Hongrie : Feignons d’en être l’organisateur…

Le Fidesz surgelé, une « gigantesque victoire » ?

Viktor Orban dansant le jerk avec une amanite tue-mouche, quelque part dans le Wienerwald Foto: European's People Party / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – « Puisque ces mystères nous échappent, feignons d’en être l’organisateur », propose un personnage des Mariés de la Tour Eiffel, de Cocteau. C’est à peu près exactement l’attitude qu’adopte Viktor Orbán aujourd’hui.

Aujourd’hui, la presse gouvernementale, proche du Fidesz, a célébré la « victoire de géant » d’Orbán dans sa pseudo-joute avec la Commission européenne, et envers tous ses critiques.

Cela correspond-il à une quelconque réalité ? Pas vraiment, et on en est persuadé si on considère ce fait tout simple, que susurrent même certains membres du Fidesz, que la virulence des réactions européennes à la fameuse affiche-Croquemitaine où l’on voit les visages agrandis de Jean-Claude Juncker et de George Soros étaient inattendue.  Le Fidesz ne s’attendait pas, curieusement, à une telle levée de boucliers.

Et jamais auparavant le parti de Fidesz avait eu à se défendre contre une menace d’exclusion telle qu’on l’a pointée vers le parti hongrois au début de ce mois de mars décidément mouvementé. Dimanche dernier encore, Orbán a aggravé son cas en traitant ses critiques, dans une entrevue à Die Welt (https://www.welt.de/), dimanche dernier, d’ « idiots utiles ». Utiles à ses adversaires et à lui-même, pourrait-on faire remarquer, au moins avant le 19 mars, puisque ces critiques l’établissent aussi comme une sorte de parangon de radicalisme et d’inflexibilité.

Ce n’est qu’après la campagne contre ces affiches grand-guignolesques qu’Oran aurait, selon certains, proposé de placer son parti pour quelque temps en dehors du PPE, son groupe d’affiliation.. Pour trois mois, plus précisément. C’est après avoir entendu cette proposition que Manfred Weber, le Spitzenkandidat du groupe conservateur, aurait annoncé à Orbán qu’il se prononcerait contre une exclusion.

Le résultat atteint est bien plus défavorable à Orbán qu’il ne l’escomptait, et qu’il le claironne aujourd’hui dans ses déclarations démagogiques. En effet, la suspension du Fidesz n’a pas de limitation temporelle, et aucun membre du Fidesz ne sera autorisé à occuper un poste quelconque dans les structures du PPE. C’est pourquoi des dirigeants un peu moins triomphalistes que ceux mentionnés plus haut considèrent le résultat plutôt comme une demi-victoire. Les plus avisés se reposent les questions les plus lancinantes : qui sommes-nous ? Où allons-nous et dans quelle Europe ? Aimez-vous le gulasch ?

Au Fidesz, on suggère une réponse : le mieux serait de construire une passerelle entre le PPE et les partis de droite qui le désireraient (sans doute les tristement célèbres PiS polonais, FPÖ autrichien et Lega italienne). Cela sera-t-il possible ? Tout dépend de l’orientation politique du PPE ces prochains mois, bien évidemment…

En somme, non, la suspension du Fidesz n’est assurément pas une « victoire de géant ».

 

 

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