuelle Union Européenne, est souvent problématique, comme par exemple pour les questions relatives à la pêche. Sujet qui, comme bien d’autres, n’est pas simple à traiter, le plus complexe étant de susciter et de conserver l’intérêt du public. Ce que nous l’invitons à faire sur Eurojournalist, de la manière qu’il lui plaira…

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