Helga Stevens – une candidate pas comme une autre

L’eurodéputée Helga Stevens sera la candidate du groupe ECR pour l’élection du prochain président du Parlement Européen au mois de Janvier 2017. Un nom que nous entendrons plus souvent ces prochains temps.

Helga Stevens est candidate à la présidence du Parlement Européen en 2017. Foto: Tobias Gotthardt

(KL) – Vous connaissez l’eurodéputée belge Helga Stevens ? Non ? On vous la présente. Helga Stevens est députée européenne pour le parti « Alliance Néo-Flamande », un des grands partis en Belgique, défendant une indépendance flamande sous le toit européen. Son parti est membre du groupe des « Conservateurs et Réformateurs européens », ECR, qui lui, est le 3e groupe parlementaire au Parlement Européen. ECR est le groupe où siègent par exemple les Tories britanniques et le groupe a limogé récemment les membres du parti d’extrême-droite allemand AfD sur initiative d’Arne Gericke, le représentant du Parti des Familles dans ce groupe parlementaire. Helga Stevens est la première candidate déclarée pour l’élection du prochain président du Parlement Européen au mois de janvier 2017. Membre de différents comités au Parlement Européen, elle s’engage dans les relations entre l’Asie et l’UE et d’autres sujets européens. Et elle est sourde. Interview.

Helga Stevens, vous êtes candidate du groupe ECR pour la présidence du Parlement Européen. Quelle a été votre motivation pour cette candidature ?

Helga Stevens : Mon groupe est le troisième groupe parlementaire au Parlement Européen et la décision de nominer une candidate pour l’élection de la présidence du Parlement reflète le souhait de rendre cette élection plus ouverte et transparente. Nous ne voulons pas laisser le champ aux deux grands groupes, nous ne voulons plus que des postes comme celui du président du Parlement Européen fassent l’objet d’accords trouvés derrière des portes fermées – voilà le message de ma candidature : Nous voulons proposer un vrai choix entre des candidats.

En quoi seriez-vous différente de Martin Schulz, l’actuel président du Parlement Européen ?

HS : Je ne veux pas critiquer Martin Schulz, mais mettre mes forces et compétences en exergue. J’arrive à fédérer des gens de différents horizons, de langues et de couleurs différentes. La semaine dernière, j’ai organisé un congrès sur le sujet du « bilinguisme et l’égalité du droit » à Bruxelles avec 1000 participants qui pratiquaient 65 langues. Jamais dans l’histoire des institutions européennes, une manifestation n’a été organisée réunissant mille personnes qui échangeaient dans 65 langues.

Vous êtes Belge, comment voyez-vous la question du « siège unique » du Parlement Européen ? Strasbourg ou Bruxelles ?

HS : C’est simple. Mon parti et mon groupe s’engagent en faveur d’une politique visant plus d’efficacité et une dépense de l’argent du contribuable responsable. Je pense que l’efficacité de notre travail serait meilleure si toutes les institutions se trouvaient à Bruxelles. Il y a les bâtiments, tout est proche, les déplacements entre Bruxelles et Strasbourg deviendraient obsolètes…

… ce sont des arguments que l’on pourrait autant avancer en faveur de Strasbourg…

HS : Je sais, c’est un débat qui dure déjà un bon moment. Toutefois, la question du siège n’est pas connectée à celle de la présidence. Je crois que la question du siège doit être décidée en essayant de faire des économies et de rendre notre travail et nos structures plus efficaces. Ceci dit, j’aime beaucoup la ville de Strasbourg, qui est très belle et accueillante !

A un moment où l’Europe traverse une grave crise d’identité, comment entendez-vous restituer aux Européens le « rêve européen » pour relancer la machine européenne ?

HS : Bonne question. Ma vision n’est pas « plus d’Europe » ou « moins d’Europe », mais une meilleure Europe. Il faut mettre les citoyens au cœur de notre action et augmenter son efficacité. L’Europe institutionnelle s’est trop éloignée des réalités du quotidien des Européens – donc, nous devons nous concentrer sur les sujets qui sont vraiment importants pour les Européens.

L’Europe constitue une vraie plus-value et nous devons nous souvenir pourquoi les institutions européennes ont été créées. Après la dernière guerre, l’Europe institutionnelle a été créée pour fédérer les peuples et les états européens. Nous ne devons pas oublier nos racines européennes et ce que l’Europe nous a déjà apporté – la paix, la démocratie et la prospérité.

Est-ce que vous pensez que le temps est venu pour une candidate féminine et sourde, dans un parlement toujours dominé par des hommes d’un certain âge en costume gris ?

HS : Je ne pense pas que mon handicap physique puisse poser un problème. Mes électeurs et électrices n’ont pas voté pour moi parce que j’ai un handicap, mais parce qu’ils apprécient la politique que je mène. Je suis sourde – et alors ? Je ne dois mon diplôme d’avocat non pas à mon handicap, mais à mon travail. Et la moitié de notre assemblée est constituée par des femmes, alors, pourquoi pas une femme. C’est la compétence qui doit primer et non pas la question d’un handicap physique ou du sexe des candidats.

Madame Stevens, merci pour cet entretien.

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