Hongrie : la visite d’Angela Merkel

Orbán derechef très sûr de lui…

A Sopron, une touffe de datura, hallucinogène Foto: Traumrune/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/ 3.0Unp

(Marc Chaudeur) – Angela Merkel et Viktor Orbán ont célébré, dimanche dernier à Sopron, les trente ans de l’ouverture des frontières austro-magyares, le 18 août 1989. Mais on y a certainement parlé de choses bien plus actuelles…

Ursula von der Leyen n’aurait pu être élue à la tête de la Commission européenne sans l’apport des 4 pays de Visegrad : la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie. Mais n’ont-ils rien demandé, en échange, juste comme cela en passant, à celle qui était alors ministre allemande de la Défense ?

Difficile à savoir ; mais sans doute les cérémonies de Sopron, au nord ouest de la Hongrie, ont-elles eu un objet autre que la seule célébration du début de la fin de la Guerre froide. De quoi ont discuté Angela Merkel et le leader de la déconfiture populiste européenne ? Difficile à savoir. En tout cas, l’inauguration de chrysanthèmes, la messe et le discours ont été suivis d’une discussion à deux… accompagnés de 6 personnalités politiques importantes des deux pays.

Il va devenir intéressant, dans les prochains mois, d’observer ce qui, dans les réalisations d’Ursula von der Leyen, ira dans le sens de la Weltanschauung qu’entretiennent les 2 « grands » de Visegrad, à savoir Kaczynski le Polonais et Orban le Hongrois. Le premier a essayé d’introduire dans son pays une réforme ultra-autoritaire de la Justice. Le second a failli être expulsé comme un malfrat des institutions européennes à cause de sa gestion anti-humaniste de la question des migrants, de son antisémitisme, et last but not least, de sa campagne anti-Juncker lors des dernières Européennes de mai et des grandes affiches du Fidesz, où l’on pouvait admirer une version Hannibal Lector de l’ex-Président luxembourgeois de la Commission. Voilà donc l’interlocuteur de Muttie Angela à Sopron.

Les Allemands ont-ils fait des promesse et des concessions à Orban ? En tout cas, on sait (comme on l’a mentionné en son temps ici) que le secrétaire général de la CDU, Paul Ziemiak, a discrètement rencontré les dirigeants polonais à Varsovie 2 jours avant les élections – et sans aucun doute aussi les Hongrois du Fidesz qui appartient au même groupe européen de droite PPE que la CDU. Certains souhaits visegradois étaient brutalement explicites : par exemple, l’expulsion de Frans Timmermans le socialiste, si critique à l’égard des populistes centreuropéens, de son poste de commissaire pour l’État de droit. Et une provision « raisonnable » de postes pour les Frères Rapetou de Visegrad.

Mais au fond, quel rapport entre Angela Merkel, sa visite d’hier à Sopron et la candidature d’Ursula von der Leyen ? C’est qu’elles appartiennent toutes deux à la CDU, et qu’ avant même la déclaration de candidature de l’ex-ministre de la Défense, des palabres sous un baobab bruxellois ont porté sur le soutien du ministre de la Justice Laszlo Trocsanyi pour un poste de commissaire européen. Trocsanyi est un personnage hautement, proverbialement réactionnaire, une sorte de Pat Hibulaire de la puszta. Eh bien, le Fidesz a demandé à la CDU de soutenir Trocsanyi, et donc, que von der Leyen n’y opposât pas son veto. Question non réglée pour autant, puisque les candidats ne sont acceptés qu’à la suite d’entretiens avec la Commission en place – et que ceci en revanche n’est nullement assuré…

Viktor Orban, enfin, voici quelque temps, a lancé à la cantonade une « revendication » dont il est bien sûr qu’elle ne sera acceptée par personne. Et surtout pas par l’Allemagne. Encore un produit de la tactique dont le Fidesz est friand : pousser l’autre dans ses retranchements et répandre ainsi le bruit qu’on est, oui, tout prêt à de grands gestes généreux. En l’occurrence, il s’agit d’accorder aux institutions européennes 1,3% du budget national, au lieu des 1,1 % que proposait l’ancienne Commission. Et au lieu du 1% proposé après le Brexit.

Et voilà pourquoi nous devrons rester attentifs à ce qui se fera dans l’année qui vient. L’Allemagne ira-t-elle au devant des desiderata des Frères Rapetou populistes ? Cela dépendra aussi des événements politiques allemands, en cette période d’élections.

 

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