Hongrie : Viktor Orban déclare la guerre aux réfugiés

On connaissait la position hostile du premier ministre hongrois vis-à-vis des réfugiés – mais maintenant, il a donné ordre à l’armée de tirer sur des réfugiés, « si nécessaire ».

Désormais, les forces de l'ordre hongrois seront autorisés à tirer sur les réfugiés. Foto: Mstyslav Chernov / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – La Hongrie fait partie des états dits de « Visegrad » (Hongrie, République Tchèque, Slovaquie et Pologne) qui, depuis le début de l’afflux de réfugiés, se défendent par tous les moyens contre l’accueil de ces réfugiés. Construction de barbelés, mauvais traitements infligés aux réfugiés, refus de mettre en œuvre la décision européenne du mois de septembre 2015 concernant la distribution de 160.000 réfugiés syriens sur l’ensemble des états-membres de l’Union Européenne – la Hongrie fait donc partie de ces pays qui se fichent du sort des réfugiés qui arrivent en Europe pour sauver leur vie. Maintenant, Orban a donné l’ordre à l’armée de tirer sur les réfugiés, « si nécessaire ».

A l’instar du président Erdogan en Turquie, Viktor Orban contrôle le parlement hongrois. Pour faire passer cet ordre sous forme de loi, Orban avait besoin de deux tiers des votes au parlement et il les a eus. 151 députés ont voté pour, seulement 12 contre et 27 députés ne savaient pas comment voter et se sont abstenus. Cette nouvelle loi autorise autant l’armée que la police de tirer sur des réfugiés, toutefois en leur demandant d’éviter les tirs mortels. Des dégâts collatéraux sont à prévoir. La loi prévoit également la possibilité de stationner des militaires le long de la frontière – comme si la Hongrie se trouvait en état de guerre.

Mais cette nouvelle loi ne vise pas uniquement les réfugiés, mais également la population hongroise. Ainsi, les forces de l’ordre sont autorisés à procéder à des perquisitions de domiciles où les autorités pensent que les habitants cachent des réfugiés – ce qui permet finalement la perquisition de tout domicile sous prétexte qu’on y soupçonne des réfugiés. La vie de l’opposition risque d’être rude en Hongrie.

Dès que cette nouvelle loi sera entrée en vigueur, les réfugiés peut être arrêtés et se retrouver en garde-à-vue – la migration devient ainsi un délit punissable et la Hongrie quitte définitivement la voie de la démocratie européenne. Cette évolution est finalement peu étonnante, orchestrée par un premier ministre qui se dit fièrement « anti-démocrate ».

Pour procéder rapidement, Viktor Orban a déclaré les régions frontalières avec la Croatie, la Serbie, la Slovénie et l’Autriche « zones à état de crise due à une immigration massive », une sorte d’état d’urgence qui permet toute sorte d’excès vis-à-vis des réfugiés. Justifiant ces nouvelles mesures par un « l’Europe est submergée par les migrants », Viktor Orban emploie le même discours xénophobe que ses homologues extrémistes dans d’autres pays. Pourtant, cette position est fausse – des enquêtes actuelles montrent que l’Allemagne, ayant accueilli environ 1,2 millions de réfugiés, arrive à parfaitement gérer l’accueil. L’Europe n’est ni submergée par les réfugiés, ni menacée dans son intégrité en étant solidaire avec ces victimes des guerres.

Viktor Orban sème la peur – « Notre mode de vie est en danger », a-t-il martelé, mais on est en droit de se poser la question de quel mode de vie il parle. Un mode de vie dans un système totalitaire, xénophobe et raciste ? Si le mode de vie à la hongroise était en danger, ce ne serait peut-être pas si mal que ça…

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