Hongrie, Pologne : We love you, Uschi !

Une mystérieuse inclination

Laszlo Trocsanyi, ministre de la Justice et candidat à la CE , englouti de manière significative dans le paysage lors d'un colloque sur la question migratoire Foto: Elekes Andor/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 4.0Int

(Marc Chaudeur) – Lune de miel des nationaux-populistes du PiS et du Fidesz avec la nouvelle Présidente de la Commission européenne. Pourquoi ? En tout cas, les deux dirigeants se félicitent d’avoir fait élire Frau Ursula von der Leyen à la tête de la Commission grâce aux voix de leurs partis.

L’avant-veille de l’élection d’Ursula von der Leyen, Paul Ziemiak, un membre éminent de la CDU, a rencontré le dirigeant du parti PiS au pouvoir. Jarosław Kaczyński. Dans ce parti très pyramidal, aucune décision n’est prise sans l’initiative ou l’aval de ce éléphant de la politique. De quoi les deux hommes ont-ils parlé devant leur verre de Żubrówka ? On ne sait pas.

En tout cas, mardi soir, après l’élection de Frau von der Leyen, le Premier ministre polonais PiS, Mateusz Morawiecki, a adressé depuis Varsovie ses remerciements aux députés du PiS (qui fait partie du PPE) pour avoir fait élire l’ex-ministre de la Défense allemande. Et il est vrai que sans les 26 voix polonaises, U v d L n’eût pas été élue – et pas davantage sans les 13 voix du parti de Viktor Orbán, le Fidesz hongrois.

Mais pourquoi cet entichement ? Certes, ces partis ont tout fait pour débarrasser le plancher du candidat socialiste, Frans Timmermans. Mais ensuite ? Pourquoi elle ? Viktor Orbán est même allé jusqu’à beugler que c’est lui qui avait susurré dans les oreilles concernées cette candidature…

Pourtant, le discours de U v d L n’a pas été dans leur sens : la désormais Présidente a appuyé très explicitement la nécessité de défendre avec vigueur l’État de droit et ses principes. Elle a annoncé de nouveaux moyens juridiques pour imposer et garantir l’État de droit dans tous les Etats membres, et la claire intention de lier l’ accord de subventions avec la satisfaction par ces Etats de ses critères. Voilà qui en apparence, ne tranche pas vraiment avec les propos de Frans Timmermans ; et pas davantage la proposition émise par la Présidente d’imposer la parité hommes-femmes dans la Commission : Orbán a d’ailleurs rejeté cette idée d’un ton très sec . Alors ?

Pour ce qui est de ce second point, le Fidesz au pouvoir a déjà son candidat : l’ancien ministre de la Justice Trócsányi László, un ennemi actif de l’Etat de droit dans son pays. Sans doute y aura-t-il troc : Madame von der Leyen, vous ne pouvez pas refuser notre candidat sous prétexte qu’il n’est pas une femme, n’est-ce pas ! Et U v d L ne voudra sans doute pas risquer de gâcher dès les premières semaines ses rapports avec la Hongrie. Mais si elle acceptait, elle perdrait un peu de l’autorité nécessaire à l’exercice de sa fonction…

Reste le point qui intéresse par dessus tous les autres ces partis populistes : l’attitude de la Présidente quant à la question migratoire et à la sécurité intérieure de l’Union Européenne. Sur ce point, certes, il existe une différence importante entre les options de principe des sociaux-démocrates et celles de la droite. Mais U v d L n’a rien exprimé de précis ni d’original sur cette question épineuse entre toutes, et électoralement déterminante actuellement dans toutes les élections nationales.

Il reste donc bien quelque chose de mystérieux dans cet enthousiasme aux causes implicites. Time will tell… Nous finirons bien par voir de quoi il retourne.

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