Hongrie : une alliance Socialistes – Verts

Une coalition de gauche pour les élections européennes

Une manifestation de Parbeszed Magyarorszagert, le parti écologiste hongrois, avec la belle dirigeante Timea Szabo Foto: Szilas / Wikimédia Commons / CC-BY-SA PD

(MC) – Nous recevons des nouvelles de Hongrie qui nous réchauffent un peu. Les socialistes et les écologistes veulent continuer à défendre l’Europe – à construire une Europe sociale, en tout cas – et l’appartenance hongroise à l’Union Européenne. Ils font alliance et présenteront une liste commune pour les élections européennes de mai 2019.

La gauche hongroise veut défendre l’Europe : lors d’une conférence de presse, Bertalan Tóth, le président du Parti Socialiste Hongrois (MSZP), a proclamé qu’il s’agissait de « se battre pour réduire le pouvoir de nuisance de ceux qui veulent réaliser le démantèlement de l‘Union Européenne »… C’est-à-dire Viktor Orbán et son parti, le Fidesz. Intéressant : Tóth n’a pas hésité à accuser publiquement le populiste Orbán de « détourner l’argent des contribuables européens pour en faire profiter son cercle d’amis et les membres de sa famille ».

L’opinion publique hongroise semble paradoxale – mais elle l’est pour nous, surtout… La Hongrie connaît de sérieuses difficultés économiques, et tend trop souvent à imputer à l’UE ses problèmes. Mais en même temps, les Hongrois sont dans leur majorité attachés à l’Europe, sinon à l’UE telle qu’elle est organisée actuellement. Le PSH joue sur ces plans, assez adroitement ; mieux que la plupart des partis sociaux-démocrates de notre cher sous-continent.

L’un des deux chefs du parti écologiste Párbeszéd (Parti du Dialogue pour la Hongrie), Karácsony Gergely, partage évidemment ce point de vue et va plus loin. Karácsony a été tête de liste des dernières législatives pour les deux partis, déjà alliés, en avril dernier. Dans un discours prononcé voici quelques jours, il s’est attaqué à l’exportation des « idées extrémistes populistes » et proposé la construction d’une Europe sociale de manière à « ce qu’il n’existe plus de différences entre un citoyen hongrois et celui de tout autre pays membre en matière d’égalité des chances. »

Le PSH (MSZP) a cependant une histoire lourde et mouvementée. Successeur du parti unique de la période socialiste, il opte résolument après 1989 pour une social-démocratie très ouverte sur la libre entreprise, ce qui lui permet de remporter des succès électoraux impressionnants à partir de 1994, à l’époque de Gyula Horn.Et puis, dans les années 1990, il franchit un pas de plus, vers la troisième voie blairo-schrödérienne qui lui a permis d’introduire des réformes droitières que la droite n’eût pas osé faire passer. En 2002, il forme une coalition avec l’Alliance des démocrates libres, libérale.

En mai 2006, l’alliance socialo-libérale est menée par un ancien communiste reconverti au business, Ferenc Gyurcsány. Mais ce dernier devient très impopulaire après avoir avoué qu’il avait menti sur l’état économique du pays pour se faire élire, dans un climat très agité et très tendu. Puis le Fidesz, le fameux parti de Viktor Orbán, accède au pouvoir en avril 2010.

Le PSH est aussi, comme d’autres PS que nous connaissons bien, victime d’une fractionnement presque consubstantiel : il se compose en réalité de 5 courants, qu’on appelle pudiquement là-bas « plate-formes », qui couvrent tout l’éventail du très-à-gauche jusqu’au social-libéralisme le plus opportuniste, ne s’entendent pas tellement bien, quoi, et sont le théâtre d’incessantes rivalités idéologiques et, euh, personnelles.

La coalition PS-Verts, a annoncé Tóth dimanche dernier, aura pour logo un cœur ; un cœur pour la Hongrie au cœur de l’Europe et l’Europe au cœur des Magyars. Pourtant, ce n’est pas le Sacré Cœur ni la Bisounours-Stimmung qui règnent au sein du MSZP. On a appris ces derniers jours, notamment, que le 14e arrondissement de Budapest serait réservé à Karácsony le Vert pour les municipales de septembre 2019. Un ponte socialiste, l’ancien président du PSH Attila Mesterházy, a heurté sa tête au plafond de son bureau en apprenant cette décision. Il estime que le parti vert n’a nullement l’importance qu’il faudrait pour qu’il puisse se permettre d’imposer une telle décision.

Le PSH a donc, comme beaucoup d’autres partis « frères », été victime de son virage libéral, qui l’a poussé à mener des réformes très impopulaires, et aussi de rivalités internes interminables et irréductibles. Il a dû céder le terrain à un parti populiste qui manie sans aucun scrupule la pire démagogie. L’alliance PSH-Verts ne représente actuellement, ensemble, que 21 députés sur 199. Mais on n’exclut pas qu’elle fasse un bon résultat en mai 2019 . Et elle représente la seule vraie opposition à Orbán et sa « démocratie illibérale »…

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