Homophobia, quand tu nous tiens…

Un récent jugement du Tribunal de Colmar, met l’accent sur un aspect particulier de l’homophobie.

Abrégé de Psychiatrie de l’Adulte, publié par les éditions Masson 06/1984, dépôt légal initial 04/1977. Foto: Jn-Mc Claus / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Fin mars, Véronique Berkani rendait compte dans les « Dernières Nouvelles d’Alsace », d’une audience se déroulant au Tribunal de Colmar, au cours de laquelle un couple parental était jugé pour avoir porté préjudice à sa fille en réprimant son orientation sexuelle. Un délit inscrit dans le Code Pénal depuis début Février 2022, et dont il n’a pas été fait jusqu’ici grand cas dans les médias.

Avant d’en venir au texte, il ne serait pas inutile de prendre en compte quelques éléments relatifs au contexte et aux arrière-plans, non de ce cas particulier pour lequel la justice est souveraine, mais de la perception de l’homosexualité au sein de notre société, car ce sujet fait encore et toujours malheureusement débat.

Il est de coutume d’affirmer que l’homosexualité a été dépénalisée en France en 1982 par François Mitterrand. Ceci ne devant pas faire oublier le Code Pénal de 1791, qui avait abolit le crime de sodomie condamnant à la peine du feu. Pourtant, on ne peut pas dire que de 1791 à 1982, les homosexuel(le)s aient eu la vie facile en France, mais aussi ailleurs en Europe.

En 1982, comme l’explique Thierry Pastorello, auteur de « Sodome à Paris » (2009), a été retiré de l’Ancien Code Pénal, l’alinéa de l’article 331, qui doublait la peine en cas de détournement de mineur au titre de délit contre nature. Mais ceci n’était valable que dans ce cas précis et à ce moment-là, la majorité sexuelle était fixée à 15 ans pour les hétéros sexuels, contre 21 ans pour les homosexuels.

L’homosexualité en soi n’était alors plus pénalement condamnable depuis 1791, mais il été mis fin à la discrimination par l’âge, quant à la majorité sexuelle entre hétéros et homos. Cependant, en 1984, dans les facultés de médecine et écoles paramédicales, étaient encore employés des ouvrages de référence, tels que celui illustrant cet article, qui qualifiaient l’homosexualité de perversion, et c’est seulement en 1990 que l’Organisation Mondiale de la Santé, l’exclut de la liste des maladies mentales. Donc, plus de condamnation pénale, mais toujours une condamnation morale, qui au fil du temps, a pris diverses formes et connu une intensité variable.

Aujourd’hui, les homosexuel(le)s, mais aussi l’ensemble des personnes LGBT+, se trouvent sous les feux croisés de l’extrême-droite sur le terrain politique et des extrémismes religieux dans la société, deux faces d’une même pièce fascisto-nazillonne, même si parfois, les uns prétendent combattre les autres. La révolution sexuelle des sixties, la majorité ramenée à 18 ans en 1974 et la suppression de l’alinéa de l’article 331 en 1982, ne pèsent pas bien lourd face aux forces obscurantistes de tout poil.

D’où l’absolue nécessité de sanctionner les pratiques, les comportements ou les propos répétés visant à modifier ou à réprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, vraie ou supposée, d’une personne et ayant pour effet une altération de sa santé physique ou mentale. Ce que prévoit, depuis le 02/02/2022, dans le Code Pénal, l’article 225-4-13 de la Section I quinquies du Chapitre V du Titre II du Livre II.

Mais il ne faudrait pas pour autant s’imaginer que l’homophobie ne concerne que les autres, et plus particulièrement ceux qualifiables à bon droit de « fachos » et de « culs bénits ». Le ver est toujours dans le fruit, car même si des ouvrages tels que les Abrégés de Psychiatrie de l’Adulte édition de 1984 ont connu des révisions successives, bien des gens très propres sur eux et socialement insérés, considèrent l’homosexualité au mieux comme une bizarrerie de la nature et au pire, comme antinaturelle.

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