Hongrie : Bientôt finie, la liberté de la presse ?

Les meilleurs médias indépendants menacés

Index Foto: Umesha Madushan Kebelhitiyawa/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – L’un des deux meilleurs médias hongrois, Index.hu, est menacé à la fois dans sa structure et dans son contenu. La pandémie n’a fait que précipiter le mouvement.Peut-on sauver Index ?

En même temps qu’un autre excellent média hongrois en ligne, 444.hu, nous lisons Index.hu depuis environ deux ans. Une source précieuse d’informations sur les événements et l’ambiance au pays du conservatisme populiste de Viktor Orbán. Voici deux ans, justement, le staff d’Index créait un baromètre au cadran vert, orange et rouge : vert pour « Indépendant », orange pour « En Danger », et rouge pour « A perdu son indépendance ».

L’intention était d’indiquer aux lecteurs si des problèmes se posaient ou risquaient de se poser. Les critères avancés pour en décider : l’indépendance éditoriale et l’absence d’interférences extérieures sur les décisions de l’équipe de rédaction. Eh bien, les journalistes situent aujourd’hui l’aiguille sur l’orange : en grave danger.

La liberté de la presse, assurément, est en danger depuis longtemps en Hongrie ; depuis la prise du pouvoir par le parti Fidesz. Selon RSF, les atteintes à la liberté de la presse sont « sans égales en Europe. » Mais aujourd’hui, c’est l’un des meilleurs médias hongrois qui risque de disparaître, nous explique-t-on. Ou du moins, l’équipe éditoriale et les « valeurs qu’ elle défend et qui font d’Index.hu le plus important et le plus lu des sites d’infos du pays ».

Mais pour cela, des éléments indispensables sont requis : que ce site ne dépende pas des caprices des politiciens et des décideurs économiques ; que son contenu, y compris les illustrations et les vidéos qu’on y publie, soit libre ; qu’il ne craigne jamais d’informer les lecteurs des scandales, des abus de pouvoir, des noms de ceux des politiciens et de personnages publics qui sont impliqués dans des affaires peu reluisantes ; où les décisions se prennent de façon collégiale ; qui accueille, le cas échéant, de telles infos quand elles proviennent de lecteurs ; et enfin, qui puisse protéger l’anonymat de ses sources.

Or, ce ne sera peut-être bientôt plus le cas. Le destin d’Index va se jouer ces tout prochains jours… Mais que se passe-t-il donc ? Voilà. À l’automne 2018 déjà, Cemp et Nagan Parbat, deux entreprises appartenant à des personnalités proches du pouvoir, Ziegler Gabor et Oltyán József, ont acheté presque toutes les sociétés de médias affiliées à Index.hu, et qui sont assez nombreuses. Index.hu elle-même s’est retrouvée placée dans le giron d’une fondation indépendante : cela lui a permis de préserver la liberté de son contenu éditorial.

Le problème financier majeur tient à ce que les annonceurs publicitaires sont le plus souvent liés au Fidesz, le parti au pouvoir : donc, le site ne peut plus compter sur eux… Et dans ce cas, comment trouver des finances ? Un problème récurrent dans la presse et les médias, mais qui devient grave quand les entreprises privées sont inféodées à un parti politique, a fortiori à un parti comme le Fidesz ! Index.hu a donc décidé de lancer un Appel aux dons, en mars de cette année – au début de la pandémie en Europe, donc ; Appel auquel s’est associé l’autre site excellent de l’opposition à Viktor Orbán, 444.hu.

Une affaire à suivre de très près, donc, où se nouent de manière très serrée les liens entre le pouvoir politique et les milieux d’affaire qui leur sont soumis. Et qui, de plus en plus facilement, étranglent la liberté de la presse en serrant la corde. Il va sans dire que nous soutenons ardemment Index.hu et 444.hu, et que nous réitérons la constatation que les médias, s’ils veulent rester libres, doivent trouver des sources de financement elles-mêmes indépendantes et dépourvues de faux semblants et d’entourloupes.

http://index.hu/

https://courrierdeuropecentrale.fr/

 

 

 

 

 

 

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